Grâce à Netflix, il y a eu plus de réalisatrices aux commandes en 2019

Grâce à Netflix, il y a eu plus de réalisatrices aux commandes en 2019

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(Photo by Presley Ann/Patrick McMullan via Getty Images)

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Par Lucille Bion

Publié le

Netflix a engagé 20 % de réalisatrices sur les 53 contenus originaux qu'elle a produits en 2019.

Martin Scorsese, Quentin Tarantino, Bong Joon-ho, Sam Mendes, Todd Phillips, Noah Baumbach, Anthony McCarten… Si aucune réalisatrice n’a été nommée aux Golden Globes cette année, elles ont pourtant été nombreuses selon une étude d’Annenberg Inclusive Initiative, à l’université de la Californie du Sud, portée sur la diversité à Hollywood.

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L’équipe de chercheur·se·s, composée de Dr. Stacy L. Smith, Marc Choueiti, Kevin Yao, Hannah Clark et Dr. Katherine Pieper, a ainsi révélé que les femmes n’avaient jamais été aussi présentes depuis 2008. On comptait 8 % de réalisatrices pour les 1 300 meilleurs films avant que ce pourcentage ne chute pour remonter en dents de scie jusqu’en 2015 (7,5 %). Si, en 2019, nous pouvions nous réjouir de compter 10,6 % de réalisatrices, ce pourcentage est encore très faible et loin d’être paritaire.

Ce constat s’expliquerait en partie par l’initiative de Netflix, qui aurait fait appel à de nombreuses femmes pour ses contenus américains originaux. Sur 53 des films américains originaux produits l’an passé par la plateforme américaine, 20 % étaient réalisés par des femmes, précise l’étude, qui ne prend pas en compte les documentaires et les films originaux étrangers au territoire américain.

Un gros problème de diversité

Si l’on se penche du côté des gros studios, la Warner et Universal ont fait le plus appel à des réalisatrices sur la dernière décennie, à savoir respectivement 240 et 220, alors que Sony ou Paramount n’en ont embauché, toujours respectivement… que onze et trois. Aïe.

Si Netflix a clamé qu’elle était impliquée dans le respect de la parité et était soucieuse de refléter la diversité de notre monde contemporain, les recherches démontrent que les réalisatrices racisées sont encore sous-représentées. En effet, huit de ces cinéastes recrutées par la plateforme sont blanches, et seulement trois sont issues des minorités.

Outre Netflix, le problème des représentations des minorités reste un immense fléau à Hollywood. Si l’on revient en arrière et que l’on s’intéresse à cette dernière décennie, nous pouvons constater que les réalisatrices nommées aux Oscars, aux Golden Globes, aux DGA Awards et aux Critics’ Choice Movie Awards (qui distinguent les meilleures réalisations) sont essentiellement blanches : Angelina Jolie, Greta Gerwig ou Kathryn Bigelow (qui à ce jour est malheureusement la seule à détenir sa statuette dorée pour Démineurs en 2010). La seule cinéaste de couleur qui s’est distinguée ? Ava DuVernay, rapportent les chercheurs.

En effet, cette dernière détient à elle seule deux records : en 2012, elle est la première femme afro-américaine à recevoir le prix du Meilleur réalisateur au festival du film de Sundance pour Middle of Nowhere et, en 2015, elle est la première réalisatrice afro-américaine nommée aux Golden Globes dans la catégorie Meilleur réalisateur pour le drame Selma.

Si vous n’êtes toujours pas convaincu, voici un constat glacial : “Au total, seulement treize réalisatrices sous-représentées ont travaillé sur les 100 meilleurs films de ces treize dernières années”, peut-on lire dans la conclusion de l’étude.

© Les réalisatrices les plus importantes

Dans le documentaire Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood ? qui sortira le 19 février prochain, les différentes intervenantes font un constat encore plus amer, montrant que, depuis toujours, les hommes blancs et hétérosexuels façonnent notre vision du monde puisqu’ils contrôlent les récits.

En offrant plus de projets cinématographiques aux réalisatrices, le but est de donner une voix aux femmes pour qu’elles puissent raconter leurs histoires de leur point de vue qui peut être différent, notamment dans la manière de filmer les personnages.

Toujours selon l’étude d’Annenberg Inclusive Initiative, les critiques révèlent qu’il n’y a aucune différence dans les notes attribuées aux films, qu’ils soient réalisés par une femme ou un homme.