Give That Child An Oscar : pourquoi l’Oscar de la jeunesse devrait être réhabilité

Give That Child An Oscar : pourquoi l’Oscar de la jeunesse devrait être réhabilité

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Par Konbini

Publié le , modifié le

À l’occasion des 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, France Inter et Konbini s’associent à l’UNICEF et consacrent une journée spéciale : « Les enfants d’abord ! ».

On l’ignore mais il a bel et bien existé un Oscar destiné à la jeunesse par le passé. De 1935 à 1961, l’Académie a décerné un Oscar d’honneur, de façon aléatoire comme tous les Oscars d’honneur, à des acteurs de moins de 18 ans pour leur performance notable et leur contribution au divertissement cinématographique.

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La jurisprudence Shirley Temple

En 27 ans, douze petits génies du cinéma se sont vus remettre ce “Juvenile Oscar”, une version miniature de la statuette, comme Judy Garland dans Le Magicien d’Oz ou encore Mickey Rooney et Deanna Durbin pour “leur contribution significative à porter à l’écran l’esprit et la représentation de la jeunesse”.

L’idée d’un Oscar de la jeunesse a commencé à germer dans l’esprit des membres de l’Académie en 1931, lorsque Jackie Cooper, alors âgé de neuf ans, a été nommé dans la catégorie Meilleur acteur pour l’adaptation de Skippy, aux côtés de Lionel Barrymore, Richard Dix, Fredric March et Adolphe Menjou. Une situation incommodante pour les quatre acteurs qui ne souhaitaient pas voler la vedette à un enfant mais encore moins être battus par ce même enfant en public. 

Tout a fini par rentrer dans l’ordre lorsque Cooper, trouvant le temps trop long, s’est endormi dans les bras de sa partenaire de jeu, Marie Dressler, et n’a donc pas assisté à l’annonce de la victoire de Lionel Barrymore.

C’est trois ans plus tard, en 1935, que l’évidence d’un Oscar de la jeunesse s’est imposée à l’Académie, lorsque Shirley Temple, âgée de six ans, et à l’affiche de dix films cette année-là, devient alors une sérieuse concurrente. Pour la première fois, l’Académie a donc remis un Oscar d’honneur à un enfant pour saluer sa jeune mais déjà brillante carrière.

90 cérémonies, trois lauréats de moins de 18 ans

Vingt-sept ans plus tard, Patty Duke, 16 ans, remporte l’Oscar de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Miracle en Alabama, sans heurter aucun des ego de l’assemblée. Il n’en fallait pas plus à l’Académie pour qu’elle décide de mettre un terme à cet Oscar d’honneur, considérant alors les jeunes acteurs comme les égaux de leurs partenaires de jeu dans la compétition. Au total, seulement douze enfants recevront la petite statuette d’honneur en plus de 25 ans. 

Mais la suspension de l’Oscar de la jeunesse n’a en aucun cas permis aux enfants d’être plus souvent nommés, et encore moins récompensés. Depuis la création de la cérémonie en 1929, 19 nommés étaient mineurs et seulement trois d’entre eux – en l’occurrence d’entre elles – ont remporté la statuette taille réglementaire : Tatum O’Neal, 10 ans, pour La Barbe à papa en 1974, Anna Paquin, 11 ans, pour La leçon de Piano et Patty Duke, 16 ans, pour Miracle en Alabama en 1962, toutes trois pour le Meilleur second rôle. 

Sans Oscar dédié à la jeunesse, beaucoup de performances de jeunes acteurs ont été occultées. On pense notamment à celle de l’incroyable Jacob Tremblay dans Room, du tout jeune Sunny Pawar dans Lion ou de l’inégalable Abigail Breslin dans Little Miss Sunshine. Des performances d’autant plus bluffantes étant donné le très jeune âge de leurs interprètes, Sunny Pawar était par exemple âgé de seulement six ans au moment de son triomphe dans Lion.

Décerner une statuette à ces jeunes talents insufflerait pourtant un peu de fraîcheur et de légèreté à ces cérémonies, parfois soporifiques, souvent ternies de scandales et de hashtag accusateurs (#OscarsSoWhite et autres #MeToo). 

Julia, Roman, Noah ou Sunny ont crevé l’écran en 2019

Les Oscars 2020 s’annoncent historiques et la compétition pour ce nouveau cru sera rude, avec un nombre impressionnant de films candidats et non des moindres.

Côté Meilleur acteur, il est confirmé que Leonardo DiCaprio entrait dans la course pour Once Upon a Time… in Hollywood. Sont également pressentis Christian Bale et Matt Damon pour Le Mans 66, Joaquin Phoenix pour Joker, Adam Driver pour Marriage Story, Robert Pattinson pour The Lighthouse, Robert De Niro pour The Irishman ou encore Taron Egerton pour Rocketman.

Côté Meilleure actrice, on présage Margot Robbie pour son interprétation de Sharon Tate dans le film de Tarantino, Saoirse  Ronan pour l’adaptation des Quatre filles du Docteur March de Greta Gerwig, Scarlett Johansson pour Jojo Rabbit ou Marriage Story, Renée Zellweger pour le biopic sur Judy Garland, Lupita Nyong’O pour Us et même Jennifer Lopez pour Queens.

Cette concentration de talents quasi inédite devrait a priori laisser assez peu de chances aux enfants qui sont pourtant nombreux à avoir réenchanté le cinéma cette année.

Il y a par exemple de fortes chances pour que la Fox embarque Roman Griffin Davis, 12 ans, dans la course, pour son interprétation d’un jeune membre des Jeunesses hitlériennes dans Jojo Rabbit, la farce du Néo-Zélandais Taika Waititi. À ses côtés, le jeune Archie Yates crève également l’écran à chacune de ses apparitions et mériterait une nomination dans la catégorie Meilleur second rôle.

Dans la même catégorie, on pense également à Azhy Robertson, déchiré entre Scarlett Johansson et Adam Driver en plein divorce douloureux dans Marriage Story de Noah Baumbach.

Noah Jupe, 14 ans, a également séduit grâce à son interprétation d’un jeune Shia LaBeouf, enfant star à la merci d’un père alcoolique dans Honey Boy, le biopic de LaBeouf sur LaBeouf.

Côté filles, la talentueuse Julia Butters, 10 ans, est impressionnante en jeune actrice face à un DiCaprio désemparé dans Once Upon a Time… in Hollywood. Il n’a pas dû être évident de parvenir à se faire une place au sein de l’impressionnant casting réuni par Tarantino. Pourtant, Julia a largement tiré son épingle du jeu.

Enfin, on aimerait beaucoup voir entrer dans la course à l’Oscar du Meilleur acteur Sunny Suljic, pour son interprétation magistrale de Stevie, passionné de skate, dans l’émouvant 90’s, le très réussi premier film de Jonah Hill.

Si on imagine malheureusement mal ces talentueux enfants voler la vedette à un DiCaprio ou à une Scarlett Johansson, 2020 est définitivement l’année pour réhabiliter l’Oscar de la jeunesse afin de saluer ces enfants du cinéma et replacer leur immense talent à leur juste valeur.