American History X, Indigènes… ces films qui nous ont marqués à l’école

American History X, Indigènes… ces films qui nous ont marqués à l’école

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Par Constance Bloch

Publié le

Irish Coffee : Bloody Sunday

Il ne s’agit pas ici de la chanson de U2, mais d’un beau film qui m’a marquée par son histoire, sa charge émotionnelle et sa violence. Bloody Sunday, de Paul Greengrass, réalisé en 2002 (Ours d’Or au Festival de Berlin), raconte un évènement tragique survenu en Irlande du Nord le dimanche 30 janvier 1972 : dans un contexte de tensions entre catholiques et protestants, Ivan Cooper organise une marche pacifique pour l’égalité des droits entre les deux communautés, dans le Bogside à Derry. Mais la manifestation dégénère et des manifestants sont abattus par des parachutistes de l’armée britannique. Cette fusillade a fait 13 morts (dont sept adolescents) et 14 blessés par balles.

Avec une manière de filmer poussant le réalisme à son maximum (beaucoup de caméra à l’épaule), le réalisateur nous immerge totalement dans l’évènement : c’est comme si l’on y était. Diffusé à l’occasion de l’un de mes cours d’anglais à la fin du collège (en troisième il me semble), ce film m’a énormément marquée pour deux raisons. Déjà, je ne connaissais que très mal la teneur et le contexte de cet épisode de l’histoire irlandaise, et ce que j’ai appris à travers le long métrage m’a secouée. Deuxièmement, la qualité du film est également quelque chose qui m’a touchée : par la réalisation et l’image, bien que fréquemment secouée, Bloody Sunday est un chef d’œuvre de l’hyper-réalisme servi par d’excellents acteurs.
Constance Bloch

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Couloir de la peine : La Ligne verte

Adapté de l’ouvrage éponyme de Stephen King, La Ligne verte retrace le quotidien d’un condamné à mort nommé John Coffey. D’apparence rustre et costaud, le géant noir-américain a tout du coupable idéal. Tombé pour le viol et le double meurtre de fillettes, John Coffey sèmera pourtant très vite le doute dans l’esprit du spectateur. Par-delà son physique titanesque, sa nature douce et ingénue prendra le dessus sur tous les soupçons qui pèsent sur lui.
À mi-chemin entre sévère prise de conscience et délicate magie, le film sait dénoncer des problématiques majeures tout en restant chargé en émotion. Alors même que les États-Unis se débattent toujours avec les thématiques clivantes de la discrimination raciale et de la peine de mort, La Ligne verte est plus que jamais d’actualité.

Ainsi, c’est la larme à l’œil que toute une classe de première a quitté la salle après la diffusion de ce film. Du plus robuste au plus frêle, tous les élèves de cette classe d’anglais ont réalisé l’importance de la remise en question de la peine capitale ainsi que du poids du racisme.
Intergénérationnel, le film sorti en 1999 reste, plus de 15 ans après, une référence cinématographique. Après 4 nominations aux Oscars de l’année 2000 ainsi que de multiples récompenses soutenues par une critique élogieuse, La Ligne verte a acquis son statut de film culte et a permis à nombre d’écoliers comme de spectateurs de tout âge de faire face à des questions polémiques qui n’ont de cesse de défrayer la chronique depuis des décennies.
Aline Cantos

La Rafle

À l’initiative de notre professeur d’histoire de Terminale, je suis allé voir La Rafle avec ma classe lors de sa sortie au cinéma en 2010. Nous étions d’ailleurs loin d’être les seuls, puisque nombre d’élèves de classes de collèges et de lycées à travers la France avaient rejoint les salles obscures pour l’occasion – selon un plan marketing établit par les producteurs du film qui avaient bien compris l’intérêt financier qu’ils avaient à tirer du “devoir de mémoire”.

Comme son nom le laisse deviner, le long métrage traite de la Rafle du Vél’ D’Hiv. Il s’agit de l’arrestation de juifs la plus importante que la France ait connue, puisque plus de 13 000 individus avaient alors été interpellés, avant d’être emprisonnés pour la plupart dans le Vélodrome d’Hiver.
Un sujet tout aussi vaste que grave, qui méritait d’être adapté au cinéma. Cependant, malgré ses intentions louables, la présence de Jean Reno et de Gad Elmaleh, ainsi que quelques scènes impressionnantes – notamment sous le Vélodrome (reconstitué) – ce film plein de bons sentiments n’en est pas moins terne dans son ensemble, voire même ennuyeux… ou devrais-je dire trop scolaire ?
Maxime Retailleau

Bienvenue à Gattaca, et en cours de philo

C’est au lycée dans le cadre d’un cours qui mêlait philosophie et sciences que j’ai pu découvrir le film Bienvenue à Gattaca réalisé par Andrew Niccol. Ce film d’anticipation dépeint un monde futuriste où les enfants sont conçus de façon à être les plus parfaits possible. Gattaca est un centre d’études réservé aux habitants qui ont des gênes irréprochables. Jérôme (Ethan Hawke) et Vincent (Jude Law) vont devoir déjouer les règles pour réussir à obtenir ce qu’ils veulent.

Je me souviens avoir été très intéressée par l’intrigue qui aborde le thème de l’eugénisme, une notion plutôt complexe à comprendre à mon âge. Ce qui m’a principalement marquée c’est que le rythme du film est très lent, l’atmosphère est assez confinée et les images ont une teinte particulière. De plus, bien que le film ait été réalisé en 1997, il traite d’un sujet qui est encore d’actualité puisque les recherches sur la génétique ne cessent de s’améliorer. Bienvenue à Gattaca évoque également une peur de voir notre société basculer dans une volonté d’être parfait à tout prix qui marque forcément les esprits.
Fanny Hubert

Mémoires d’Indigènes

Je ne vous mentirai pas : avant que le Lycée Marlioz d’Aix-les-Bains m’emmène de force (du moins c’est comme ça que je l’ai ressenti) visionner Indigènes de Rachid Bouchareb au cinéma, je n’en avais strictement rien à péter. Essayez donc d’emmener 60 gamins en classe de seconde (hormooooones…) voir du cinéma qui parle de sujets d’hier et d’aujourd’hui, qui prend des risques : le racisme, la mémoire des “oubliés” de guerre, le courage, la solidarité, mais aussi le vivre-ensemble contemporain… Ça nous a fait drôle. C’est sûr, ça changeait des films pop-corn qu’on allait voir le mercredi aprem’ ou le samedi soir (“mais-tu-rentres-pas-trop-tard-alors”).

Mais il faut admettre que cela a fonctionné sur quelques-uns d’entre nous et je pense d’ailleurs en faire partie. Petit-fils d’immigré, tout ça a forcément réveillé quelque chose en moi. Même si je reste persuadé qu’on a quand même beaucoup bourré le mou des gamins de mon âge avec le devoir mémoriel de la Seconde Guerre Mondiale, ce récit de quatre pauvres types envoyés au front avec rien d’autre que leurs tripes et une idée fantasmée de la République, c’était le complément adéquat à ces cours d’Histoire où on ne s’intéresse qu’aux faits, et pas à l’humain. Sans compter l’élargissement sur un pan du septième art qui ne fait pas des records d’audimat.
Théo Chapuis

Point Godwin aux USA : American History X

J’étais au collège, ça c’est sûr. C’était pendant un cours d’anglais, affirmatif. En quatrième ou en troisième… désolé ma mémoire me fait défaut. Ah si, en quatrième je me souviens de cette sublime prof’ de langue vivante 1 : c’était donc bien en troisième, avec cette enseignante qui m’a traumatisé de l’anglais. Petite, cheveux courts, lunettes un peu rondes : elle était la version féminine d’Elton John, avec une (grosse) dose de racisme en elle. Oui, nous étions deux Français d’origine africaine dans la classe, et nous en prenions pour notre grade. Bref.
Et quoi de mieux que de nous diffuser American History X qui, justement, revient sur l’origine du racisme et de l’extrémisme aux États-Unis, sur fond d’extrême droite et de suprématie de la race blanche.

La raison de sa diffusion ? C’est un film qu’elle “adore”, tout simplement. Avec un génie d’acteur : Edward Norton, qui m’a autant marqué que Derek, le personnage qu’il jouait, illuminait les yeux de madame… je ne me souviens plus de son nom… on va l’appeler “Madame History X”, comme on la nommait à cette période.
Le film, je ne l’ai pas revu depuis. Les principaux souvenirs que j’en garde comprennent bien évidemment la scène où un mec se fait éclater la mâchoire, et par conséquent le visage, contre un trottoir par le soulier d’un Derek quasi-nu et tout tatoué. Et avec cette musique, cette tension… Marquant. Une bonne claque, c’est principalement ce qu’American History X m’a apporté.
Rachid Majdoub

Socio à la française : La vie est un long fleuve tranquille

La 1ère ES, c’était un choix par défaut. Pas une filière avec trop de littérature façon L, de maths et d’intitulés chimiques à mon goût côté S. Bref, un “juste” milieu. En bonus, une nouvelle matière, un cours de “Sciences économiques et sociales” coefficient 5. Pour le pan “socio”, pas encore de Bourdieu à l’horizon, mais des acronymes comme “CSP +” accompagnés d’un film sorti d’une vieille boîte de cassette VHS, La vie est un long fleuve tranquille.
À une classe qui ne connaissait pas grand chose aux luttes de classe – excepté un mauvais exposé de 3ème sur la Révolution russe, on nous a donc montré ce film d’Étienne Chatiliez qui datait de 1988, soit l’année de notre naissance. En personnage principal, le jeune Benoît Magimel incarnait Maurice, fils de la bonne famille bien bourgeoise Le Quesnoy, échangé au berceau avec Bernadette, la fille Groseille, cliché de la famille aux revenus modestes portée par les aides sociales. “C’est lundi, c’est raviolis !”.

Le message du film, français par excellence, binaire (gauche – droite, riche – pauvre), accoudé à un emballage comique, pouvait tenir sur un bout de papier : l’environnement fait l’enfant. Si la question de l’inné et de l’acquis était pointée du doigt dès les premières images du film, façon cours de socio pour les nuls, la séance s’est plutôt transformée en un visionnage d’une comédie aux personnages idiots mais tendres, dont la constitution sociale n’était finalement qu’un apparat.
Louis Lepron