Où l’on apprend que les critiques masculins ont tendance à moins écrire sur les réalisatrices de films que les critiques féminines.
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Une étude américaine, publiée mardi dernier, révèle que les femmes critiques de cinéma s’intéressent et écrivent davantage sur des films réalisés par des femmes, ou dont le personnage principal est une femme, que les hommes. Elles sont aussi plus susceptibles que leurs homologues masculins de mentionner des noms de femmes cinéastes.
L’étude, baptisée Thumbs Down, est menée depuis 2007 par la Dr Martha Lauzen, au Centre d’étude de la représentation des femmes à la télévision et au cinéma (Center for the Study of Women in Television and Film), à l’Université de San Diego. En onze ans, son équipe de chercheurs a examiné plus de 16 000 avis rédigés par plus de 900 rédacteurs.
Des réalisatrices snobées par les hommes
Les données récoltées en 2018 sont issues de l’analyse de 4 111 avis, rédigés par 241 critiques, tous médias confondus — télévision, presse écrite et web —, et publiés au printemps de cette année. En se penchant sur le langage utilisé, Thumbs Down 2018 dresse un constat aussi déprimant que peu surprenant : les réalisatrices et actrices sont en général moins bien notées par les hommes que par les femmes qui rédigent les critiques de films.
Selon l’étude, les rédactrices sont aussi plus enclines que leurs collègues masculins à préciser qu’une femme a dirigé le film et à mentionner son nom, ainsi qu’à écrire positivement sur leurs compétences et travail. Au contraire, quand le film est réalisé par un homme, les rédacteurs sont plus enclins à faire uniquement des commentaires positifs sur le travail du réalisateur.
L’étude démontre ainsi que 32 % des critiques écrites par des hommes sur un réalisateur ne contenaient que des louanges, contre 23 % des critiques écrites par des femmes. Les critiques hommes sont donc bien moins objectifs que les femmes quand il s’agit de traiter de films tournés par des réalisatrices.
Un impact important sur l’avis du public
Plus grave, les résultats obtenus tendent à prouver que ces comportements peuvent avoir un impact conséquent sur la façon dont le public peut percevoir les femmes réalisatrices ou actrices. Dans un communiqué, Martha Lauzen explique : “Ces déséquilibres entre les sexes sont importants parce qu’ils affectent la visibilité des films avec des personnages féminins et réalisés par des femmes, ainsi que la nature des critiques.”
Dans une chronique écrite en mai dernier pour le magazine américain Variety, Martha Lauzen notait à ce titre que “le pourcentage de femmes travaillant dans le cinéma n’[avait] pas encore bougé de manière significative”. Et plus encore, que “le ratio des personnes travaillant dans les rôles clés en 2017 était presque exactement le même qu’il y a deux décennies”.