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Il était au cœur de la guerre : on a discuté avec Charles, figurant rescapé de Dunkerque

Il était au cœur de la guerre : on a discuté avec Charles, figurant rescapé de Dunkerque

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Par Rachid Majdoub

Publié le

Charles était figurant dans Dunkerque, le dernier film de Christopher Nolan. Dans l’uniforme d’un soldat anglais, le jeune Français de 26 ans a survécu à plusieurs jours de tournage aussi éprouvants qu’intenses. Entre attente et explosions, il nous raconte sa riche aventure.

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Il était au cœur de la bataille, sur les plages de Dunkerque, entre mai et juin 1940. Son rôle : survivre, parmi quelque 400 000 soldats britanniques, français et belges encerclés par l’armée allemande entre terre, ciel et mer. Une course contre la montre, sous les hurlements stridents des stukas, bombardiers ennemis, au terme de laquelle 338 226 hommes (dont 123 095 Français) furent aussi difficilement que miraculeusement évacués en moins de dix jours au cours de l’opération Dynamo.

Charles Damourette, 26 ans, se souvient, pour nous, de cette rude mais belle épreuve du début de sa Seconde guerre mondiale. Il n’a pas vraiment vécu l’horreur, comme vous pouvez le comprendre, mais il a participé à sa reconstitution devant les caméras de Christopher Nolan. Figurant parmi des centaines d’autres, le jeune Français a joué le rôle d’un soldat britannique dans Dunkerque, en salles depuis le 19 juillet 2017.

Casté après un appel à candidatures lancé par la municipalité de Dunkerque, Charles devait remplir certaines conditions pour pouvoir enfiler l’habit militaire : être un homme, de “type européen”, âgé entre 18 et 50 ans, mesurant moins de 1,83 mètre et arborant une coupe de cheveux de “style années 1940”, sans barbe ni moustache. Été 2016, le tournage commence pour une durée d’un mois, entre la plage de Malo-les-Bains et la dune Dewulf.

Une fois les pellicules 70 millimètres du réalisateur britannico-américain impressionnées, j’avais tenté de contacter Charles pour qu’il nous raconte son aventure, mais il ne pouvait pas encore parler. Aujourd’hui, ce photographe originaire d’Arras (Pas-de-Calais) nous dévoile les coulisses d’une bataille intense, entre production titanesque, longues attentes dans le froid, hélicoptères à la place d’avions de chasse et explosions aussi remuantes que dans le 10e long-métrage d’un Christopher Nolan distant sur le tournage mais qui, par moments, a su donner de la voix.

“Sur place, on était 99 % de Français”

Konbini | Hello, Charles. C’est vrai que la prod’ du film vous a coupé les cheveux sur place ?

Charles Damourette | Ils coupaient les cheveux de certains seulement s’ils jugeaient qu’ils étaient trop longs pour un soldat. Un mec de mon groupe est arrivé avec les cheveux longs, ils lui ont demandé s’il était vraiment sûr de lui, il a répondu par l’affirmative et ils ont coupé. Mais ils ne rasaient pas la tête de tout le monde.

Si tu ne voulais pas faire telle ou telle chose, ils trouvaient un moyen de s’arranger et ne t’imposaient jamais rien de ouf. Parfois il faisait super froid, donc on mettait des sous-pulls sous nos costumes… et la prod l’a vu, en nous disant que la prochaine fois, elle passerait avec des ciseaux et couperait tout ce qui dépasse ; mais ce n’est jamais arrivé, les mecs enlevaient leur sous-pull et on pouvait tourner.

Vous étiez combien de figurants en tout ?

Pendant les deux, trois plus grosses journées, nous étions 1 500 ! Sinon entre 200 et 400 quotidiennement, pendant 15 jours de tournage éparpillés sur un mois.

Quelle était la proportion réelle de Français par rapport aux Anglais ?

Tous les figurants étaient français. Il n’y avait pratiquement aucun Anglais. Sur place, on était 99 % de Français. Les 1 % restant étant la réal’, les acteurs et cascadeurs. Toute la figuration, la régie, beaucoup de techniciens et certains mecs du décor étaient également français. Nolan doit avoir son équipe internationale avec qui il bosse tout le temps et, en fonction du pays dans lequel il tourne, il fait appel à un assistant réal’ local qui arrive avec toutes ses connaissances et son réseau de techniciens, etc.

“UAN, DEU, TWOA, QUATTE, CINQ, SIX !”

As-tu été directement dirigé par Christopher Nolan ?

La seule fois où Nolan nous a directement dirigés, c’était pour la scène sur le môle, le quai en bois, lorsqu’un avion allemand pique en notre direction et qu’on l’entend tour à tour arriver, jusqu’à ce qu’on se baisse tous pour se protéger.

Comment cela s’est-il passé exactement ?

Désolé de casser un peu la magie du cinéma, mais à ce moment-là, il y a Hoyte Van Hoytema [directeur de la photographie ; Her, Interstellar, Spectre… ndlr] derrière la caméra, sur une mini-grue ; ainsi que l’assistant réal avec une immense perche à laquelle est accrochée une balle de tennis ; et Nolan, qui en désigne dix d’entre nous avant de crier avec son accent : “UAN, DEU, TWOA, QUATTE, CINQ, SIX ! TOUT LE MONDE TOUT LE MONDE !”

Quand les mecs choisis entendaient leur numéro, ils devaient se tourner, lever la tête vers le ciel et commencer à stresser. Et à “tout le monde”, on se retournait tous en reculant et se baissant. C’est la seule fois où on a été dirigés par Nolan himself.

Nolan a-t-il une maîtrise complète sur ce qu’il tourne ? De quelle manière gérait-il ça avec son équipe ?

Nolan a une maîtrise sur tout, mais il est bien aidé. On était divisés en une trentaine de groupes de 50 figurants, et chaque groupe portait un numéro et le nom d’un pays (exemple pour le mien : “groupe 1, USA”). Un chef était attribué à chaque groupe : à l’aide d’un talkie-walkie, il recevait des directives de l’équipe de réal.

Christopher Nolan s’adresse directement à son équipe technique via son assistant réal’ n° 1 (un Américain), qui transmet à l’assistant réal’ n° 2 (un Français), qui lui-même transmet au chef des chefs de groupes, qui transmet à son tour à notre chef de groupe, qui nous transmet enfin l’info… Du coup, c’était parfois un peu le bordel, on partait dans une direction et, trente minutes après, on nous disait de revenir là où on était au départ, puis en fait non, etc.

Comment Christopher Nolan et Hoyte Van Hoytema travaillent-ils ensemble ?

Ils bossent toujours à deux : Hoyte derrière la caméra, et Nolan avec son écran, en train de regarder l’image tournée en direct. Après la prise, Christopher Nolan valide la scène ou non. Il arrive aussi que Hoyte signale à Nolan un truc qu’il n’aurait pas vu, par exemple un figurant qui regarde la caméra ou un acteur qui s’est planté.

Et techniquement parlant ?

Pour la technique : aucune lumière additionnelle. Tout est tourné à l’Imax et vu qu’une bande permet d’enregistrer à peine trois minutes d’images, un mec était là uniquement pour faire des allers-retours entre les camions et le plateau avec la recharge. C’était son boulot.

“BOOOOM… Le sol tremble tellement que tu sens tes côtes et tes poumons vibrer”

Quelle scène t’a le plus marqué ?

Sans hésiter une seule seconde, la scène où un avion allemand bombarde la plage. Mon meilleur souvenir de tournage ! Pendant nos deux premières journées de figuration, on devait fuir en courant et se jeter au sol au signal (un coup de feu tiré par un artificier sur place) : un exercice qui nous a servi pour cette scène, même si nous l’avons tournée à dix jours d’intervalle. Les jours précédant le tournage de cette fameuse séquence, il y avait d’énormes explosions sur la plage, créant des geysers de sable de 15 ou 20 mètres, tellement les bombes étaient puissantes. On ne savait pas encore à quoi ça correspondait, mais c’était déjà impressionnant. Le jour J, chaque groupe était dispatché en différents cercles autour d’une bombe, à 15 mètres minimum de l’explosion. Il y avait une bonne dizaine de bombes en tout.

On a d’abord répété plusieurs fois sans les explosions et, ensuite, c’était parti. Je m’en souviens très bien : j’étais allongé au premier rang, juste à côté du cascadeur qui est sur le dos et tire avec son fusil sur l’avion allemand avant qu’il n’explose (en réalité, il n’explose pas du tout… LOL). On avait pour ordre de ne pas bouger, rester statiques même après les explosions. On était couchés sur le ventre, mains sur le casque. Des boules Quies nous avaient été distribuées : elles étaient particulièrement efficaces puisqu’on n’entendait presque rien, juste notre propre respiration et l’assistant réal hurler “THREE, TWO, ONE, ACTIONNNNNNN !”.

Et, tout à coup, la première explosion retentit, mais elle est à plusieurs centaines de mètres – rappelez-vous, il y en a plus d’une dizaine, et mon groupe est dispatché autour de la dernière. Le sol vibre, l’explosion est forte mais on mesure mal la distance avec les boules Quies. Puis vient la deuxième explosion, ça vibre encore plus fort. Et la troisième, la quatrième… Avec l’adrénaline, on ne compte plus. Tu ne sais donc pas si ça a pété à côté de toi ou pas, ça va très très vite et là : BOOOOM, énorme explosion, à quelques mètres de toi.

Le sol tremble tellement que tu sens tes côtes et tes poumons vibrer. La poussière de sable te fait fermer les yeux. Tu es dans le noir complet. Trois secondes après, tu te prends tout le sable qui a volé avec l’explosion et te retombe par kilos sur le casque, dans un bruit de pluie lourde et rocailleuse. C’était vraiment, vraiment intense, et ça reste le meilleur souvenir que j’ai de ce tournage…

[À partir de 35 secondes dans le trailer] :

Après la dernière explosion, on entendait un énorme “pshhh” : c’est en fait une sorte de bombe à air comprimé. Vous vous doutez bien qu’ils ne vont pas faire sauter un cascadeur, et un mannequin ça ne doit pas rendre assez bien. Du coup, ils installent une sorte de mécanisme à air comprimé avec des bouteilles énormes (qui doivent bien faire quatre fois la taille d’une bouteille de plongée classique). La libération d’une grosse quantité d’air provoque comme une explosion, sauf que le cascadeur est “safe”, et à l’écran on ne fait pas la différence.

“Je ne pense même pas que Tom Hardy ait mis un pied à Dunkerque”

À quel point la guerre a-t-elle été fidèlement reproduite sur le tournage ?

Quand il y avait de vraies explosions, elles étaient calculées et répétées des dizaines de fois, et mis à part les cascadeurs ou les artificiers, personne ne pouvait s’approcher dans un rayon de 10 ou 15 mètres. Les explosions sont toujours impressionnantes, mais je pense très honnêtement que ce sont les seules choses qui se rapprochent le plus de la réalité.

Il n’y a pas eu de bataille d’avion sur place. Quand des bouts du môle en bois explosent, ce n’est pas du bois, mais du polystyrène peint. Le navire de guerre était un vrai, mais il n’était plus en état de faire feu. Il y avait aussi un vrai Spitfire, celui que “pilote” Tom Hardy dans le film lorsqu’il survole la plage.

Tom Hardy était là ?

Son avion était bien là mais ce n’était pas lui qui le pilotait, ça a probablement dû être tourné avec un cockpit reconstitué et une salle verte pour incrustation d’images. Pour tous les plans où Tom Hardy survole la plage, c’était en réalité un hélicoptère qui passait au-dessus de nous et on devait simuler la victoire du combat aérien.

Je ne pense même pas que Tom Hardy ait mis un pied à Dunkerque… En tout cas, je ne l’ai pas vu durant les 15 jours de tournage, ni mon pote qui a tourné la scène d’ouverture avec les acteurs et l’équipe du film.

Et Hans Zimmer ?

Il est passé une journée sur le tournage mais juste en “visiteur”, peut-être pour s’imprégner de l’ambiance.

Vous avez pu discuter avec des acteurs du film ?

Dès le premier jour, on nous a dit que parler à Nolan, sa femme, les acteurs principaux et Hoyte Van Hoytema était interdit, sauf s’ils nous adressaient la parole. C’était extrêmement hiérarchisé ; en même temps, il y avait tellement de monde que c’est compréhensible.

De toute façon, ils n’étaient presque jamais là… Toute la mise en place s’est faite sans eux : une fois que le plateau était prêt, ils sortaient de leurs caravanes, jouaient leur scène et repartaient, tout simplement. En soi, ils étaient comme nous, à attendre que ça se passe pendant des heures pour quelques minutes “d’action”. Ils avaient simplement des conditions d’attente et un nombre d’apparitions à l’écran qui diffèrent de la figuration [rire].

“Quel que soit le corps de métier présent, c’est la crème de la crème”

Vous faisiez quoi le reste du temps ?

Entre les prises on discutait, pas mal de gens se connaissaient et des groupes se formaient. C’était parfois très, très, très long. Sur une journée de onze à douze heures de tournage, il y avait entre huit et dix prises. Le reste du temps, c’était de la répétition, des ajustements techniques, un déplacement du plateau, des rails pour les travellings, etc. Quand les prises étaient longues, on était là juste au cas où il faudrait un peu de décor. Parfois, on restait cinq ou six heures sans que la caméra ne soit tournée dans notre direction, il est même arrivé qu’on passe la journée sans jamais être en arrière-plan. Après, il y avait des figurants “mouillés”, surnommés “wet”. Ils faisaient comme nous, mais dans les vagues quand la mer montait, ou tout simplement debout dans l’eau à attendre que les bateaux arrivent. Et eux portaient une combinaison sous leur costume, toute la journée ; je pense que ce sont ceux qui en ont le plus bavé, mais sinon c’était très cool.

Je me rappelle qu’avec mon groupe de figurants, on parlait sans cesse de scènes et musiques de films, on sifflotait le thème de Jurassic Park et l’équipe technique se retournait et nous faisait des gros smiles et des thumb-up. On s’occupait comme on pouvait, on jouait aux devinettes et à Pyramide… et on était payés pour ça ! D’ailleurs, j’ai aussi revu un pote avec qui j’étais au collège : contrairement à nous, il avait un vrai job et s’occupait des décors. Un autre de mes potes s’est fait repérer et a joué avec l’acteur principal et les cascadeurs. On peut le voir dans la scène d’ouverture du film… C’est assez incroyable, il passait ses journées avec eux, déjeunait avec eux, etc.

Qu’est-ce qui t’a le plus impressionné dans ce tournage ?

Les moyens mis en place et l’organisation pour une simple scène : l’équipe technique utilisait parfois une grue de 25 mètres. Par “équipe technique”, je veux dire 30 personnes a minima autour de Nolan. Sinon, ils étaient des dizaines, ça grouillait de partout, tous avec des talkies-walkies, toujours en train de courir à gauche à droite. C’était vraiment énorme. Et le plus impressionnant, c’est le nombre de jobs représentés dans une équipe de tournage comme celle-ci, et la quantité de choses que les gens peuvent faire. Et là, quel que soit le corps de métier présent, c’est la crème de la crème… Je ne sais pas comment l’expliquer, mais on aurait dit que les mecs avaient l’équipement et les ressources pour construire une maison sur la plage en 72 heures.

Le souci du détail est poussé à l’extrême. J’ai vu des mecs avec de grands balais effacer les traces de chariots sur la plage, ça durait pas mal de temps. Aussi, une fois pendant une scène, il y avait beaucoup de vent et les caisses de munitions en arrière-plan étaient pleines de sable. Le lendemain, ils tournent la même scène, mais il n’y avait plus de vent ni de sable sur les caisses : à l’aide d’un générateur et d’un ventilateur de deux mètres de diamètre, deux mecs, plantés devant pendant deux heures, jetaient du sable entre le ventilateur et les caisses de munitions… c’était marrant à voir.

“Nolan me stoppe avec sa main et me dit…”

Caméra subjective : raconte-moi l’aventure telle que toi tu l’as vue et vécue.

La première fois que j’ai un rendez-vous : ce n’est pas pour tourner mais pour faire des essayages. On arrive dans un grand hangar rempli d’affaires, de make-up, de coiffeurs…

Les mecs des costumes portent des T-shirts du dernier Star Wars (pas encore sorti à l’époque), ils parlent de films comme X-Men, James Bond, etc. Ambiance ! Je donne mon nom, remplis un formulaire, signe mon contrat. Ensuite, j’essaye mon futur costume et fais des ajustements. J’ai eu de la chance car j’étais dans le groupe en arrière-plan, donc j’avais un vrai uniforme avec chemise, pantalon, veste, cartouchière et toute la panoplie. Les personnes qui étaient plus loin portaient une combinaison type jardinage vert kaki, et c’est tout. Une fois le costume choisi, il m’était destiné pour toute la durée du tournage. Ensuite, la coiffure : ils regardent la longueur de tes cheveux, te prennent en photo pour voir ce que ça donne à l’image et te les coupent si c’est nécessaire (court sur les côtés, longueur classique au-dessus). Une fois tout ça fait, rendez-vous pour le début du tournage.

Les deux premiers jours étaient les plus gros : 1 500 figurants et une salle gigantesque réquisitionnée pour l’occasion. On devait arriver aux alentours de 5 heures du matin, puis faire la queue face à une table avec notre numéro de groupe. C’est à ce moment-là qu’on fait la connaissance de notre chef de groupe, celui qui nous guidera pendant tout le tournage. Tout se met en place, on arrive sur la plage aux alentours de 9 heures. On nous dit de bien nous mettre en ligne et de regarder la mer. Ce qu’on fait pendant deux jours, alors que l’action se déroule derrière nous avec la scène d’ouverture du film, dans laquelle Fionn Whitehead vient de passer du côté français et court dans la rue jusqu’à la plage.

Ensuite, on devait simuler l’attaque d’un avion. Un artificier était là avec un vrai fusil : on devait tous courir dans la même direction et, à son signal, se jeter à terre et se protéger. On a répété cette scène peut-être dix, quinze fois. C’était cool. C’était le premier jour, tu débarques comme figurant, tu ne sais même pas si Nolan sera là et tu te rends compte qu’il est à dix mètres de toi avec Hoyte Van Hoytema et le reste de son équipe.

D’ailleurs, j’ai petite anecdote : à un moment donné, Fionn Whitehead se dirige vers une rangée et cherche à l’intégrer ; un soldat se retourne, lui dit que cette rangée-là est uniquement réservée à tel grade, et le vire. Juste avant le tournage de cette scène, j’étais le dernier soldat de la rangée… Quand j’ai vu que toute l’équipe du film quittait la digue pour installer le plateau à trois mètres derrière nous, j’étais comme un ouf, je n’arrêtais pas de me retourner. Il y avait Nolan, Hoyte, tous les techniciens, c’était super impressionnant et je ne m’attendais pas du tout à ce que ça arrive, encore plus dès le premier jour. Et là, ils étaient tous là, juste à côté : Hoyte avait un Leica M autour du cou, et je le regardais avec insistance pour essayer de capter quel était le modèle, argentique ou numérique… Bref, un truc à la con de photographe passionné.

Et au final, à force de toujours les regarder, l’assistant réal est venu me voir, m’a demandé de sortir du rang, d’avancer le plus loin possible et d’entrer en début de file : c’est comme ça que j’ai loupé ma seconde apparition, de dos, dans un film de Nolan. Une autre fois aussi, Nolan himself m’a refoulé… On était sur le ponton, le chef de groupe nous dit qu’ils ont besoin de dix mecs devant. Je fais partie des dix dans la rangée, et j’avance tout content. Ça faisait des heures qu’on attendait sans qu’il ne se passe rien. Arrivé au niveau de Nolan, il me stoppe avec sa main et me dit… “I just need three guys, thanks.