L’homme pourrait-il réellement se transformer en zombie ?

L’homme pourrait-il réellement se transformer en zombie ?

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Par Nadège Joly

Publié le

On les voit partout, des séries télés aux films en passant par les parades déguisées… Mais pourra-t-on un jour voir de vrais zombies dans la rue, vraiment méchants ? Enquête. 

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Des jeux vidéo aux livres, en passant par les films et les séries télés, les zombies sont désormais ancrés dans la culture populaire. Certains, comme dans The Walking Dead, le deviennent après une épidémie d’origine inconnue. D’autres, à cause d’un virus comme dans World War Z et 28 Jours plus tard, d’autres encore après la consommation d’une drogue comme l’imagine la série iZombie

Mais concrètement, pourrons-nous devenir des zombies ? Eh bien oui, c’est possible. Enfin tout dépend de ce que l’on appelle un zombie. Si l’on pense “mort redevenu vivant”, alors c’est difficile. Puisque, sauf preuve du contraire, un humain qui meurt ne peut pas revenir à la vie. Il y a bien des histoires à Haïti, comme celle de Clairvius Narcisse, qui prétendent l’opposé. Des morts seraient sortis de leur tombe suite aux sortilèges de sorciers vaudous.

Des zombies mystérieux en Haïti

C’est l’Américaine Zora Neale Hurston qui révéla en 1938 la réalité, après l’analyse de ces soi-disant zombies : ils ne sont jamais morts, on leur avait simplement injecté une drogue leur donnant l’apparence de morts-vivants.

Et c’est ce que raconte Philippe Charlier dans son livre Zombis. Il évoque le cas d’un médecin gynécologue, Jacques Ravix, très lentement empoisonné par sa belle-mère. Elle déposait de la tétrodotoxine (molécule extraite du fugu, un poisson sans écailles) sur les accoudoirs de son fauteuil de bureau. Résultat, il est devenu euphorique, a perdu son sens critique et ne savait même plus ce qu’il faisait : “Un sujet ni vivant ni mort, un véritable zombie”, écrit l’auteur.

Après la délivrance d’un antidote par un gentil vaudou et un coma de quelques jours, Jacques Ravix est redevenu un humain normal. Ou presque… La drogue a détruit certaines de ses fibres nerveuses. De ce fait, il est désormais insensible aux petites blessures et à certaines douleurs. Il n’a même pas eu mal lorsqu’il a fait un infarctus ! Un genre de petit mutant à la X-Men.

D’autres drogues sont aujourd’hui connues des “drogues qui rendent zombie”, notamment aux États-Unis où elles font des ravages. Les autorités américaines ont récemment eu des difficultés à gérer les personnes ayant consommées de la flakka, une drogue synthétique qui bousille les neurones, provoque des hallucinations au point de devenir totalement fou, agité, incontrôlable.

Si l’on écarte la nécessité de ressusciter d’entre les morts, toutes les caractéristiques du zombie sont réunies. Même le cannibalisme. En 2012, notamment, une vague de pulsions sanguinaires a secoué les États-Unis. En cause, des drogues vendues sous le nom ambigu de Baths Salts. Des sachets de sels de bains pouvant cacher n’importe quelle molécule ultrapuissante.

Dans une interview aux Inrocks, Hamilton Morris, journaliste pour Vice  et consultant spécialisé sur les drogues, révèle que ce ne serait pas forcément la substance en elle-même qui pousse au cannibalisme. Elle ne ferait qu’amplifier des prédispositions au comportement violent.

Des drogues zombifiantes

Et ça tombe bien, car la drogue n’est pas le procédé le plus fiable pour “zombifier” l’homme. Selon de nombreux spécialistes, un virus serait le meilleur moyen de nous faire passer du côté obscur. Pourquoi ? Parce que la nature regorge d’exemples ! Le virus est idéal pour doucement infecter un organisme vivant, en profiter pour évoluer, faire quelques dégâts ou pire encore…

L’exemple le plus attendrissant, c’est le cas de la coccinelle zombie. Si si, une coccinelle. Pas de panique, elle n’est pas du genre à vous sauter au cou pour dévorer votre cerveau. Nolwenn Dheilly, chercheuse à l’université Stony Brook (New York), l’a étudiée de près. L’insecte est en réalité victime d’une terrible guêpe parasitoïde en quête d’incubateur et de gardien pour sa progéniture. Cette bête impitoyable implante ses œufs dans la coccinelle avec un petit virus en bonus.

“Pendant deux semaines, les larves seront dans son corps, et ce, sans la perturber. Elle aura une vie normale jusqu’à la sortie des larves”, raconte Nolwenn Dheilly.

Et là, c’est la fin. Le virus injecté en même temps que les œufs par la guêpe touche le système nerveux et entraîne une paralysie de la dame à points. Résultat, elle ne peut plus bouger elle est coincée au-dessus des larves fraîchement éjectées.

Le second plan de la guêpe, c’est de mettre la coccinelle dans un état de zombie de sorte qu’elle soit contrainte à protéger, de son corps, le cocon des prédateurs. Au bout d’une semaine, les bébés guêpes sortent du cocon et la coccinelle émerge de sa transe.

Il y aurait donc un remède à la zombification ?

“Non, c’est la régénération de son cerveau qui la sauve, répond la chercheuse. C’est propre aux insectes de se défendre contre l’attaque cérébrale de virus. Mais il faut savoir que toutes ne survivent pas. Un tiers d’entre eux meurent, à cause des larves qui leur volent leur énergie et aussi à cause de la semaine passée à être immobilisés.”

Un monde animal impitoyable

Il existe de nombreux autres cas où des parasites sont transmis d’une espèce à une autre, en les zombifiant au passage. Dont l’un inclut des grands singes et même des humains. En effet, le parasite Toxoplasma gondii est un être microscopique d’une seule cellule. Et pourtant il vise grand : atterrir dans l’organisme d’un félin, seul endroit où il pourra se reproduire. Or, ce n’est pas forcément facile de croiser un matou.

Du coup, il infecte le cerveau d’autres organismes à sang chaud et espère que son hôte se fera manger un jour par un félin. Histoire d’augmenter ses chances, il manipule le comportement de ses hôtes : les rats sont alors attirés par l’urine de chat, les singes par celle du léopard. Ou comment s’arranger pour aller directement dans la gueule du lion.

Des actions suicidaires pour les bêtes, une simple modification du comportement, surtout des troubles psychologiques, chez l’homme infecté. Pas tellement de zombification donc, mais bel et bien une tentative de manipulation parasitaire au niveau du système nerveux.

Une dernière théorie de zombification via une manipulation comportementale existe sur terre. Les grands maîtres en la matière sont des champignons. Pas ceux que vous mangez en omelette, plutôt ceux de type Ophiocordyceps unilateralis, qui rendent à l’état de zombie certaines fourmis et autres insectes, par exemple.

Cordyceps… Ça vous dit quelque chose ? Normal, c’est l’hypothèse d’invasion zombie du jeu The last of Us. Là encore, l’homme infecté n’est pas mort mais a l’apparence d’un zombie. Et si vous voulez à tout prix devenir un zombie, sans subir les influences de drogues, champignons ou virus, vous pouvez toujours essayer la proposition de l’auteur-acteur Victor Boissel : “Deux ou trois nuits de deux heures.”