Deux Frères : le nouvel album de PNL est un musée de pop culture

Deux Frères : le nouvel album de PNL est un musée de pop culture

Image :

(© QLF Records)

photo de profil

Par Pierre Bazin

Publié le

Dans "Deux Frères", PNL a placé une myriade de références pop culture.

Même si vous êtes allergique au phénomène PNL et que vous avez décidé de passer toute cette journée boules Quies vissées dans les oreilles, vous n’avez pas pu passer à côté du nouvel album du duo, Deux Frères. Ademo et N.O.S ont envahi cette journée du vendredi 5 avril de leurs instru planantes et de leur plume toujours aussi particulière.

À voir aussi sur Konbini

Jamais deux sans trois, après Le Monde Chico (2015) et Dans la légende (2016), leur nouvel album Deux Frères regroupe toujours autant de nombreuses références à la pop culture, des séries aux anime en passant par les films et, bien évidemment, les jeux vidéo.

À lire aussi : PNL : avec Deux Frères, rien ne change mais absolument tout se transforme

Il y a toujours eu, dans les textes de PNL, de nombreuses “dédicaces” aux héros fictifs de l’enfance des deux musiciens, de véritables madeleines de Proust pour les deux frères qui ont passé leur jeunesse en plein dans les années 1990, entre Corbeil-Essonnes et Brive-la-Gaillarde.

Évidemment, les références sont marquées tout au long de leurs textes, peut-être même datées pour donner un repère aux plus jeunes de leurs fans. Avec Deux Frères, la pop culture de la fin du millénaire est minutieusement balayée, jusque dans le titre parfois, à l’instar des pistes “Blanka” ou encore “Shenmue”.

Ademo et N.O.S, des frères animés par l’anime

Les mangas et anime nippons ont toujours eu la part belle dans les textes de PNL. Les deux frères, probablement élevés aux programmes du Club Dorothée, ont vu l’arrivée massive de toutes ces œuvres du pays du Soleil-Levant dans les années 1990.

Il semble même que ces lectures aient continué au-delà de l’an 2000. Pour preuve, Ademo évoque le fait d’avoir, pour sa rue, “le démon comme Bleach” dans le morceau “Celsius”. Il veut dire par là qu’à l’instar d’Ichigo Kurosaki, le protagoniste de Bleach qui accepte de devenir le dieu de la Mort, il est prêt à faire d’énormes sacrifices pour défendre son quartier, sa famille.

<em>Great Teacher Onizuka.</em> (© Pika Édition)

Avec l’excellent titre “Onizuka”, extrait de Dans la légende qui tient son nom de Great Teacher Onikuza (GTO), on connaissait déjà la fascination de PNL pour Eikichi Onizuka, le héros du manga de Tōru Fujisawa. En effet, le jeune professeur rebelle essaie aussi, comme les deux frères, de tirer un trait sur son passé tumultueux. Et il a évidemment encore sa place dans le nouvel album :

J’vagabonde partout comme Eikichi. Pas d’chichi, cuisine-moi comme Chichi

“Shenmue”

Énormément mise en avant dans cet album, la saga Dragon Ball Z est probablement une des œuvres nippones les plus citées dans l’album (comme Chichi dans “Shenmue”). Étant donné que les personnages d’Akira Toriyama sont souvent des archétypes, cela donne à PNL des analogies plutôt claires, que le duo utilise tout au long de ses chansons.

J’dors pas, j’veux maille comme Kaïo
J’compte les zéros sur l’chèque, j’me transforme en Saiyan
J’quitte Namek, pour continuer à parler sur oim

“Menace”

Maître Kaïo est un personnage éminemment riche dans Dragon Ball Z, au point qu’il possède même une planète. Pas étonnant qu’Ademo vise aussi haut, lui qui pense déjà à investir l’Espace après la Tour Eiffel. Mais les deux frères n’oublient pas, dans leur titre “Deux Frères”, qu’ils ne réussiront qu’ensemble pour atteindre la puissance extrême, illustrée par la technique du Kaïô-Ken, utilisant la fusion, méthode ultime de synergie entre deux Saiyans : “On s’est dit, c’est l’heure d’les baiser si on fusionnait, chi.”

Mais si Dragon Ball symbolise l’objectif de “puissance” à atteindre, Ademo et N.O.S s’identifient souvent à des personnages d’anime plus sombres, qui ont souffert. L’intro de “Menace” les évoque un par un, en commençant par Kaiji, personnage du manga Tobaku Mokushiroku Kaiji vivant dans la banlieue tokyoïte défavorisée. On enchaîne avec Vegeta (Dragon Ball), Itachi (le frère maudit de Sasuke dans Naruto) et enfin Eikichi et Ryuji, le duo de baston de GTO. La boucle est bouclée.

Film et séries : la bonne dose de nostalgie

Les films et séries en prises de vues réelles ne sont pas oubliés dans Deux Frères, mais on ne s’attendait pas forcément à entendre parler de la série Dallas : Ademo souhaite remplacer “vé-Her par JR” dans “91’s”. En effet, JR aka John Ross Ewing, personnage principal de la série télévisée Dallas, va désormais remplacer ce bon vieil Hervé, le iencli par excellence des frères Andrieu.

“Fou comme Prince de Bel-Air”, dans le titre “Deux Frères” : ici, PNL s’inspire et rêve toujours de cette mythique ascension sociale, y compris celle interprétée par Will Smith dans la célèbre sitcom des années 1990. Mais, parfois, cette ascension sociale prend d’autres formes :

Sous jamaïca, j’sors un flow comme Sanka

“Blanka”

Ici, c’est le cultissime film Rasta Rockett (1994) qui est cité. Il raconte l’histoire d’une équipe jamaïcaine qui souhaite participer, contre vents et marées, aux Jeux olympiques d’hiver. Cependant, malgré l’ambition, Ademo voit le danger de vouloir viser trop haut. “J’suis perché dans les abîmes, un peu comme Anakin”, c’est-à-dire tomber dans le côté obscur du succès, chante-t-il dans “Celsius”.

PNL ou les gamers d’autrefois

Le jeu vidéo a une place importante dans le nouvel album de PNL. On savait déjà, avec les références des anciens albums, que les frères avaient joué, comme n’importe quel ado, à la console. Quand Ademo dit que “dans la rue, j’les aurais graille comme dans Pac-Man”, (“Cœurs”), on sait qu’ils ont des bases solides, même si elles ont un doux goût de nostalgie.

Chose plus étonnante : cette fois, ce sont deux titres qui portent des noms du monde vidéoludique : “Blanka” et “Shenmue”.

Blanka dans <em>Street Fighter V. </em>(© Capcom)

L’homme est mauvais, j’vais finir comme Blanka […]
Un peu survolté, un dos louche comme Blanka

“Blanka”

Dans la série Street Fighter, Blanka est le seul survivant d’un accident d’avion. Face aux dangers de la forêt amazonienne, il doit s’adapter et son corps, difforme, génère de l’électricité. Blanka remplace ici l’analogie classique de “Mowgli” ou “Simba” que PNL utilise souvent pour signifier qu’ils ont traversé des moments difficiles avant de revenir plus forts pour vaincre leurs adversaires.

J’marche comme Link dans l’monde des Gorons
J’attends rien des hommes à part Shenmue (ouais, ouais)
J’suis comme Mowgli, j’fais l’Z de Zorro

“Shenmue”

“Shenmue” est sans doute l’un des titres les plus étonnants, et l’un des plus référencés. Dans le refrain, PNL cite successivement The Legend of Zelda, avec le frêle hylien au milieu des costauds Gorons, Le Livre de la jungle avec Mowgli qui s’improvise en Zorro, mais surtout l’œuvre majeure qui a donné son titre à la chanson, Shenmue, série de jeux vidéo démarrée en 1999.

Difficile de connaître les motivations qui ont poussé le duo à sortir ce titre énigmatique. En tout cas, Shenmue traite d’un sujet important pour Ademo et N.O.S : protéger sa famille. Pourtant, cela fait bien longtemps que PNL n’attend qu’une chose (“des hommes”) : tout simplement le troisième opus, Shenmue III, prévu pour août prochain, 16 ans après le deuxième.