Claustrophobes, s’abstenir : voilà 5 grands films qui vont vous étouffer

Claustrophobes, s’abstenir : voilà 5 grands films qui vont vous étouffer

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Par Arthur Cios

Publié le

Petite typologie des films les plus suffocants du game.

Heureux hasard du calendrier, on se retrouve en plein mois de mai avec deux films français étouffants dans les salles de cinéma. D’un côté, le retour en France d’Alexandre Aja qui a enfermé Mélanie Laurent dans une capsule médicale dans le film Netflix Oxygène, et de l’autre, la belle tentative d’un autre Français, Mathieu Turi avec Méandre et son tunnel rempli de pièges en tout genre.

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Deux films hexagonaux dans cette sous-catégorie de l’horreur, alors que le film de genre français est encore quelque chose de bien trop rare, oui, ça peut surprendre. Et pourtant. Avec un peu de recul, on se rend compte que cette base scénaristique étroite a souvent été utilisée au cinéma. Des bateaux, des cavernes, une cave abri-atomique, un cercueil enterré sous terre, un tunnel sous une montagne, un ascenseur, les débris d’une tour détruite, une cage, les catacombes parisiennes, un immeuble mis en quarantaine pour cause de zombies, un gros cube labyrinthique, une salle de bains où il faut se couper le pied pour survivre, une “panique room”, un phare, une mégalopole métallique, une cabane dans les bois, ou même son propre corps : tout est possible. 

En dézoomant, on a déterré cinq grandes catégories, avec leurs lots de crises d’angoisse.

1. Le personnage enterré vivant

Le pire cauchemar. Se réveiller à l’intérieur d’un cercueil, quelques mètres sous terre. Impliquant donc d’être prisonnier, et de mourir de suffocation dans un espace encerclant au plus près le corps. Terrifiant. Pas étonnant que très rapidement le cinéma se soit approprié cette idée terrible, à commencer par un certain Isle of the Dead de Mark Robson, sorti en 1945.

Depuis, des dizaines de cinéastes se sont essayés à l’exercice. L’une des tentatives les plus marquantes reste L’enterré Vivant du célèbre Roger Corman. Le papa des films fauchés de série B, assisté à la réalisation par un jeune homme dénommé Francis Ford Coppola, adapte ici une nouvelle d’Edgar Allan Poe, où un homme, obsédé par l’idée d’être enterré vivant, devient fou. 

Par la suite, on retrouvera plutôt des séquences où le protagoniste se retrouve dans cette situation désastreuse. Sans user de cet axe comme centre névralgique de son récit, nombreux sont ceux à user de la peur provoquée par cette torture psychologique. On pense bien sûr à Kill Vill : Vol 2 de Quentin Tarantino, mais aussi Casino de Martin Scorsese, Frayeurs de Lucio Fulci ou encore Blood Simple, le premier film des frères Coen. À noter que la télévision a aussi traité du sujet, que ce soit dans des téléfilms (Alfred Hitchcock présente “Évasion”, Enterré Vivant de Frank Darabont), ou des épisodes de séries (le fameux épisode réalisé par Tarantino des Experts). 

Mais le meilleur dans cette catégorie demeure Buried de Rodrigo Cortés. Un film où 90 minutes durant, on est au plus près d’un Ryan Reynolds coincé dans une caisse en bois sous plusieurs mètres de sable, quelque part en Irak. Rançon, coup de téléphone incompris, attaque de serpent, explosions : tout y est, avec une certaine intensité et une mise en scène très bien ficelée pour un véritable huis clos. Car la caméra ne sort jamais de cette microstructure — ou presque. Non sans défauts, le film se démarque par la prestation de son acteur, qui aurait été à deux doigts de devenir fou sur ce tournage express qui n’a duré que 17 jours. 

Si on tient à jouer aux petits malins, on pourrait glisser également ici le pas très bon World Trade Center d’Oliver Stone. Dans le sens où les deux policiers que l’on suit, incarnés par Nicolas Cage et Michael Peña se retrouvent bloqués dans les débris d’une des tours jumelles, à la suite de l’attentat du 11 septembre. Au moins, ils ne sont pas seuls dans la situation. Une approche un peu différente, qui permet d’aborder plus de thèmes, parfois de manière intelligente, parfois moins. Comme quoi, pour un thème vraiment très spécifique, on peut réussir à varier les tons.

2. La pièce d’un bâtiment ou maison

Ça peut paraître idiot, mais se retrouver littéralement enfermé entre quatre murs, sans pouvoir sortir, peut être traumatisant. Demandez au personnage d’Old Boy de Park Chan-Wook ce qu’il en pense, vous verrez. Même si ce n’est pas une pièce mais une maison entière, pas sûr non plus que la famille victime du clan les harcelant durant le premier American Nightmare, ou la bande de pote de la saga Evil Dead, voire même les habitant de l’immeuble mis en quarantaine de Rec, aient apprécié l’expérience non plus. 

Néanmoins, la sensation d’étouffement est plus forte quand le scénario se concentre sur une pièce unique dont on ne peut sortir. David Fincher a excellé dans l’exercice avec Panic Room, où une mère (Jodie Foster) et sa fille (Kristen Stewart) se planquent pendant un cambriolage dans une pièce sécurisée. Si toute l’intrigue ne se déroule pas dans cette petite pièce, la mise en scène maligne du cinéaste brillant renforce la sensation de claustration avec beaucoup d’intelligence.

On peut aussi penser à 10 Cloverfield Lane, suite indirecte du film de monstres, où John Goodman est parano au possible et maintient enfermé dans son bunker anti-atomique des individus à leur insu. En leur expliquant qu’il y a l’apocalypse sur la surface de la Terre, alors qu’il est impossible de le vérifier. Oui, on est entre le “enterré vivant” et le “enfermé entre quatre murs“. Pareil que pour The Divide, film du Français Xavier Gens, où huit personnes vont se planquer d’une immense explosion dans un sous-sol d’un immeuble.

On citera aussi, pour étaler notre cinéphilie comme de la confiture, The Blockhouse, avec notre Charles Aznavour national et Peter Sellers en soldats de la seconde guerre mondiale bloqués dans un bunker, ou Underground, la Palme d’or de 1995 durant plus de 3 heures (5 même dans une version longue) du cinéaste yougoslave Emir Kusturica, où il est également question de soldats contraints de rester dans une cave pour survivre.

Dans le genre horreur pure néanmoins, quelques résurgences d’originalité peuvent émerger. On pense au mésestimé Chambre 1408, qui embarque un John Cusack en auteur fantastique un chouïa prétentieux dans une chambre d’un hôtel géré par Samuel L. Jackson, et qu’on dit hantée. Lui qui tient à y passer une nuit pour voir va se retrouver enfermé, bloqué, face à pléthore de fantômes et hallucinations. Du grand Stephen King, en fait.

Mais il est vrai que les films les plus impressionnants sur ce thème se concentrent sur… l’ascenseur. Car quitte à être enfermé, on sait qu’être bloqué dans un ascenseur est une vraie phobie pour les plus claustro d’entre nous. Et ça, Hollywood l’a compris très vite. Dès 1964 en fait, avec le film Une Femme dans une cage de Walter Grauman. L’ascenseur est ici assez primaire, le long-métrage pas des plus intéressants, sauf pour les cinéphiles les plus curieux qui voudraient voir le premier rôle du génial James Caan.

En dehors de quelques tentatives, cela ne deviendra une véritable mode pour le cinéma B qu’à partir des années 2000/2010. Et alors là, c’est facile de se perdre dans un tas de bouses sans intérêt. En revanche, dans le lot, vous pourrez apprécier deux films assez malins — car essayant d’aller plus loin que le simple enfermement dans une cabine en hauteur tenu par des câbles.

D’abord, Devil, de John Erick Dowdle, sur une idée d’un certain M. Night Shyamalan, où cinq personnes se retrouvent enfermées dans un ascenseur, sans savoir que l’une d’entre elles est le Diable présentement là pour nuire aux autres présents. Puis, plus intéressant encore, Elevator. Ce film néerlandais de Stig Svendsen ajoute un twist pas inintéressant au genre, puisque [spoiler] les personnes bloquées doivent faire face au décès d’une mère de famille voulant venger son fils dans un attentat-suicide. Les huit autres passagers vont devoir vite désamorcer la bombe qui entoure le cadavre pour ne pas mourir, le tout dans un espace, vous le devinez, extrêmement étroit.

On ne pouvait pas finir ce passage sur les ascenseurs sans mentionner le parrain du genre. Un film français, excellent et culte, datant de 1958. Avant les nanars américains, oui. Et réalisé par un certain Louis Malle, avec Jeanne Moreau, sur une bande-son sublime du très grand Miles Davis. Alors non, Ascenseur pour l’échafaud n’est pas un film d’horreur. Et pourtant, son protagoniste, qui doit camoufler le meurtre d’un grand patron, se retrouve bien enfermé tout du long dans un ascenseur l’empêchant d’accomplir sa mission. Peut-être qu’il s’agit juste d’une fierté patriotique, mais nous étions obligés de le placer ici.

Et non, nous ne citerons pas Le Père Noël est une ordure, non…

3. Sous terre

Oui, on peut jouer sur la sensation d’être prisonnier sous Terre sans être enterré. Cela peut paraître un peu anecdotique, mais nombreux sont les films à jouer la carte de la spéléologie. Pas toujours bien (La Crypte, beurk), mais parfois avec brio. L’exemple ultime demeurera à jamais The Descent, l’excellent film de Neil Marshall, qui a la bonne idée de ne pas cantonner ses personnages à être bloqués dans une cave, mais les fait se confronter à des monstres qui traînent dans les bas-fonds de la Terre depuis bien trop longtemps. On se sent à l’étroit certes, mais surtout pris au piège. Viscéral, pullulant, poisseux, gore, monstrueux. On adore.

Vous pouvez passer votre tour pour la suite. Et sur la copie de Bruce Hunt, La Crypte — et ce malgré un casting pas dégueu. On a préféré les tentatives un peu plus originales autour de ce pan du sous-genre, comme Pyramide du français Grégory Levasseur. On y suit une équipe d’explorateurs bloqués dans une pyramide enterrée sous terre. Labyrinthe, cloison étroite, monstre : tout y est. Surtout, on saura apprécier la pudicité de la mise en scène, qui ne va pas en faire des caisses sur les jumps scare, préférant installer une ambiance.

Bien mieux en tout cas que toutes les tentatives de faire des films sur les Catacombes. As Above, So Below, est un gros “meh“. Pareil pour Catacombs. À la limite, on a une certaine sympathie pour Catacombes de John Erick Dowdle. Non pas parce que le film est bon (il ne l’est pas), mais parce qu’on y trouve notre François Civil national. Autant dire que Civil n’a pas fait beaucoup de films d’horreur, et rien que pour ça, vu qu’on aime beaucoup (comme 99 % des Français) l’acteur, c’est le seul film que l’on sauvera sur ce thème. Et c’est dommage, car on trouve peu d’endroits plus exigus que les catacombes parisiennes, et qu’avec le folklore qui l’entoure et les crânes partout, on aurait de quoi faire quelque chose de vraiment pas nul.

Si on triche un peu (on fait ce qu’on veut), nous dirons que l’un des meilleurs du lot n’est pas sous terre, mais sous une montagne. Dans un tunnel, pour être plus précis. On pense ici au film du coréen Kim Seong-hun sorti en 2016, au nom ô combien original, Tunnel. Un homme rentrant chez lui en voiture se retrouve bloqué quand un nouveau tunnel s’effondre. Sur fond de discours politique et de critique sociale comme les Coréens savent tant les implanter dans leur film, le film tient surtout par la quête impossible de son personnage de s’en sortir. Un bel exercice de style, qui tiendra vraiment en haleine, et pourra couper le souffle de ceux qui craignent l’enfermement.

4. En mer

C’est quand même cocasse quand on y pense d’être enfermé sur une étendue d’eau de centaines de millions de kilomètres carrés. Pourtant, c’est peut-être là que le septième art s’est le plus amusé. Car si la sensation diffère, on reste seul dans un environnement hostile, sans issue, sans perspective pour s’en sortir, souvent dans un petit espace (bateau, sous-marin, phare ou île déserte), et donc malgré tout à l’étroit. Bref, ça marche.

Sans surprise, l’un des précurseurs de cet angle sera un certain Alfred Hitchcock, qui dès 1944, racontera dans Lifeboat comment des passagers d’un paquebot attaqué par un navire nazi vont se retrouver à errer sur un canot de sauvetage des jours durant, luttant contre la faim, les rivalités en interne, et confronté à la salinité environnante. Il s’agira d’un vrai supplice finement filmé par un cinéaste qui n’est pas encore le roi du suspense et le maître du huis clos.

Dès lors, d’autres s’essayeront à l’exercice, mais rapidement, la guerre froide aidant sans doute, les cinéastes vont privilégier le sous-marin. Là au moins, on est sur de la claustration. Quatre tentatives américaines demeurent dans le haut du panier : À la poursuite d’Octobre Rouge avec Sean Connery de John McTiernan, USS Alabama avec Denzel Washington de Tony Scott, The Abyss de James Cameron et surtout K-19 avec Harrison Ford de Kathryn Bigelow. Quatre blockbusters à voir si on veut voir du grand spectacle à la sauce Hollywood. 

Si vous cherchez du plus subtil, deux autres propositions. D’abord, Le Chant du Loup, excellent film français avec François Civil, Mathieu Kassovitz, Reda Kateb et Omar Sy. Trop bon pour être boudé. Mais aussi, comme nous le conseillait Albert Dupontel dans son Vidéo Club, Das Boot, Le Bateau dans la langue de Molière. Ce film d’Allemagne de l’Ouest, qui existe dans une version de 2h30 comme une de 5 heures, raconte le quotidien au sein d’un sous-marin. Mais là, on ressent plus que jamais l’étroitesse de l’objet. Les corps suintants et craspouilles, empilés les uns sur les autres, dans un lieu où l’on ne peut presque pas se déplacer tant tout est minuscule. Un grand film, pour un espace bien trop petit pour ne pas avoir le souffle coupé par moments.

Petite mention pour les films de phares. Oui, c’est un vrai mouvement, et vieux comme le monde — façon de parler. Cap Forlorn date quand même de 1931, Thunder Rock de 1940. L’avantage de ce grand bâtiment isolé de toute civilisation qui fait face à l’océan, c’est que l’on peut facilement tourmenter son personnage. La solitude peut le mener à la folie, ou le faire être malmené par des fantômes ou autres ; d’autant plus qu’il y a un paquet de mythes sur les phares. Pour ça, il y a l’horreur subtile et poétique (si on aime les flatulences) de The Lighthouse avec Willem Dafoe et Robert Pattinson, ou la plus frontale de Cold Skin du Français Xavier Gens.

Enfin, ça vaut ce que ça vaut, mais Seul au monde a de quoi angoisser. Non ? L’auteur de ses mots n’est pas fan de l’idée de se retrouver si seul qu’un ballon de volley puisse devenir son seul pote. Le film de Robert Zemeckis n’était pas le premier à explorer cette idée d’île déserte. Si l’on ne devait en garder qu’un, il s’agirait sans nul doute de Duel dans le Pacifique, où deux soldats se retrouvent bloqués sur la même petite plage. Seul peut-être, mais en plus avec un ennemi en face avec lequel on doit collaborer pour survivre. 

Et parce que rien ne vaut un beau nanar, ça n’a rien à foutre là, mais jetez un œil à Enemy, le film de Wolfgang Petersen, qui reprend le même principe mais dans l’espace — un astronaute et un extraterrestre avec qui on est en guerre, se retrouvent isolés et seuls sur une planète loin de tout. Ça n’a vraiment plus grand-chose à voir avec l’océan, mais on est un peu joueur, désolé.

5. Des pièges dans un lieu clos

Là, on quitte le terrain du réalisme, pour aller sur celui de l’horreur glauque. Bêtes et méchants, gratuits, mais très souvent plaisants. Comme Méandre donc, qui vient de sortir en salles et qu’on évoquait déjà en introduction. Mais d’autres s’étaient essayés à l’exercice avant Mathieu Turi. Avec plus ou moins de succès.

L’idée de kidnapper quelqu’un pour le piéger n’est clairement pas nouvelle. L’une des plus vieilles traces qu’on puisse trouver de cela date de 1932. Les Chasses du Comte Zaroff d’Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel raconte les délires d’un chasseur fou qui veut traquer des innocents enfermés, pour le simple plaisir de chasser. Un mouvement est alors lancé. 

Ce qui est intéressant, c’est que même des vieilleries type La Nuit des mystères ou Crimes au musée des horreurs, qui vont souvent aller du côté du “whodunit”, seront rapidement gore – à une époque où le terme n’existe même pas. Ici, ce n’est pas tant le fait d’être enfermé qui est angoissant, mais que pour sortir, il faudra subir des sorts terribles. Une recette qui restera une référence, même aujourd’hui.

La référence reste et restera Cube, la mise en scène de l’aventure de ce groupe d’individus bloqués dans des salles cubiques aux rares issues avec des pièges plus complexes les uns que les autres. Même si ce n’est vraiment pas la définition de la subtilité et de l’intelligence d’écriture en ce qui concerne les dialogues. Là, pour le coup, on suffoque en plus de craindre pour la vie des personnages à chaque changement de salles — oui, même si on se fout un peu des persos. La suite puis le prequel ont des qualités, mais bien plus de défauts. 

Saw, bien évidemment, est un incontournable du genre. Même si là encore, on se concentre plus sur les tortures que sur l’enfermement, difficile de ne pas se sentir à l’étroit dans la salle de bains du premier, dans la maison des horreurs du deuxième, dans la salle d’opération du troisième, et surtout, surtout, dans la salle du caveau au morceau de verre. Définition même d’une saga trop longue et inégale, il faudra reconnaître à l’entreprise lancée par James Wan de savoir user de mise en scène et de twists tordus pour ne pas torturer que ses personnages mais aussi le spectateur.

Pas forcément génial, le film Escape Game va puiser un peu dans Saw justement. Des jeunes participant à un escape game pour un gros gain qui se retrouvent pris au piège dans des salles aux énigmes mortelles. Un bon gloubi-boulga de plein de films existants, le film n’est pas du plus marquant, mais force est de reconnaître que l’enfermement y est intense et les mécanismes assez malins. Beaucoup moins claustro mais mille fois plus intéressant, on lui préférera le génial La Cabane dans les bois, sorte d’Evil Dead qui part dans un délire absolument fou.