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Cinq raisons d’aller voir Lou et l’île aux sirènes, film d’animation japonais psychédélique

Cinq raisons d’aller voir Lou et l’île aux sirènes, film d’animation japonais psychédélique

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Par Benjamin Benoit

Publié le

Psychédélique, bonne humeur, alternatif : on aime beaucoup Lou et l’île aux sirènes.

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Lou et l’île aux sirènes a créé l’évènement en remportant le Cristal du long-métrage du festival du film d’animation d’Annecy, soit l’équivalent de la Palme d’or, selon Première. Le dernier film à avoir été gratifié de cette récompense est Porco Rosso de Miyazaki, en 1995. Le film de Masaaki Yuasa – un réalisateur japonais encore méconnu du grand public français – est plutôt bien distribué par Eurozoom. Voici cinq bonnes raisons d’aller voir cette histoire d’amitié entre une sirène et un adolescent, unis par l’amour de la musique.

#1. Pour le scénario qui fait du bien

Dans les grandes lignes : Kai est un adolescent renfermé sur lui-même depuis le divorce de ses parents. Vivotant dans le train-train de sa ville côtière, il passe le plus clair de son temps à regarder ses pompes et à composer de la musique électro avec son ordinateur. Il accepte à contrecœur d’intégrer le groupe composé par ses amis et va faire une rencontre qui va progressivement lui redonner le sourire. Il fait la connaissance de Lou, une sirène particulièrement fascinée par la musique et la danse, qui prend une forme humaine dès qu’elle entend des notes de musique.

Dans une ville où le folklore est très lié à ces êtres surnaturels, l’apparition de la jeune sirène va créer un sacré grabuge et nous rappeler quelques messages : le monde des adultes n’est pas des plus drôles, la musique adoucit littéralement les mœurs, et il faut suivre ses rêves (même les moins ambitieux). Rempli de bonne humeur (tout en sachant varier les plaisirs et les genres), Lou est une excellente façon d’oublier ses tracas le temps de deux heures. On déconseille cependant d’enchaîner avec 120 battements par minute. Testé et désapprouvé.

#2. Parce qu’il n’y a pas que Miyazaki dans la vie

Le dernier Mamoru Hosoda sort ? On tient le nouveau Miyazaki. Itou quand Your Name bat tous les records : Makoto Shinkai est le nouveau Miyazaki. C’est vrai que Lou ressemble pas mal à Ponyo, mais seulement dans certains aspects du scénario. Grâce à Masaaki Yuasa, nous avons la chance de découvrir les travaux de plusieurs autres piliers de l’animation japonaise, que l’on peut qualifier de petits nouveaux. Intéressons-nous à ce qu’ils ont fait et laissons le vénérable studio Ghibli à son prochain projet !

Pour connaître Masaaki Yuasa avant la sortie de Lou, il faut être un peu otaku et se pencher sur l’actualité de la “japanimation”. L’homme est connu pour l’indispensable Mind Game et la série Ping Pong : The Animation, qui parle du désœuvrement de la jeunesse japonaise. Yuasa est le chantre du délire visuel, mis au service d’un scénario rationnel ou pas. Il a un style unique et de son propre aveu lors du festival d’Annecy, le réalisateur estime que Lou est “le film le plus grand public qu’il lui était possible de faire”, ce qui n’évite pas les séquences sous acide – visuelles comme musicales –, les références à Tex Avery et quelques moments de bravoure.

Dans cet extrait (n’hésitez pas non plus à le laisser de côté pour découvrir le film en salles), on voit comment Lou fait immanquablement bouger les autres quand elle chante et danse. Un petit aperçu de l’animation géniale du film. Si, image par image, ça a l’air de ne ressembler à rien, ne vous y trompez pas, il faut le voir en mouvement.

#3. Parce qu’il n’y a pas que Tokyo au Japon

Lou a le mérite de nous emmener dans un cadre un peu inhabituel tant les films arrivés sur nos écrans récemment se concentrent sur la capitale japonaise. Certes, le héros en est originaire et ce village de pêcheurs incarne plus une pause pour lui qu’autre chose. Mais nous sommes directement transportés dans une ville côtière où toute l’économie et l’animation culturelle tournent autour de la mer.

Falaises, îlot fantastique, parc d’attractions abandonné, braconniers et surtout une foultitude de parapluies – “plus importants que le bento (le panier-repas)”, selon Masaaki Yuasa. Il y a quelque chose de très estival – même si c’est un peu trop tard – qui invite au voyage dans ce film. Une bouffée d’air frais qui retranscrit un Japon qui n’arrive pas souvent jusqu’à nos mirettes, où l’on parle de légendes, de créatures fantastiques, de musique électronique et où l’on shred sur une mandoline, parce que pourquoi pas.

#4. Pour encourager la distribution de l’animation japonaise

Pour une fois, car c’est encore plutôt rare, vous pouvez aller voir un film d’animation japonaise au cinéma. Depuis peu ou prou un an et demi, il y a une grande poussée de films d’animation-japonaise-pas-de-Miyazaki distribués en France, notamment grâce aux efforts d’Eurozoom (qui sort aussi des films live, dont le récent polar Creepy). Si Lou est diffusé dans de nombreuses grandes villes, c’est aussi grâce aux succès des tentatives précédentes et de la réputation du panzer Your Name.

Il n’est pas aisé de distribuer des copies avec ce genre de profil, aussi sympa fussent-elles. L’animation traditionnelle vous intéresse ? Vous voulez aider au rayonnement d’auteurs talentueux dont on ne parle pas encore assez ? Tentez votre chance, et en bonus, vous avez toujours l’assurance de passer un bon moment. Le jury d’Annecy, composé d’Alberto Vazquez (Psiconautas), de Céline Sciamma (Tomboy, Ma vie de courgette) et de Mohamed Beyoud ne s’y est pas trompé.

#5. Parce que la version française déboîte

Si vous en avez et que vous vous posez la question : “Mais est-ce bon pour mes kids ?”, pas de problème, aucune image choquante ne viendra perturber vos têtes blondes. Au pire, ils ne comprendront pas toutes les ramifications de ce qui est mis en images, mais c’est le propre des meilleurs films d’animation : ils parlent à tout le monde.

Et niveau langue, les puristes peuvent le voir en vostfr, même si la version française est excellente, dynamique et sait trouver un équilibre entre le désir de retranscrire un script très énergique, tout en gardant parfois un ton pince-sans-rire mais jamais déplacé. Bref, des tas de gens y ont mis tout leur petit cœur. N’hésitez pas à ouvrir le vôtre à ce film !

Masaaki Yuasa est également attendu au tournant pour Devilman : Crybaby sur Netflix prévu pour l’année prochaine.