Pourquoi le dernier Saw a perdu son autorisation d’exploitation en France

Pourquoi le dernier Saw a perdu son autorisation d’exploitation en France

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Par Arthur Cios

Publié le

Une asso contre le dernier Saw

Lors de la sortie en salle, l’association Promouvoir demande l’annulation de la décision de la commission de classification des oeuvres cinématographiques, institution qui décide dudit visa d’exploitation, estimant que la “grande violence” que le film propose ne devrait pas être accessible aux mineurs, oubliant donc que des centaines de films du genre l’ont été auparavant.
Commence alors une longue bataille juridique. Le tribunal administratif rejette la demande de l’association en décembre 2011. Elle décide de faire alors appel, mais sera à nouveau déboutée par la cour administrative d’appel de Paris en juillet 2013. Après ce deuxième refus, Promouvoir ne baisse pas les bras et utilise la dernière possibilité juridique, à savoir se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État. Finalement, ce dernier acceptera le 1er juin 2015 d’annuler le visa d’exploitation, soit près de cinq ans après la sortie en salle du film.
Une décision ridicule, à plusieurs égards. Déjà, parce que l’annulation du visa d’exploitation interdit la diffusion en salle du film (pas grave, il a déjà fait ses entrées) mais pas la vente du film en DVD/Blu-ray.
Sur le communiqué du Conseil d’État, on peut lire :

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La décision du Conseil d’État n’implique cependant pas que le ministre de la culture prenne les mesures nécessaires pour retirer le film litigieux des salles. Elle impose seulement que le ministre de la culture réexamine le dossier et délivre un nouveau visa d’exploitation plus restrictif que le visa initial.”

Autant dire que l’action ne sert pas à grand chose. Enfin presque…

Promotion des valeurs judéo-chrétiennes, entre autres…

Si l’on regarde de plus près cette association, quelques détails sont troublants. Promouvoir se veut être une association qui promeut les valeurs judéo-chrétiennes, en luttant contre la pornographie et la violence diffusées notamment auprès des mineurs. Le reste du temps, elle dénonce la supercherie du Da Vinci Code, fustige l’avortement, ou critique le complot autour du clonage, le tout en promettant leurs livres.
Il se trouve qu’en l’occurrence, ce n’est pas la première fois que Promouvoir s’acharne sur un film comme celui-là. Baise-moi, Ken Park, ou encore Antichrist ont subi ses foudres, pas toujours avec la même finalité néanmoins. On notera qu’elle lutte actuellement pour l’interdiction aux mineurs de La vie d’Adèle.
Bref, il existe plein de raisons de détester ce film, déjà parce que la violence ne plaît à tout le monde, et encore plus la violence gratuite sans véritable recherche artistique, aussi parce que la plupart des fans de la franchise jugent que le dernier opus est le plus mauvais. Mais s’acharner en 2015 contre un film comme Saw 3D: Chapitre final, à l’heure des Serbian Movie ou The Human Centipede semble ridicule, surtout si l’on garde à l’esprit que gore et septième art ont toujours fait bon ménage.