Ces 10 personnes ont marqué le cinéma en 2017

Ces 10 personnes ont marqué le cinéma en 2017

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( La La Land © SND )

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Par Mehdi Omaïs

Publié le

Impossible de passer à côté de ces dix personnalités.

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2017 aura été une année passionnante pour le cinéma. Riche, plurielle, hétérogène, faisant la part belle à la comédie musicale comme au cinéma de genre, révélant et confirmant des talents, convoquant en son sein tout un spectre d’émotions.

On pourrait s’attarder des heures sur chacun de ses acteurs, de ses architectes, qui en ont façonné les fondations. Ils ont été nombreux – comédiens, cinéastes, chefs op’, scénaristes, compositeurs – à l’avoir sertie de leur savoir-faire, à lui avoir donné cette brillance, cette ampleur.

De manière très subjective, nous nous sommes interrogés. Nous avons ainsi joyeusement exploré ses encoignures et cherché à séquencer celles et ceux qui en ont fait l’ADN, le sel, la tessiture, les palpitations. Retour sur ces dix personnalités qui ont marqué douze mois d’actualités au service du septième art.

Julia Ducournau

La Semaine de la critique a clairement souri à la talentueuse Julia Ducournau. C’est en effet là qu’a tout commencé pour la cinéaste. En 2016, son premier long-métrage, le saisissant Grave, est sélectionné dans le cadre du Festival de Cannes.

La presse et le public y ont vu d’emblée, et très justement, la marque d’une véritable autrice. Une dynamique qui s’est poursuivie dans de nombreux festivals, de Toronto à Gérardmer – où le film a remporté le Grand Prix –, jusqu’à sa sortie en salle en mars 2017.

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Grave nous plonge brillamment dans les entrailles rougeoyantes d’une école vétérinaire, aux côtés d’une étudiante (l’excellente Garance Marillier) qui découvre ses penchants cannibales. M. Night Shyamalan a avoué dans un tweet qu’il avait beaucoup flippé. Et Edgar Wright a encensé l’entreprise. On ne s’inquiète donc pas pour la suite de la carrière de Julia Ducournau, dont l’on attend le prochain projet avec l’appétit de son héroïne.

Ryan Gosling

Si 2017 était un royaume, Ryan Gosling en serait le monarque. À son compteur : trois longs-métrages différents qui traduisent sa volonté d’embrasser un cinéma varié. Dans Song to Song, Terrence Malick en a fait un chanteur en quête de lui-même et l’a immortalisé avec une mise en scène qui signifie si bien l’évanescence, la friabilité et les dédales.

Damien Chazelle, auréolé de l’Oscar du meilleur réalisateur pour son sublime La La Land, l’a à son tour magnifié, le filmant en doux rêveur à travers les couleurs transgressives d’une ville de Los Angeles brisant impitoyablement les destins de ses résidents. Chanteur, danseur et acteur de génie, il y dévoile une palette de tons insensée.

Et Denis Villeneuve d’achever d’en faire une figure de cinéma inoubliable dans Blade Runner 2049. Sa prestation d’officier K, ultra-expressif derrière le vernis d’une inexpressivité apparente, a vraiment enthousiasmé.

David Lowery

C’est l’histoire d’un merveilleux hold-up. En septembre dernier, au Festival du cinéma américain de Deauville, A Ghost Story est programmé. À ce moment, Universal ne sait toujours pas si son poulain va sortir en salle. Mais les nombreux retours dithyrambiques qui ont suivi la projection convainquent finalement la major de dégainer ce bijou le 20 décembre.

Cadeau de Noël rêvé pour tous les cinéphiles, cette œuvre a fait passer son réalisateur, le Texan David Lowery, de cinéaste prometteur à maestro.

En s’appliquant à retracer l’errance fuligineuse d’un fantôme campé par Casey Affleck, il est parvenu à signer un poème filmique qui interroge profondément et durablement. Après Les Amants du Texas et Peter et Elliott le dragon, l’intéressé éblouit par la rigueur d’une mise en scène qui ose tout et qui, avec virtuosité, épouse les ellipses dans un geste de fluidité constante. Céleste.

Robert Pattinson

Il aurait pu rester prisonnier de l’image d’Épinal du beau gosse de service. Fort heureusement, à 31 ans, Robert Pattinson a préféré dire au revoir aux vampires de Twilight et aux projets trop mainstream.

Galvanisé par ses collaborations fructueuses avec David Cronenberg (Cosmopolis, Maps to the Stars), l’Anglais a continué à creuser son trou douillet au cœur du cinéma d’auteur. En atteste son rôle dans le fascinant The Lost City of Z de James Gray, où il est quasiment méconnaissable.

Cette année, dans sa farouche volonté de faire disparaître son alter ego bankable, Pattinson a ainsi pris un malin plaisir à changer d’apparence. Dans Good Time des frères Safdie, son look est crado, son regard halluciné et ses cheveux blond platine. Il y campe un bras cassé prêt à tout pour faire évader son frère de taule après un braquage raté. Et il le fait avec un immense talent.

Jordan Peele

C’est le scénario rêvé. Jason Blum, le célèbre producteur spécialisé dans le low cost horrifique, a fait de Get Out l’un des succès les plus retentissants de 2017. Avec des recettes mondiales s’élevant à 254 millions de dollars, soit 56 fois le montant de son budget, ce film de genre malin et culotté dont on parle pour les prochains Oscars épingle le racisme ambiant avec force et dérision. Une victoire méritée pour son réalisateur et scénariste, Jordan Peele.

Connu notamment pour la série télévisée humoristique à sketchs Key & Peele (diffusée sur Comedy Central), dans laquelle il s’est distingué aux côtés de Keegan-Michael Key, le New-Yorkais de 38 ans a avoué s’être inspiré de La Nuit des morts-vivants (1968), de George A. Romero, et d’un spectacle de stand-up d’Eddie Murphy pour ce premier passage concluant derrière la caméra. C’est sûr qu’il n’aura pas de mal à trouver de l’argent pour sa seconde réal’ !

Nahuel Pérez Biscayart

Il est la foudroyante révélation de ces douze derniers mois. Aperçu en 2010 dans Au fond des bois de Benoît Jacquot, Nahuel Pérez Biscayart a fait son entrée, sans escale, dans le cœur des cinéphiles.

En mai dernier, au Festival de Cannes, sa prestation stratosphérique dans l’incroyable 120 battements par minute de Robin Campillo avait mis KO le public presque aussi efficacement qu’un crochet de Mike Tyson. On se souvient encore des yeux rougis des spectateurs, émus et tremblants.

Avec une spontanéité déconcertante, le Franco-Argentin de 31 ans y dit l’urgence de vivre, de sentir et d’aimer, dans la peau de Sean, un militant séropositif de l’association Act Up. Quelques semaines plus tard, il épatait la galerie derrière ses masques dans Au revoir là-haut, d’Albert Dupontel, ses yeux agissant comme des vecteurs d’émotion.

Trevante Rhodes

Dans sa valse mélancolique en trois temps, Moonlight de Barry Jenkins a révélé une force fragile : Trevante Rhodes. Incarnation de cet oxymore, le jeune homme de 27 ans a impressionné par son charisme naturel et son imposante silhouette.

Solide comme un roc dehors, fragile comme une feuille d’or dedans, Rhodes est allé tutoyer les étoiles aussi rapidement qu’il a couru les 100 mètres, 200 mètres et 4 x 100 mètres à l’université du Texas à Austin, où ses exploits résonnent encore.

Les regards de son personnage, ses non-dits ou ses phrases inachevées, dans leurs brisures, témoignent de la difficulté d’être gay dans un socle social où la virilité est un gage d’acceptation. Conforté par son talent, le réalisateur Shane Black l’a invité à rejoindre le casting de la suite de Predator, prévue pour le 15 août prochain, dans laquelle il côtoiera Olivia Munn, Sterling K. Brown et Boyd Holbrook.

Emma Stone

Ryan Gosling et Emma Stone ont souvent joué ensemble. Après lui avoir donné la réplique dans Crazy, Stupid, Love et Gangster Squad, la native de Scottdale, en Arizona, a littéralement illuminé La La Land à ses côtés.

Avec ses grands yeux qui disent tout, de la surprise jusqu’à la tristesse, l’actrice a donné une folle consistance au personnage de Mia Dolan, une serveuse désargentée enchaînant les castings dans l’espoir de finir en haut de l’affiche.

Son pep invraisemblable, son jeu d’une maîtrise confondante et sa voix si emballante n’ont d’ailleurs pas échappé à l’Académie des Oscars, qui lui a décerné la statuette dorée de la meilleure actrice. Et fin novembre, elle a de nouveau sidéré le public, disparaissant complètement sous les traits de la joueuse de tennis féministe Billie Jean King dans Battle of the Sexes. Jeu, set et match.

Agnès Varda et JR

Dans leur formidable documentaire Visages, villages, l’éternelle Agnès Varda et le sémillant JR sont tellement fusionnels qu’ils finissent presque par ne former qu’un seul et unique personnage. Qu’il fut beau et bon de les admirer sillonner la France sous toutes ses coutures, à bord de leur camion Photomaton. De les regarder, bouleversés, immortaliser des visages, des vies, des histoires.

Leur démarche, hautement louable, s’est mue en un geste profondément humaniste, en une ode aux souvenirs et aux miracles d’hier et d’aujourd’hui. Les prestigieuses New York Film Critics Circle et Los Angeles Film Critics Association lui ont d’ores et déjà octroyé un award du meilleur documentaire. De quoi espérer un sacre aux Oscars. On prendra alors beaucoup de plaisir à crier “Cocorico !”

Andreï Zviaguintsev

En un plan – celui de l’enfant derrière la porte –, Andreï Zviaguintsev s’est imposé avec Faute d’amour (prix du jury lors du dernier Festival de Cannes) comme l’un des réalisateurs majeurs de la cuvée 2017. S’il avait déjà considérablement marqué les esprits avec Le Bannissement (2007), Elena (2012) et Leviathan (2014), son dernier film l’a catapulté vers des hauteurs insoupçonnées.

Il y est question de deux Moscovites aisés qui s’écharpent sans prendre en considération la solitude qui drape leur rejeton de 12 ans. Soutenu par le travail colossal de son chef opérateur, Mikhaïl Kritchman, le cinéaste dépeint une Russie craquelée, contaminée dans sa chair par l’individualisme massifié, les travers étatiques et les mutations sociétales. Il se place ainsi en médecin légiste de sa propre nation pour tenter d’apporter son témoignage.