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Ce qu’il faut savoir sur Utøya, un 22 juillet, le film puissant d’Erik Poppe

Ce qu’il faut savoir sur Utøya, un 22 juillet, le film puissant d’Erik Poppe

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Par Lucille Bion

Publié le

Sorti en salles ce mercredi, le nouveau long-métrage du cinéaste danois Erik Poppe retrace l’attaque terroriste qui a eu lieu sur l’Île d’Utøya le 22 juillet 2011. Voici tout ce qu’il faut savoir sur le film.

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À quelques heures d’intervalles, le 22 juillet 2011, la Norvège est secouée par une explosion à la bombe qui fait huit morts et quinze blessés à Regjeringskvartalet, le quartier des institutions gouvernementales d’Oslo, et par un attentat terroriste sur l’île d’Utøya, où campaient une centaine de jeunes du parti travailliste.

L’auteur de ce massacre sur l’île, le néonazi Anders Behring Breivik, déguisé en policier, tue ce jour-là 69 personnes et en blesse 33 autres par balles. Ces attentats d’Oslo et d’Utøya sont aujourd’hui considérés comme l’une des attaques les plus meurtrières du pays depuis la Seconde Guerre mondiale.

De même, à quelques mois d’intervalles, deux films reviennent aujourd’hui, à leur manière, sur les tueries perpétrées par cet ultranationaliste d’extrême droite. Celui de Paul Greengrass, Un 22 Juillet est disponible sur Netflix depuis le 10 octobre tandis que le film de Erik Poppe, Utøya, 22 Juillet, est sorti aujourd’hui en salles.

Ce dernier a été présenté en compétition officielle à la Berlinale et a suscité autant de larmes et d’indignation que d’applaudissements. Ce tourbillon d’émotions reflète à quel point Utøya, 22 Juillet, est un film important.

Ce long-métrage tourné en plan-séquence, au sujet controversé puisqu’il réorchestre la récente tragédie norvégienne, met en avant un message politique fort. Le réalisateur utilise les évènements passés pour poser un regard sur notre présent et pointer du doigt la dangereuse montée de l’extrême droite en Europe.

Entre procédés innovants, timing précis et symbolique, construction du récit et tournage, voici ce qu’il faut savoir sur ce film qui ne vous laissera pas indifférent.

#1. Le point de vue d’une jeune fille

Kaya dans la forêt en pull, regardant derrière elle

( © Potemkine Films )

Parmi les 500 jeunes travaillistes qui campaient sur l’île, le cinéaste choisi de se concentrer sur une jeune fille, Kaya. Tout commence par une dispute : Kaya reproche à sa sœur Emilie de ne pas être respectueuse et de n’écouter personne, alors qu’une bombe vient d’exploser à Oslo deux heures plus tôt. Le ton monte et chacune trace son chemin.

Quelques minutes après, les premiers tirs retentissent et Kaya se met à l’abri avec un groupe d’amis. À partir de là, une seule chose va l’obséder : retrouver sa sœur. La caméra suit ainsi Kaya à la trace dans son parcours haletant et périlleux.

#2. Une fiction basée sur des témoignages

Si Utøya, un 22 juillet s’inspire de faits réels, le film est avant tout une fiction. Pendant un an et demi, le réalisateur a ainsi travaillé en amont sur le projet en rencontrant plusieurs victimes mais aussi leurs familles, des psychologues et des policiers.

Le récit a été écrit selon les rapports de police et ne montre donc que le point de vue des adolescents, dans l’incompréhension et la panique. Dans cette perspective, la figure, l’identité et l’arrestation du tueur ne seront jamais montrés, pas plus que ses intentions ne seront divulguées. Le film traduit les expériences individuelles de jeunes déboussolés, isolés et guidés seulement par leur instinct de survie.

#3. Les conditions de tournage

Même si le réalisateur s’appuie sur des témoignages par souci de réalisme, la production et l’équipe du film ont décidé de poser leurs caméras sur une île voisine d’Utøya pour des raisons éthiques.

La tête d’affiche du film, Andrea Berntzen, 19 ans, est une actrice débutante, comme tout le reste du casting. La rumeur dit même que tous les acteurs du film auraient pris connaissance du sujet du film après avoir été castés.

Comme la durée de l’attaque dans la réalité, le film est un plan séquence de 72 minutes et a donc nécessité de nombreuses répétitions en amont dans un studio. Le tournage aurait ensuite duré cinq jours. La prouesse technique du plan séquence intégral avait déjà été expérimentée dans Victoria, le film de Sebastian Schipper, référence en la matière, sorti en 2015.

Outre ce coup de maître de réaliser un film en temps réel, en une unique prise, le rythme et l’énergie du film sont bluffants. Utøya, 22 Juillet est une claque visuelle qui nous prend aux tripes. Tout simplement : il sera l’un des films les plus mémorables de l’année.