Arte tente de percer le mystère de l’extraordinaire succès de West Side Story

Arte tente de percer le mystère de l’extraordinaire succès de West Side Story

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Par Manon Marcillat

Publié le

Comédie musicale parmi les plus jouées au monde et film aux 10 Oscars : de quoi est fait le succès de West Side Story ?

À l’occasion de la sortie en salles du remake de West Side Story par Steven Spielberg, Arte a tenté de percer le mystère du succès phénoménal de la comédie musicale de Leonard Bernstein. Après sa création à New York en 1957, son œuvre remportera l’adhésion et demeurera le plus grand triomphe de Bernstsein, un succès doux-amer pour son créateur car elle éclipsera en même temps le reste de ses compositions, y compris les plus chères à ses yeux, qui ne parviendront jamais à dépasser la notoriété de cette tragédie.

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À 39 ans, lorsque Leonard Bernstein a l’idée de transposer le Roméo et Juliette de Shakespeare de Vérone au Spanish Harlem des années 1950, sur fond de guerre des gangs, de racisme, de tragédie et d’amour impossible, il n’est pas inconnu à Broadway. On lui doit déjà trois comédies musicales mais aussi des bandes originales de films et plusieurs œuvres symphoniques, plus importantes aux yeux du directeur musical de l’orchestre philharmonique de New York qu’il a été que son musical au succès mondial.

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Lui et le chorégraphe Jerome Robbins rêvaient d’un grand opéra américain, inspiré des sons de la rue, qui mêlerait jazz et musiques latino-américaines pour rompre avec les codes de la comédie musicale, non seulement par sa partition contrastée, qui rend tangible le combat entre les Sharks et les Jets, mais aussi par son propos. Car, au-delà de la délinquance juvénile, véritable fléau de l’Amérique des années 1950, West Side Story évoque également l’angoisse de la menace nucléaire qui pesait alors sur les États-Unis.

Dans une première version, Leonard Bernstein avait d’ailleurs écrit les paroles d’un mambo atomique. Mais peu convaincu par son talent de parolier, il engagera le librettiste Stephen Sondheim qui transcendera cette œuvre atypique à bien des égards. Côté scénario, ils choisiront de tuer trois des protagonistes, un parti pris qui ne garantissait en rien le triomphe que remportera West Side Story le 26 septembre 1957 au Winter Garden Theatre de Broadway, après une avant-première réussie à Washington et avant de se hisser au rang des comédies musicales les plus jouées au monde.

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Mais West Side Story n’est pas seulement une relecture moderne de Roméo et Juliette, elle place aussi New York en personnage principal de l’œuvre. En 1961, pour offrir la part belle à la Grosse Pomme, le réalisateur hollywoodien Robert Wise tournera son adaptation de l’œuvre de Bernstein en décors réels, au cœur de la poudrière de l’Upper West Side où vivaient alors, dans une proximité explosive, Portoricains, Afro-Américains et Blancs.

Ayant à cœur de retranscrire ces tensions le plus fidèlement, Robert Wise a plongé ses comédiens et danseurs en immersion totale dans leur rôle, notamment pour les scènes de combats réels où la présence de médecins était nécessaire pour soigner les blessures des acteurs. Ainsi, le film réussit à faire honneur au triomphe de la comédie musicale qui lui a précédé puisque, à son tour, il remportera dix oscars en 1962, remplira les salles de cinéma du monde entier et sa bande originale occupera la première place des ventes d’album pendant plus d’un an.