Comment Ang Lee veut redéfinir le cinéma avec le High Frame Rate

Comment Ang Lee veut redéfinir le cinéma avec le High Frame Rate

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Par Charles Carrot

Publié le

Le cinéma à l’ancienne ne convient plus au réalisateur de L’Odyssée de Pi, qui a tourné son prochain long métrage en 4K, 3D et 120 images par seconde. Une vraie prouesse technologique.

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Ang Lee a fait la présentation de son film et de ce nouveau format samedi 16 avril à la Future of Cinema Conference de Las Vegas. Comme le relaie notamment Premiere, un extrait de 11 minutes de Billy Lynn’s Long Halftime Walk, fresque ambitieuse sur la guerre en Irak, a donc été projeté devant une audience de professionnels ébahis. Les réactions sont particulièrement enthousiastes, à la fois sur le film et la technologie employée : ancien cadre chez Disney, Howard Lukk vante ainsi les mérites d’un extrait “vraiment puissant” et estime avoir vu la “plus belle 3D de sa vie” – un avis partagé par Pat Griffiss, vice-président du département technologies de Dolby.

Un format prometteur mais balbutiant

Ce n’est pas la première fois que l’appellation “High Frame Rate” (HFR) fait surface : ce nom de format avait déjà été utilisé pour la sortie en 2012 du Hobbit : Un voyage inattendu. Le premier volet de la récente trilogie de Peter Jackson avait fait grand bruit car il était tourné, comme ses suites, en 3D et 48 images par seconde, soit le double du standard traditionnel pour le cinéma. Cette version du format HFR était déjà annoncée comme le futur des salles obscures – mais elle n’a pas convaincu du tout le public, et la communication sur les deux opus suivants du Hobbit a totalement délaissé cet aspect des films. Immersion factice, image déroutante, le HFR édition 2012 représentait une étape mais laissait une forte impression d’inachevé.

Le format défendu par Ang Lee s’imposera-t-il cette fois ? De Tigre et Dragon au Secret de Brokeback Mountain, le cinéaste oscarisé pour L’Odyssée de Pi n’en est pas à sa première réussite. Dans cette recherche d’immersion totale, le contexte réaliste de Billy Lynn jouera peut-être davantage en sa faveur que l’univers synthétique du Hobbit.
Avec ses 120 images par seconde, cette version du HFR paraît mieux armée pour bouleverser les habitudes, sur le papier du moins.

Il n’y a qu’un seul problème, mais de taille : aucune salle au monde n’est aujourd’hui équipée du matériel adéquat. Un dispendieux double projecteur a dû être assemblé spécialement pour la projection à la Future of Cinema Conference, et même si les cinémas investissent dans ce type d’équipement, la production et le traitement de copies vidéo en 4K, 3D et 120 images par seconde coûte si cher que ce nouveau format HFR risque de se contenter d’un “simple” ratio de 60 images par seconde dans le circuit commercial. Toujours un progrès, mais on ne va pas mentir : c’est tout de suite moins excitant.