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Instaweek #20 : le surprenant monde miniature des “little people” de Slinkachu

Instaweek #20 : le surprenant monde miniature des “little people” de Slinkachu

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Par Juliette Geenens

Publié le

Chaque semaine sur Konbini, on met en lumière un compte Instagram qui nous plaît particulièrement. Ce week-end, Slinkachu, plasticien pas comme les autres, nous a fait doucement sourire avec ses toutes petites figurines.

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Si vous traînez un peu dans les rues des grandes villes de la planète, vous croiserez peut-être un homme, accroupi au sol, en train de jouer avec des figurines. Ce grand enfant ne fait pas mumuse, car il s’agit en fait de Slinkachu (@slinkachu_official), un artiste plasticien de 36 ans. Son truc à lui, c’est créer des petits bonhommes et des objets en pâte à modeler, pour les disposer ensuite dans des lieux urbains de tous les jours. Il a d’abord commencé à peupler les rues de Londres de ses “little people”, avant d’investir celles du monde entier. Il les immortalise en photo, donnant vie à des scènes insolites, parfois liées à un sujet de l’actualité et, dans ce cas-là, c’est sans langue de bois.

Konbini | Pourquoi avoir décidé de créer ce compte ? 

Slinkachu | J’ai créé ce compte simplement pour partager mon travail. J’ai d’abord commencé par documenter mon processus de création, puis je me suis mis à faire des expositions et j’ai publié plusieurs albums. J’utilise les autres réseaux sociaux, mais Instagram est ma plateforme préférée en ce moment.

Comment sont nés les gens minuscules que tu mets en scène ? 

Slinkachu | J’ai commencé à travailler avec des figurines miniatures il y a dix ans, en 2006. Au début, c’était un simple hobby. J’ai été directeur artistique dans la publicité et j’adorais faire de l’art, à côté du boulot, comme un moyen d’expression. J’ai appris tout seul à utiliser un appareil photo et je me suis intéressé à la façon dont je pouvais raconter des histoires avec mes petits personnages.

Je personnalise des figurines utilisées dans le modélisme. Je les trouve encore vierges puis je les coupe, je rajoute ou change des détails avec de la pâte à modeler pour les peindre ensuite. J’ai aussi recours à des accessoires comme des objets de récupération, des déchets et même des insectes. J’en fabrique aussi moi-même. Après avoir disposé mes figurines dans la rue, je les abandonne. Elles finissent par être retrouvées par des inconnus, ou le plus souvent, perdues ou détruites.

Tu crées des situations parfois drôles, parfois ironiques. Y a-t-il une intention à critiquer une facette de notre monde ou de notre société ?

J’explore la façon dont nous vivons dans nos espaces urbains, et je vois à quel point on peut se sentir isolé et perdu dans la ville. Peut-être, au fond, sommes-nous tous de petites personnes miniatures abandonnées dans la rue ? Il y a toujours un peu d’humour malgré tout dans mes petites mises en scènes. J’aime à penser que mon travail possède différents niveaux de lecture. Je trouve la façon dont vivent les gens dans le monde moderne passionnante, avec les problèmes de tous les jours auxquels ils doivent faire face. Mes petites figurines suscitent certaines émotions à ceux qui les contemplent, j’aime bien le fait qu’on puisse même éprouver de l’empathie pour elles.

Où puises-tu ton inspiration ? 

Je m’inspire beaucoup de ce que j’entends aux infos, et de ce que je vois dans la vie et surtout dans la rue. Parmi les artistes qui m’influencent le plus, il y a le dessinateur de BD Chris Ware, que j’admire depuis longtemps. C’est un conteur de génie. J’aime aussi les travaux d’Edward Hopper. En fait, j’ai tendance à être attiré par les œuvres qui cachent un double message, avec un côté mélancolique.

De quelle image es-tu le plus fier ?

Mes images favorites sont celles qui ont été installées dans des lieux qui sortaient un peu de l’ordinaire. J’ai shooté à Khayelitsha, en Afrique du Sud, et une partie du bénéfice des ventes de l’impression de la photo prise là-bas est revenue à une association qui vient en aide à des enfants atteints du sida. C’est toujours une bonne chose d’apporter son soutien à ce genre de cause. Parfois, des incidents fortuits se produisent, cela peut-être un rayon de soleil qui surgit au bon moment et qui donne vie à toute la scène. C’est ce qui est arrivé pour “The Last Resort”.

Peux-tu nous citer les comptes Instagram que tu préfères ?

Instagram est un outil formidable grâce auquel j’ai découvert des nouveaux artistes dont je suis tombé amoureux, instantanément. Ce serait trop dur de n’en choisir qu’un, mais récemment, je ne me lasse pas du boulot que font Dan Lam (@sopopomo), Jasjyot Singh Hans (@jasjyotjasjyot) et Cinta Vidal (@cinta_vidal).