Dans les coulisses du Mondial du Tatouage avec Tin-Tin et Philippe Découflé

Dans les coulisses du Mondial du Tatouage avec Tin-Tin et Philippe Découflé

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© Benjamin Marius Petit

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Par Naomi Clément

Publié le

Le tatoueur et le chorégraphe s'apprêtent à relever un nouveau pari : réaliser une rencontre harmonieuse entre danse et tatouage.

Philippe Découflé et Tin-Tin devant la Chaufferie.

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Pénétrer dans l’enceinte de la Chaufferie de Saint-Denis, c’est réellement s’immiscer dans un monde à part, presque imaginaire. Un univers parallèle fait d’escaliers tourbillonnants, de costumes aux mille couleurs, de studios au plafond infini. Construite en 1952 par l’architecte André Lurçat, cette ancienne usine thermique, qui a longtemps servi à alimenter la ville de Saint-Denis en chauffage, est depuis 1993 le quartier général de Philippe Découflé, figure iconique de la danse contemporaine.

C’est dans ce bâtiment de 700 mètres carrés que, lorsqu’il n’est pas en Chine ou aux États-Unis, le chorégraphe français imagine les chorégraphies de sa compagnie DCA, teste ses décors et ses lumières, donne vie à ses idées. “Ça manque tout de même un peu de hauteur”, nous confie-t-il, les yeux rivés vers ce plafond qui à nous, nous paraît si haut.

Dans une salle située au premier étage, on retrouve Tin-Tin, que Philippe Découflé a rencontré quelque temps plus tôt par le biais de sa fille, nouvelle recrue du salon Tin-Tin Tatouages. Le tatoueur s’affaire sur les corps dénudés d’Alice et Sean Patrick, deux danseurs de la compagnie DCA, sur lesquels il appose des tatouages éphémères qui représentent aussi bien de larges dragons que des hannya, ces fantômes issus du folklore nippon, ou encore des pivoines géantes. “On fait des essais avant l’ouverture du Mondial du Tatouage ce week-end”, nous dit-il.

Inspiré de l’univers japonisant de Tin-Tin, ces tatouages basés sur le principe de la décalcomanie ont été créés sur-mesure par le tatoueur dans le but d’orner la peau de plusieurs danseurs de Philippe Découflé, qui animeront du 15 au 17 février prochain la nouvelle édition du Mondial du Tatouage au rythme de chorégraphies tantôt virevoltantes, tantôt minimalistes. “Il y aura trois performances par jour, sur des musiques live signées Nosfell et Pierre Le Bourgeois”, détaille le chorégraphe.

La rencontre de deux arts

Après avoir ajusté les tatouages sur le dos, le ventre, et les jambes d’Alice et Sean Patrick, qui ensemble donneront vie à un duo “basé sur le contraste”, Tin-Tin et Philippe Découflé assistent ensemble aux répétitions d’Éric, un autre danseur issu de la compagnie, qui de son côté assurera la danse la plus minimaliste de l’évènement. “Ce serait super de le recouvrir de pivoines”, se dit Tin-Tin en découvrant la chorégraphie aux mouvements précis, poétiques d’Éric.

Assis côte à côte, le regard tourné vers la scène de La Chaufferie, les deux hommes sont en train de faire naître quelque chose d’inédit : une rencontre entre deux mondes qui, dans la tête de nombreuses personnes, paraît encore improbable. Une collaboration entre un génie de la danse contemporaine, et un monstre de la scène tatouage. “C’est vrai que quand Tin-Tin m’a approché, je ne m’y attendais pas du tout. Sa proposition était assez inattendue”, raconte Philippe Découflé. Et d’ajouter :

“Mais je suis ravi que cette collaboration ait lieu, d’autant qu’elle va permettre d’atteindre un public nouveau, plus grand aussi. En général, il y a quoi, 1 000 personnes maximum qui peuvent assister à une de mes représentations ? Là, je vais pouvoir toucher 30 000 personnes en un week-end. Ce n’est pas rien.”

Tin-Tin, lui aussi, se dit ravi. Depuis ses débuts, le tatoueur, également fondateur du SNAT (Syndicat National des Artistes Tatoueurs) n’a cessé d’œuvrer pour la reconnaissance du tatouage, qu’il considère comme le dixième art. “Après avoir couplé le tatouage à la peinture, la musique, la photographie, la mode… Cette année, c’est avec la danse que nous nous associons”, rappelle-t-il. Une énième preuve, s’il en fallait, que le tatouage doit être considéré comme un art à part entière.

Crédit photo : Benjamin Marius Petit

Le Mondial du Tatouage, à découvrir du 15 au 17 février 2019 à la Grande Halle de la Villette de Paris. Plus d’infos sur le site de l’évènement.

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