Lisa Czech, l’artiste qui met les femmes à l’honneur sur la scène punk

Lisa Czech, l’artiste qui met les femmes à l’honneur sur la scène punk

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Par Micha Green

Publié le

Artiste pluridisciplinaire et sans concessions, Liza Czech donne aux femmes la place qu’elles méritent dans la culture punk.

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Anti-autoritarisme, non-conformisme et individualisme, voilà les piliers de la culture punk underground, qui aborde la musique, les arts visuels, la mode et la danse à sa manière bien particulière. Sur le spectre du mouvement punk, qui a connu son heure de gloire dans les années 1970 et 80, les opinions varient mais certains aspects de l’idéologie sont partagés par tous : lutter contre l’establishment, faire preuve d’un sens de la débrouille (ou l’éthique du Do It Yourself), passer directement à l’action et, quoi que l’on fasse, ne jamais se laisser acheter.

Lisa Czech est une artiste et musicienne complètement punk, comme le montre son travail unique qui nage à contre-courant et porte souvent un message fort et éducatif.

À une époque où les couleurs franches sont à la mode, les dessins de Lisa Czech reposent sur une esthétique noir et blanc. À une époque où l’argent est roi, l’artiste ne se préoccupe que de son travail et de ce qui la rend heureuse. À une époque où l’on cherche à montrer tout le monde sous un jour positif, l’artiste ne craint pas de révéler la laideur des gens en dehors comme en dedans. Dans un domaine dominé par les hommes, Lisa Czech encourage le girl power.

Cette artiste va même à l’encontre de certains aspects du mouvement punk en soi, critique la hiérarchie qui la domine. Lisa Czech explique à Konbini :

“Les punks se préoccupent des mêmes choses que les gens qui font partie de la société normale. Politique, question de classes et hiérarchie sociale : comment l’on s’habille par exemple, qui sont tes amis, avec qui tu couches.”

Bien qu’elle se montre critique, Lisa Czech reste punk. Et même si vous ne vous reconnaissez pas dans la culture punk, son travail peut quand même vous parler.

Cette trentenaire bouillonne de projets pour cet été et cet automne. Basée à Mexico, elle est d’abord allée rejoindre sa famille et ses amis à Montréal pour créer, jouer et se faire un peu d’argent avec un petit boulot. À côté de tous ses projets artistiques, cette artiste punk travaille en tant que femme à tout faire.

Lisa Czech a une exposition de prévu à la fin du mois, pour laquelle elle prépare de nombreux dessins originaux. Elle travaille également sur des illustrations pour Heeb Magazine. Outre ses projets visuels, Lisa sortira bientôt un EP avec son groupe Viruela. Elle travaille à la fois sur la musique et le design de l’album, même si elle trouve étrange de faire les deux en même temps.

“Si je peux, j’évite de dessiner l’identité visuelle de mon groupe, parce que j’ai l’impression d’être complètement égocentrique, mais c’est vrai que c’est souvent sur l’artiste du groupe que retombe ce travail.”

En vraie punk, avec son éthique Do It Yourself, Lisa Czech travaille aussi sur d’autres projets en solo. L’un des plus importants est sa BD Punk Village, dont elle espère sortir deux tomes bientôt.

“J’aime les sortir par deux. Les gens lisent une BD en cinq minutes. Moi, quand je lis une BD et que j’ai fini en cinq minutes, j’ai envie d’en lire plus.”

Punk Village raconte des histoires qui comptent pour Lisa Czech, dont certaines sont inspirées par sa propre expérience ou celle de ses amis. Cette BD met en avant, de manière étrange et créative, la négativité et la vulnérabilité à travers le personnage rageur de Vicky.

“Mon objectif avec Punk Village est de dépeindre ce personnage vraiment mauvais. Je voulais qu’elle ait les pires traits de personnalité que les gens puissent avoir, concentrés en un seul personnage. Elle est jalouse, feignante et méchante.”

Lisa dit qu’un ami était vraiment inquiet pour elle à la sortie du premier tome de Punk Village, à cause de la négativité du personnage. Mais en réalité, elle envoie un message :

“Je pense que la plupart des gens pensent que c’est déprimant mais ça parle aussi de la vulnérabilité et de leur tentative pour être sociables.”

Vicky, comme toutes les autres femmes présentes dans le travail de Lisa Czech, est une héroïne pour ses nombreux fans. Les femmes sont en effet très importantes dans son travail et de plus en plus de personnes saluent les efforts qu’elle fournit pour les mettre en avant sur la scène artistique punk.

“C’est toujours super d’entendre des femmes me dire ce qui compte pour elles. Je pense que de nombreuses personnes peuvent se reconnaître dans tout cela.”

Mais où voir le travail de Czech, vous demandez-vous ? Pour l’instant, le seul endroit concret où l’on peut se procurer un numéro de Punk Village est un magasin à Montréal. Mais pas d’inquiétude: elle encourage son public à se rendre sur son site Lisaczechofficial.com, où ses BD sont vendues pour 5 dollars (environ 4,50 euros).

Traduit de l’anglais par Celia Guillon