Konbini Food publie les bonnes feuilles de Cantine générale, premier ouvrage pop culturel (bilingue) dédié à la cantine sous toutes ses formes et à la manière dont elle nous accompagne tout au long de notre vie en société. Un livre imaginé par les Magasins Généraux-BETC et Phamily First que vous pouvez vous procurer en librairie ou en ligne.
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Tous les midis, même histoire au réfectoire. Un jour sans fin sans Bill Murray mais des grandes tablées de petits clowns affamés. Ce genre de match à domicile qui affiche toujours complet. À répétition, à l’unisson, les bandes de cops’ scandent une ribambelle de jurons en tapant de la fourchette sur la table. Radis ! Radis ! On t’embeurre ! Une cacophonie en tas de mineurs et au brouhaha qui sonne comme une seule voix. Un fin équilibre aux codes tacites où l’externe est signalé hors-jeu. Demi-pensionnaires titulaires, à vos marques, prêts, mangez !
© Banrocky et Agathe Fernandez pour “Cantine générale”
Le mythe Duralex
Dans toutes les situations, sans aucune omission, il donne son âge avant son eau. La marque française de vaisselle en verre trempé Duralex® a marqué les années cantine par ce fameux rituel autour de son produit emblématique. Preums à table, preums à choisir son précieux : l’objet serré en pleine paume, les yeux se rivent au fond du verre pour y découvrir un chiffre, planqué entre le logo de la marque et la mention “Made in France”. “J’ai 21 ans !”, “Moi j’ai 32 ans !”
Une sorte de loto pour kiddos où la loi du plus vieux l’emporte. Un mythe assez mytho qui a une explication aussi simple qu’un verre d’eau. Le fameux numéro correspondrait au numéro de la machine sur la ligne de production des verres. Une manière de retracer le robot fauteur en cas de produit défectueux. Pas bête, fin de la fête, et d’un mythe Duralex® qui tombe comme les bras ballants du Père Noël.
© Banrocky et Agathe Fernandez pour “Cantine générale”
Le troc
Le troc est l’opération par laquelle chaque participant cède la propriété d’un bien et reçoit un autre bien en échange. À la cantine, le troc dépend de la valeur de marché, se basant sur des éléments référents comme le pain rond individuel, le jeton de la fontaine à soda ou encore le Babybel®. À titre d’exemple, en novembre 2018, une crêpe Whaou !® s’échangeait contre deux pots de yaourt nature.
© Banrocky et Agathe Fernandez pour “Cantine générale”
Le rab
Le rab, c’était pas mieux avant. En 1859, un dictionnaire décrivait “avoir du rabiot” comme le fait de récupérer la soupe laissée par les autres soldats, au fond des gamelles. Depuis, l’expression a voyagé des champs de bataille aux cantines scolaires et sa contraction, “rab” ou “rabe”, désigne aujourd’hui la part supplémentaire de nourriture prise sur ce qui reste après que tout le monde a été servi.
© Banrocky et Agathe Fernandez pour “Cantine générale”
La bataille de bouffe
La tension au sein du réfectoire est palpable. Quelque chose de louche se trame sous les tables. On se jauge, on se toise. L’ambiance est insoutenable, électrique. Tout le monde la sent arriver et n’attend que le déclic. Kaaawabuunga ! Toujours lancée par le grassouillet aux joues roses, la bataille de bouffe est déclenchée : catapultes de purée, bombes de pain mouillé, petit-suisse en pleine face, rafales de prunes pas mûres…
Bienvenue dans un univers impitoyable, le chaos général où volent les frichtis. On est là dans le contraire du “fighting spirit”, de l’éthique sportive mais dans une activité ô combien jouissive. Une bande d’enfants immatures qui ne feraient pas de mal à une mouche. Un sport de lâche qui tâche, jusqu’au gong et que l’adulte à la louche ne se fâche.
© Banrocky et Agathe Fernandez pour “Cantine générale”
Le gobeur de Flanby
Tout, il ferait tout pour que la cantine l’adoube. Être le king de sa table, même si sa pratique jette le trouble. La rumeur dit qu’il en goberait le double. Et puis même en rangées, fruit de la récolte de toute la tablée, curieuse de voir les records tomber (en 2012, un Agenais de 33 ans a gobé 29 Flanby® en l’espace de dix minutes). Retourné en plein centre d’une soucoupe, la languette alu tirée vers le ciel, le flan caramélisé se libère de sa coque plastique.
La pyramide de sucre est désormais à la merci du gobeur de Flanby® : en “prise haute” (telle que validée par le Club des Gobeurs de Flanby®), le gobeur positionne ses lèvres au sommet du dessert et avale ce dernier d’une aspiration courte et puissante. Spectaculaire, c’est la technique idéale pour flamber devant vos amis.
Texte : Julien Pham
Photos : Banrocky et Agathe Hernandez
Pour vous procurer le livre, c’est par ici.