“Trottoir trop réduit par les tables, trop de personnes regroupées” : dans le quartier animé d’Oberkampf à Paris, les violations, mineures ou plus graves, aux règles des terrasses éphémères apparaissent à tous les coins de rue, mais lors d’une visite samedi après-midi, la médiatrice de la ville a préféré ne pas sanctionner.
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Le gérant d’un bar restaurant épinglé, La Place verte, concède quelques manquements. “On essaie de faire au mieux avec intelligence, […] mais je ne peux pas non plus demander à tous mes clients s’ils ont fait un PCR”, ironise-t-il après le passage des agents de sécurité et de médiation de la ville de Paris.
“J’ai 25 employés et une perte de deux millions d’euros sur l’année. On veut juste travailler aujourd’hui, donc on dialogue sans opposition”, explique le patron affairé derrière son bar pour servir la vingtaine de clients en terrasse. Il lui est reproché une table de huit personnes : “On les a séparées en deux tables de quatre et écartées”, poursuit-il. Les averses glaçantes ont aussi poussé les clients sous l’auvent, où ils se retrouvent un peu trop serrés.
Toutefois, “ce n’est pas naturel pour un barman de faire la police”, défend le président du syndicat patronal des indépendants de l’hôtellerie-restauration, Pascal Mousset, invité à cette tournée de la brigade. “C’est parfois compliqué de faire partir les gens à 21 heures.”
“Déjà cool d’être ouvert”
Pas plus de six par table, gestes barrières, jauge à 50 % de la capacité d’accueil des restaurants, fermeture à 21 heures pour l’instant, une terrasse installée sur des places de parking ou sur le trottoir en laissant un passage pour les piétons et un système d’évacuation si le caniveau est bouché, mais sans toit ni fixation au sol et ne dépassant pas 1,30 mètre de haut…
La réouverture est très encadrée afin de garantir la sécurité et la cohabitation avec le voisinage, mais les règles pas toujours respectées. “On reste dans de l’éphémère et on garde une vision de la rue”, rappelle Olivia Polski, adjointe à la maire de Paris en charge du commerce. D’ailleurs, son œil de lynx a repéré que la terrasse où Emmanuel Macron a pris son café mercredi ne semblait pas aux normes, à cause d’une paroi extérieure visiblement trop haute…
À La Mercerie, un autre bar de la rue Oberkampf, “c’est déjà cool d’être ouvert, donc on accepte les règles et on fait attention”, sourit l’un des serveurs, Ben, adossé au mur en attendant les rares clients qui ont bravé le mauvais temps pour s’offrir quelques bières à l’abri de ses parasols. “Aujourd’hui, on ne fait que de la pédagogie et de la prévention”, telle est la consigne donnée aux agents. Rappeler les règles pour éviter les plaintes du voisinage, avant une verbalisation qui n’est pas encore d’actualité.
Cela ne saurait tarder. Adel Djaali, le patron du 31 Street Burgers, a reçu samedi son deuxième avertissement concernant ses tables qui empiètent trop sur le trottoir, déjà étroit. Au premier déconfinement, les agents l’avaient autorisé à s’étaler devant son fast-food et même à mettre quelques tables sur le trottoir d’en face. Cette fois-ci, il va falloir retirer des couverts, au risque de recevoir une amende de 500 euros, voire une fermeture administrative.
Pire pour lui, à partir du 1er juillet, les terrasses éphémères seront soumises à une demande d’autorisation en vertu d’une nouvelle charte municipale. Adel Djaali semble désœuvré : “C’est sûr qu’on va me refuser la terrasse, le trottoir est trop étroit, je ne sais pas comment je vais faire.”
Seul espoir, que les salles intérieures rouvrent, comme c’est prévu le 9 juin selon le calendrier gouvernemental. Pour cela, “il faut que tout le monde joue le jeu”, estime Pascal Mousset, “sinon, on n’ouvrira jamais et c’est toute la profession qui sera pénalisée”. Quant au “jeu” du couvre-feu, les agents de la ville ont un autre défi, une fois la nuit venue : imposer aux restaurants de fermer à 21 heures, certains établissements de la capitale rechignant visiblement depuis mercredi soir à fermer leurs portes à l’heure.
Konbini avec AFP