Le géant agroalimentaire Danone a annoncé mardi qu’il comptait réduire de 30 % d’ici à 2030, par rapport à 2020, les émissions de méthane liées à l’élevage des vaches qui fournissent ses usines en lait frais. “On va voir comment on peut améliorer les pratiques de façon générale sur les fermes”, a déclaré Jeanette Coombs-Lanot, porte-parole du groupe.
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Parmi les leviers : recours à des races moins émettrices, optimisation des régimes alimentaires, maintien prolongé en production des vaches, captation des émissions du fumier pour les valoriser en biogaz… Le bilan environnemental de l’élevage bovin est alourdi par le processus de digestion des vaches qui expulsent, en éructant, du méthane : le même que le gaz de ville, dont le pouvoir réchauffant est bien supérieur au dioxyde de carbone. Du méthane s’échappe aussi du fumier.
“Danone est le premier groupe alimentaire à se fixer un objectif spécifique de réduction des émissions de méthane”, fait-il valoir dans un communiqué. Cet objectif s’inscrit dans la lignée du Global Methane Pledge : une centaine de pays s’étaient engagés lors de la COP26 en 2021 à réduire les émissions de méthane d’au moins 30 % d’ici à 2030, par rapport à 2020. L’objectif de Danone couvre le lait frais, acheté directement auprès de 58 000 exploitations laitières dans 20 pays, qui représente 70 % de ses émissions de méthane.
Il ne s’étend pas au lait en poudre des préparations pour bébé, obtenu via des intermédiaires. Danone dit avoir réduit “d’environ 14 %” ses émissions de méthane entre 2018 et 2020. Au Maroc, où le groupe collecte du lait auprès de très petits producteurs, “il y a énormément de progrès qui peuvent être faits en optimisant la production”, a illustré Mme Coombs-Lanot. Améliorer le rendement laitier de chaque vache permet de réduire, à production égale, le nombre d’animaux présents sur une exploitation, et donc les émissions.
Danone s’intéresse aussi aux innovations qui promettent de filtrer le méthane émis par les vaches – via un dispositif installé sur un licol – ou de réduire sa production à la source, grâce à des additifs alimentaires à base d’algues, par exemple. Un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement soulignait en 2021 que les solutions technologiques n’avaient qu’un “potentiel limité” pour réduire significativement les émissions du secteur agricole. Il préconisait d’abord des changements de comportement, comme l’amélioration de la gestion des élevages et l’adoption de régimes alimentaires dans lesquels la viande et les produits laitiers se font plus discrets voire disparaissent.