Le chiffre fait froid dans le dos. Au total, c’est 14 % des aliments qui disparaissent et finissent à la poubelle entre l’exploitation agricole et les étals de supermarchés où ils sont censés atterrir pour être achetés puis consommés. Une perte évaluée à “400 milliards de dollars qui n’arrivent pas au stade de la consommation”, a déclaré Carola Fabi, statisticienne principale de la FAO, à l’AFP.
À voir aussi sur Konbini
Mais que peut-il bien se passer entre la ferme et les rayons de supermarchés pour expliquer de telles pertes ? L’étude pointe en premier lieu un “énorme problème au niveau du stockage dans les fermes”. C’est-à-dire chez les producteurs et les exploitations elles-mêmes, là où ont lieu les récoltes et l’abattage du bétail.
Un problème particulièrement prégnant dans certaines régions du monde comme les pays subsahariens, où les producteurs ne peuvent bénéficier d’installations et d’infrastructures de stockage adéquates. Dans certaines fermes, les excédents sont souvent entreposés dans “des silos en bois soumis aux intempéries, sont exposés aux micro-organismes, aux insectes, aux rongeurs”, souligne le rapport cité par l’AFP.
© Getty Images
Tomates entassées dans du plastique
Autre explication à ces pertes : le transport. Entre les différentes étapes du transit – du marché de gros à la vente de détail –, nombreuses sont les denrées périssables – fruits et légumes notamment – qui ne tiennent pas le choc et sont donc condamnées à finir à la benne. “En Asie, on met des tomates dans des sacs plastiques entassés les uns sur les autres, donc en bout de course, la corbeille du fond est complètement écrasée et chaque sac enregistre déjà des pertes d’environ 35 % à 40 %”, ajoute Carola Fabi à L’Express.
Bien souvent, ce qui pourrait permettre une réduction des pertes alimentaires représente un coût trop élevé pour les transporteurs, notamment en matière de consommation d’énergie garantissant la réfrigération des véhicules. Alors, que faire ? L’étude préconise quelques changements relativement élémentaires, bien que soumis à la bonne volonté des pouvoirs publics et des politiques d’aides à l’investissement. Parmi elles, le rapport suggère un déploiement à grande échelle de “sacs étanches pour les fruits et légumes”.
Mais cette modernisation des infrastructures à travers le monde ne doit pas se faire à la hâte, prévient l’étude. Toujours selon Carola Fabi, le coût financier, social et environnement de ces évolutions techniques (stockage, réfrigération…) ne doit pas engendrer un impact écologique supérieur à la situation actuelle.