Malgré un grand ciel bleu, il fait un peu frais en ce matin de septembre dans le petit village de Davron. Située dans les Yvelines, à vingt minutes de Paris en voiture, cette commune paisible siège sur la Plaine de Versailles, zone rurale de l’ouest francilien. Nous sommes en voiture et, tandis qu’à notre droite, des moutons dans leur enclos dorment encore, nous nous engageons sur un petit chemin. Devant nous, une grande ferme se dresse dans ce paysage bucolique. C’est une partie du domaine de la Bouche du Roi.
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Développé par Adrien Pélissié, Julien Bengué et Julien Brustis, trois amis passionnés de viticulture, le vignoble de la Bouche du Roi est spécialisé dans l’œnotourisme et dans la production de vins. À quelques jours des vendanges, alors que les raisins sont presque prêts à être récolté, les trois amis nous ont ouvert les portes de leur domaine.
© Monopole Magazine/Ultimate Content
Faire renaître la viticulture francilienne
Des vins produits en Île-de-France autres que ceux du Clos Montmartre, comment ça ? Même si cela peut paraître étonnant, la Bouche du Roi n’est ni une bizarrerie expérimentale, ni un projet ovni. “On se base sur les enjeux actuels de la viticulture, m’explique Adrien. On a un climat favorable à la production de vins de terroir.”
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De son côté, Julien Brustis m’explique que, jusqu’au XIXe siècle, avant que les régions viticoles ne se situent principalement dans le sud de la France, beaucoup de zones rurales proches de Paris étaient utilisées pour la production de vins. La Plaine de Versaille était l’exemple même de cette exploitation, et ce notamment pour les rois de France, d’où le nom du domaine. À l’époque, on appelait “la bouche du roi” une division recrutée par le monarque pour son savoir-faire culinaire.
Malheureusement, à la fin du XIXe siècle, bon nombre des vignes franciliennes ont reçu la visite du phylloxéra, un petit moucheron qui attaque les plantations. Et les vins franciliens ont donc trouvé leur place dans les livres d’histoire… Jusqu’à aujourd’hui. En s’installant ici en 2017, les trois amis ont fait le pari de faire renaître la viticulture francilienne. Pari gagnant. En s’adaptant au territoire, ils produisent aujourd’hui de délicieux vins bios.
Immersion dans les vignes
Après avoir fait un petit tour de la ferme, nous embarquons dans un 4×4 direction les vignes pour une immersion dans cette production de vingt-trois hectares. On se croirait en vacances en pleine campagne tant l’ambiance est dépaysante, alors que nous sommes tout près de Paris.
Tandis que nous nous baladons entre les vignes, Adrien et Julien m’expliquent qu’ils mettent un point d’honneur à préserver la biodiversité de l’endroit. Alors qu’on regarde à nos pieds, des petits insectes en tout genre vivent leur vie dans la terre, et la forêt qui entoure le domaine abrite un bon nombre d’animaux.
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Adrien m’explique qu’avec les premières vignes plantées en 2017, il a fallu attendre trois ans avant de pouvoir produire les premiers vins. Mais maintenant qu’elles sont là, on remarque la différence entre les différents cépages : merlot, chardonnay, pinot noir, et on en passe. Les feuilles sont différentes, et bien sûr, les grappes de raisin le sont aussi.
On s’aventure d’ailleurs à goûter quelques raisins directement sur les vignes. Et même sans avoir testé le produit final, on est déjà conquis. Les raisins sont pleins de jus et délicieux. Julien et Adrien nous donnent des explications théoriques sur les différents cépages, mais nous font également vivre une expérience très ludique. Par exemple, on nous tend un petit outil, un réfractomètre, sur lequel on presse un raisin. On regarde ensuite dans l’œilleton, et l’outil nous indique le taux de sucre présent dans le raisin. Julien me confie que les vignes sont quasi prêtes à être vendangées.
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De la vigne au vin
On parle d’ailleurs des vendanges, et les amis viticulteurs sont optimistes. Malgré un été un peu triste, les conditions météorologiques ont été plutôt bonnes pour les vignes et les vendanges ne devraient donc pas tarder, quoique décalées de quelques jours, m’explique Julien.
Tous les ans à la fin de l’été, à peu près aux mêmes dates, des employés, des habitants de Davron mais également des gens qui veulent juste vivre l’expérience des vendanges, se rendent au domaine de la Bouche du Roi pour aider à récolter le raisin. Une expérience unique mais très physique, confient Julien et Adrien. Mais l’enthousiasme est palpable, et tout le monde a hâte de pouvoir déguster ces nouvelles cuvées.
Après une dégustation de vins et mets avec des produits locaux, nous remontons dans le 4×4 pour rejoindre la ferme. Et tandis que les vingt-trois hectares de vigne disparaissent derrière nous, on repart sur la route de Paris, déjà un peu nostalgiques de ce petit coin de sérénité aux portes de la capitale.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.