Le géant américain de la grande distribution a implanté sa première enseigne française dans le 91.
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Une bretelle d’autoroute sortie Villebon-sur-Yvette, au beau milieu de l’Essonne. Une zone commerciale comme on en trouve un peu partout en bord de ville : les mêmes enseignes, les mêmes restaurants aux toits rouges et les mêmes ronds-points. Pourtant, ici s’élève un entrepôt plus gros que les autres, avec des lettres bleu et rouge sur la façade : Costco Wholesale.
Première et seule implantation en France du géant américain de la vente en gros pour particuliers, cet entrepôt encore plus grand que le plus grand hypermarché croisé dans ma vie déchaîne les passions. Accessible seulement en s’acquittant d’un abonnement annuel, ce lieu serait une caverne d’Ali Baba si l’on en croit les quelque 14 000 personnes actives sur le groupe Facebook privé dédié à l’enseigne française.
Mercredi, un pote m’appelle. “Ça te dit d’aller à Costco demain matin, je sais que t’adores ce genre de conneries.” Faire une heure de route pour se retrouver dans un supermarché géant peut sembler zinzin, mais j’ai une passion secrète pour ce genre d’endroits. Je n’ai jamais mis les pieds chez Costco aux États-Unis, mais j’ai visité mon lot de Walmart, ceux du fin fond du Texas, grands comme un terrain de foot, où le rayon jouets jouxte le rayon fusils. Jeudi, 8 h 45, me voilà donc assis sur la place passager de son véhicule, direction Costco.
La veille, j’ai passé une bonne heure sur la fan page Facebook, après avoir montré patte blanche pour entrer dans le groupe. J’y ai trouvé des dizaines de posts, décrivant les nouveautés en rayon, les heures à laquelle les habitués s’y retrouvent. Des gens qui traversent la moitié de la France pour s’y rendre, et d’incroyables requêtes.
“Quelqu’un sera sur place demain ? J’aimerais beaucoup avoir les mesures de l’abri de jardin mis en rayon cette semaine ” ; “J’y retourne demain, savez-vous s’il y a encore des caisses de Mountain Dew en rayon ? Mon fils serait vraiment triste sinon.”
Mères de famille, passionnés de “bonnes affaires”, c’est une autre France qui échange très cordialement sur le groupe.
Welcome to Costco
10 heures, le magasin ouvre. Peu de monde sur le parking, mais je dois quand même faire la queue un petit quart d’heure pour retirer mon sésame. Me voilà donc muni d’une petite carte plastifiée estampillée Costco, avec ma photo et mon nom dessus. Avant de rentrer dans le magasin, je dois tout de même remontrer mon passeport, et j’ai le droit à deux accompagnants, qui en théorie n’ont pas le droit d’effectuer des achats. Sur le parking, nous avons pris un caddie. Une seule taille pour notre chariot : gigantesque.
Il n’y a pas vraiment de rayons comme dans un supermarché traditionnel, nous sommes bien dans un entrepôt. Un entrepôt bien rangé mais un entrepôt tout de même. La première chose qui saute aux yeux, c’est qu’ici, on ne vend pas que des produits alimentaires : Costco commercialise absolument de tout, du groupe électrogène au canoë en passant par des lunettes de vue et des fournitures de bureau.
Un parfum d’Amérique
La seconde chose qui saute aux yeux : Costco n’est pas un soldeur. Ici, à première vue, ce ne sont pas des rebuts de fin de soldes d’autres grandes enseignes. Les prix sont tirés vers le bas par plusieurs stratégies : la vente en lot et le petit nombre de références. En plus de leur marque de distribution, ce sont les grandes marques qui s’invitent à prix réduits dans les allées aux plafonds hauts de l’entrepôt.
Je discute avec quelques clients, tous des habitués. Certains sont là pour chercher un lave-linge, d’autres viennent régulièrement. Tous ceux avec qui je parle connaissent bien le lieu, et ont comme un sentiment d’appartenance à la marque, à l’image de l’ambiance sur la fan page Facebook.
“Je viens une fois par mois. J’ai des enfants, et sans trop me faire de souci, je peux leur proposer les produits qu’ils aiment bien”, me raconte un monsieur au caddie bourré de paquets de Kinder d’un kilo surplombant un carton d’une quarantaine de canettes de Coca-Cola.
“J’adore leurs produits frais : les salades préparées, les pains, les gâteaux. Je congèle beaucoup, mais je viens souvent quand même”, me confie une cliente devant un étal de gâteaux rectangulaires gigantesques comme on en voit dans les séries américaines.
Le petit plaisir des clients, ce sont les produits “américains”. Ceux de la marque de l’enseigne et quelques classiques venus tout droit d’outre-Atlantique. Sodas importés, sauces au litre, muffins démesurés, kits pour pancakes, et des saucisses pour hot dog capables de transformer votre prochain BBQ en scène d’intro d’un épisode des Experts.
Une histoire de prix
Au bout du compte, de rayon en rayon, nous passons au moins une heure dans le magasin, remplissant comme les autres notre caddie. Les prix sont très souvent intéressants pour peu que vous aimiez les grandes quantités. Jusqu’à 60 % de réduction sur certaines références. Que vous ayez envie d’acheter une tomme de Savoie AOP entière, une boîte de deux kilos de Haribo, ou une bouteille de Dom Pérignon, le lieu est un couloir sans fin qui se termine sur des caisses géantes. Derrière ces caisses, un stand de pizzas et hot dogs, dernière halte américaine avant de se retrouver sur le parking, qui lui est bien perdu au fond du 91.
Je ne retournerai sans doute jamais chez Costco, malgré mon abonnement valable un an. Mais pour les familles nombreuses des environs ou si vous voulez organiser une pool party déconneuse pour une centaine de personnes, ce temple de la consommation se pose là, comme un îlot ou le transpalette est roi.