Zoom sur le phénomène des “faux aliments” présents dans tous les supermarchés

Zoom sur le phénomène des “faux aliments” présents dans tous les supermarchés

Image :

© Etienne Girardet/Unsplash

Ils auraient “colonisé jusqu’à 50 % de nos supermarchés” selon Anthony Fardet, auteur du livre Halte aux aliments ultra transformés.

À voir aussi sur Konbini

Nous vivons dans une époque où il est de plus en plus difficile de savoir de quoi est réellement composée notre assiette. Anthony Fardet, ingénieur agronome, a souhaité informer et alerter sur la transformation à outrance des produits alimentaires dans son livre Halte aux aliments ultra transformés (éditions Thierry Souccar, 2017). Il parle ainsi du danger que peuvent représenter certains “faux aliments”, en vente dans les supermarchés. Selon lui, ils seraient responsables de certains fléaux contemporains comme le diabète ou l’obésité. Dans un entretien accordé à l’Obs, il évoque ce qui le révolte et l’a poussé à écrire son livre. À partir de cet échange fascinant, Club Sandwich s’est intéressé de près à ce phénomène des “faux aliments”.

Les “faux aliments”, qu’est-ce que c’est ?

Un “faux aliment” est un produit “ultratransformé” et se caractérise par les nombreux ingrédients et additifs qui sont ajoutés au produit ou à l’aliment initial. Il est considéré comme tel s’il en possède plus de quatre. Ce concept a été défini par Carlos Monteiro, chercheur en épidémiologie à l’université de São Paulo.

Il faut cependant faire la nuance avec un produit simplement “transformé”. Ces derniers, qui contiennent donc moins de quatre additifs, n’ont pas forcément d’impact néfaste sur la santé de ceux qui les consomment. Un aliment transformé est donc considéré comme un “vrai” aliment, contrairement à un aliment ultratransformé qui est considéré comme un “faux”. Il est important de distinguer les deux.

Par exemple, une pomme est un aliment qui n’est pas transformé. On considère qu’une compote faite à partir de cette pomme constitue un produit transformé, et reste donc un vrai aliment. Cependant, un jus de fruit reconstitué qui ne possède que l’arôme de la pomme est considéré comme produit ultra-transformé, et donc comme un faux aliment, comme le précise Anthony Fardet.

Pourquoi les produits ultratransformés sont-ils dangereux ?

Les “faux aliments”, vendus dans les petites et grandes surfaces, seraient responsables des “épidémies” d’obésité et de diabète de type 2. Ces aliments sont, pour la plupart, hyperglycémiants : ils favorisent l’élévation du glucose dans le sang. Ces produits ultratransformés sont une grande source de sucres “rapides” (ajoutés industriellement), et favorisent donc la prise de poids et l’insulinorésistance, l’étape prédiabétique. Le sucre, le sel et le gras créent une forme de dépendance à ses produits, qui poussent le consommateur à en assimiler toujours plus.

Le diabète de type 2 et l’obésité peuvent provoquer des maladies plus graves, comme certains cancers (un cancer sur trois serait lié à une mauvaise alimentation selon l’OMS), des maladies chroniques hépatiques (stéatose, stéatohépatite) et des maladies cardiovasculaires (coronariennes et AVC). De plus, ces aliments sont pauvres en fibres et en nutriments protecteurs (antioxydants, vitamines, minéraux…), comme l’explique Anthony Fardet.

Comment peut-on modifier un aliment naturel ?

Pour fractionner un aliment naturel, brut, on utilise le cracking : à travers différents procédés chimiques ou mécaniques, on “casse” un aliment (lait, œuf, légumineuse…) en plusieurs éléments. Ce sont les éléments séparés qui ont une valeur commerciale importante, et qui rapportent individuellement plus que l’aliment entier. Par exemple, les céréales de supermarchés sont marketées comme “riches en vitamines”. En réalité, ce sont des produits ultratransformés qui ont été enrichis en vitamines pour ne pas être seulement des calories “vides”, comme le révèle Anthony Fardet.

Comment reconnaît-on un produit ultratransformé ?

Le conseil d’Anthony Fardet est de lire la liste des ingrédients et des additifs. Généralement, plus elle est longue et plus leurs noms vous sont inconnus (car leur utilisation est exclusivement industrielle), plus il y a de chance que le produit en question en soit un. Les produits “reconstitués” sont également dans la majeure partie des cas des faux aliments. La majorité des jus de fruits à base de concentrés le sont donc, et n’ont donc rien de naturel ou de jus au sens propre. Les céréales du petit-déjeuner sont à presque 100 % des cas des produits ultratransformés, et contiennent énormément de sucres. Il en va de même pour les yaourts aux fruits ou aromatisés.

L’entretien d’Anthony Fardet est disponible sur l’Obs. On vous conseille également de lire son livre Halte aux aliments ultra-transformés, disponible ici.