Dans un rapport publié mercredi 31 mai, la Croix-Rouge française s’inquiète de la hausse de la précarité des moins de 25 ans, et de ses conséquences sur leur alimentation et leur santé.
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Face à des situations de précarité, les jeunes sont amenés à prioriser leurs besoins, faisant passer une alimentation saine et équilibrée à la trappe quand ils ne sautent carrément pas des repas. Manger ou se soigner : un choix malheureux auquel se retrouvent confrontés de plus en plus de jeunes Français selon un nouveau rapport de la Croix-Rouge française. Si la misère touche toutes les classes sociales, cette paupérisation des moins de 25 ans inquiète le président de l’association caritative, Jean-Jacques Eledjam au micro de France Info, pour qui la difficulté des étudiants à se nourrir “devient à l’évidence patente [voire] chronique“. Une situation qui n’est pas sans incidence sur leur équilibre alimentaire et a fortiori sur leur santé.
De plus en plus de jeunes font la queue aux épiceries solidaires
Dans les 700 épiceries solidaires tenues par la Croix-Rouge, où les produits s’achètent à tarif réduit, la part des moins de 25 ans est passée de 11,9 % en 2015 à plus de 13 % en 2016. “Ce 1 % d’augmentation est un marqueur important de la précarité des jeunes“, a poursuivi M. Eledjam. Soulignant que 13 000 étudiants sautent entre quatre et six repas par semaine. Par conséquent, la Croix-Rouge a ainsi pris la décision rare de dédier les plages horaires de son épicerie sociale du 15e arrondissement de Paris aux étudiants :
“On se rend compte qu’ils ont été obligés d’aménager les horaires, d’abord de façon à pouvoir les recevoir, ensuite parce qu’ils viennent dans la plus grande discrétion possible. C’est un problème de fierté, de dignité. [La jeunesse] est un moment où vous avez l’impression que le monde vous appartient et que, finalement, vous allez manquer cette marche parce que vous n’avez pas de quoi vous nourrir. J’en suis choqué.”
Avec une moyenne de 89 euros par mois pour vivre et se nourrir, l’accès à une alimentation saine et équilibrée est restreint. À la clef, des conséquences pouvant se répercuter sur la santé comme des carences, des difficultés de concentration ou une grande fatigue. D’après le rapport, seuls 6,4 % des 12-30 ans déclarent avoir mangé cinq fruits ou légumes la veille de l’entretien mais 40 % à avoir bu des boissons sucrées. Alors, les bénévoles de l’épicerie les conseillent pour les aider à varier leur assiette avec des protéines, des produits laitiers, des glucides, des légumes… De manière générale, M. Eledjam rappelle que les pouvoirs publics ont aussi la responsabilité d’éduquer les jeunes (comme les moins jeunes) à la santé. “Quand vous ne mangez que des fruits ou des aliments très riches en graisse ou en sel, c’est peut-être parce que vous n’avez pas cette éducation à la santé“.