Créé par l’épidémiologiste et spécialiste de la nutrition, Serge Hercberg, le Nutri-Score est un outil de santé publique permettant de mieux cibler la malbouffe. Une sorte de “code de la croûte”, comme le surnomme Libération.
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Allant de la lettre A à E, du vert au rouge, le Nutri-Score est une étiquette colorée qui indique si notre aliment est bon ou pas pour notre santé. Arrivé en France dès 2017, le Nutri-Score s’est étendu à un grand nombre de pays européens (Belgique, Espagne, Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Luxembourg).
Bien que le Nutri-Score soit fortement recommandé par les pouvoirs publics, les industriels n’ont pas l’obligation d’apposer le logo sur leurs produits. En octobre dernier, selon le ministère de la Santé, plus de 500 entreprises l’auraient adopté, représentant 50 % du volume de vente, apprend-on sur Marianne.
Le Nutri-Score est en voie d’être généralisé dans toute l’Europe. Problème : il est aujourd’hui très controversé. Si certains lobbys le refusent, d’autres l’utilisent dans un but uniquement marketing. Des roqueforts classés “E”, du vin rouge affublé de la terrible (et toute nouvelle) classification “F”… Que devons-nous attendre de ce Nutri-Score ?
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Le Nutri-Score, c’est quoi ?
“Le logo a été développé pour aider les consommateurs à choisir des produits de meilleure qualité nutritionnelle dans les rayons, et pour encourager les industriels à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits”, rappelle le communiqué de presse publié par l’Inserm le 17 septembre 2020.
Le Nutri-Score peut s’appliquer à tous les produits transformés, excepté les herbes aromatiques, thés et cafés. Pour classer chaque produit, il prend en compte, pour 100 grammes, l’apport en fibres, protéines, fruits et légumes, légumes secs. Il étudie également la présence des nutriments à limiter : la densité énergétique (l’apport calorique), la teneur en acides gras saturés, les sucres divers, le sel. À partir de cette analyse, on va alors pouvoir attribuer une lettre et une couleur à l’aliment.
La méthode de calcul du score a été adaptée selon les particularités des familles d’aliments comme les fromages, les boissons…
Mode d’emploi
Le Nutri-Score permet avant tout de comparer les produits d’un même rayon. L’exemple du site de Manger Bouger se porte sur les paquets de céréales : afin de choisir le “meilleur” petit-déjeuner, on choisit une marque selon ses apports nutritionnels. Aussi, on peut comparer un même produit de différentes marques : des lasagnes congelées peuvent ainsi enregistrer un score allant de A à D, tout dépend de la recette. Enfin, l’étiquette colorée permet de comparer des produits destinés au même usage. On peut ainsi déterminer qui de la crème brûlée, de la mousse au chocolat ou du Kinder Pingui est le moins pire des goûters…
Précisons que toutes les lettres ne se valent pas. Par exemple, la lettre C sur une huile est une excellence notation. En revanche, un C sur un yaourt brassé aux fraises est médiocre.
Est-ce un outil vraiment utile ? Si on en croit une étude menée par l’Inserm publié le 17 septembre 2020, oui. “Les chercheurs montrent que les participants qui consommaient en moyenne plus d’aliments avec une qualité nutritionnelle moindre (correspondant à des aliments moins bien classés par Nutri-Score), présentaient une mortalité accrue (mortalité totale et mortalité liée au cancer et aux maladies des appareils circulatoires, respiratoires et digestifs).”
Limites et polémiques
Même s’il est un fabuleux indicateur nous permettant de contrôler ce que nous mangeons, le Nutri-Score présente quelques failles. D’abord, il est accusé de simplifier le choix des consommateurs. En décembre dernier, les eurodéputés Éric Andrieu et Sylvie Guillaume soulignaient que le Nutri-Score était encore perfectible. Par exemple, il ne prend pas en compte le mode de cuisson du produit. Ainsi, un paquet de frites surgelées peut ainsi afficher un score “A” simplement parce qu’il s’agit de patates coupées. Mais une fois passées à friteuse, c’est une tout autre histoire.
Contesté, cet outil exclut de son calcul les pesticides, les additifs, les édulcorants et les conservateurs. Par exemple, un Coca Zéro sera mieux noté qu’un Coca classique alors que les deux sont des produits transformés, chimiques, et mauvais pour la santé.
C’est cette limite en particulier qui crée la polémique chez les producteurs AOP. Le Nutri-Score pénaliserait des spécialités traditionnelles en raison de leur teneur en sel et en gras élevée. La dernière polémique se portait sur le roquefort. Affublé d’un triste “E”, ce fromage à l’Appellation d’Origine Protégée serait mauvais pour la santé.
Alors que la Commission européenne souhaite adopter fin 2022 un logo nutritionnel européen harmonisé et obligatoire, certaines filiales fromagères et charcutiers demandent d’être exemptées du calcul. Nouvelle polémique dans le “Nutri-Score gate”, c’est au tour du vin français d’être étiqueté comme nutritionnellement malsain. Dernièrement, la filière viticole s’inquiétait de voir leurs bouteilles affublées d’un “F” noir, comme tout type de boissons alcoolisées.
Au micro de France Inter, en octobre 2021, Serge Hercberg nuançait : “faire partie du patrimoine gastronomique, c’est très bien, mais le label de qualité qui correspond à cette dimension ne confère pas au produit une bonne qualité nutritionnelle. Donc il faut informer, à côté du label de qualité, sur la réalité de la composition nutritionnelle.” Rappelons que le Nutri-Score ne fait pas tout. Pour estimer si votre produit est “healthy” ou non, vous pourrez toujours vous référer au taux de sucres, de graisse, ou encore la quantité de sel pour 100 g de produit.