C’est quoi, cette histoire de “guerre de la pizza” qui déchire l’Italie ?

C’est quoi, cette histoire de “guerre de la pizza” qui déchire l’Italie ?

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Par Robin Panfili

Publié le

Le débat sur le prix que doit, ou devrait, coûter une pizza n’a pas fini de déchirer les Italiens.

Il y a quelques mois, l’homme d’affaires italien Flavio Briatore – connu en France pour avoir dirigé l’écurie Renault en Formule 1 – lançait sa chaîne de pizzas, Crazy Pizza. Si l’idée ne gênait personne à première vue, le vent a pourtant vite tourné en défaveur de celui que l’Italie adore détester. En cause ? Le prix des pizzas qui grimpe autour des quinze euros pour une simple pizza margherita. Une hérésie pour de nombreux Italiens, et surtout les Napolitains qui peuvent s’en procurer d’excellentes pour seulement quatre euros.

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Ainsi a débuté la polémique. Mais face aux critiques, et au succès que connaissent ses enseignes malgré tout, Flavio Briatore n’a pas réussi à contenir ses réflexions, ce qui a passablement agacé les Italiens, les cuisiniers en tout genre et, surtout, les pizzaiolos. “Nous avons une clientèle très jeune à Milan et à Londres. Mais aucun client ne s’est jamais plaint des tarifs, car le coût est proportionnel au service, à la qualité, à l’énergie du lieu et la manière dont le client est traité”, a-t-il expliqué dans une interview.

“Nous n’avons eu que des compliments et tous [les clients] pensent que la pizza est la meilleure qu’ils aient jamais mangée, car c’est une pizza sans levure, car les produits utilisés sont les meilleurs que nous pouvons trouver en Italie. Il en va de même pour les salades. Les gens deviennent fous pour les desserts. Les glaces, idem. Nous offrons un service différent des autres restaurants. Nous nous soucions du client. Quand le client est content, nous sommes heureux et c’est tout ce qui compte.”

Sur les réseaux sociaux, de nombreux pizzaiolos s’en sont pris à Flavio Briatore, lui reprochant de se faire de l’argent sur le dos des gens et de dénaturer les valeurs et les codes de la pizza. Une fois encore, l’homme d’affaires n’est pas parvenu à tenir sa langue et a déclaré, dans une vidéo très solennelle postée sur son compte Instagram : “Je suis un génie et tu ne l’es pas : voilà la différence”. Ouch.

Dans cette étrange vidéo, Flavio Briatore se lance dans un long contre-argumentaire et une défense appuyée de sa pizza et de son concept gastronomique qu’il développe désormais aussi jusqu’en Arabie saoudite. Mais il s’est surtout attaqué aux pizzaiolos napolitains qu’il accuse à demi-mot d’utiliser des ingrédients de mauvaise qualité pour pouvoir proposer des prix aussi attractifs.

“Mais pour maintenir des prix aussi bas, vendre une pizza à 4 euros, vous utilisez quels ingrédients ?”, s’interroge-t-il, non sans insinuation. “Qu’est-ce que ces messieurs y mettent ? Ils paient des salaires, des loyers, des ingrédients, du gaz, de l’électricité, des amortissements… Soit vous en vendez 50 000, soit il y a quelque chose que je ne comprends pas. Le raisonnement normal est que nous continuons à offrir aux clients un produit de très haute qualité.”

Pour mettre un terme à ce feuilleton, Gino Sorbillo, l’un des boss de la pizza à Naples, a décidé de s’emparer du sujet et d’opter pour la pédagogie plutôt que les attaques. Il y a quelques jours, il a organisé un atelier autour de la pizza “afin d’expliquer comment est faite la pizza et à quel prix”. À même la rue, le cours magistral s’est terminé par une distribution de pizzas gratuites.

“Sur la pizza napolitaine, nous n’acceptons pas de leçons de ceux qui n’ont aucune qualification pour les faire. Une fois de plus, Flavio Briatore intervient de manière inappropriée sans savoir le moins du monde de quoi il parle”, s’est emporté Francesco Emilio Borrelli, conseiller régional des Verts, qui a également décidé de convoquer une commission mixte, pour écouter et auditionner les maîtres de la pizza et les experts du secteur.