En difficulté depuis la crise sanitaire, l’enseigne de restaurants de grillades Courtepaille sera reprise par son dynamique concurrent Buffalo Grill, dont l’offre a été préférée à celle du géant Groupe Bertrand, numéro deux de la restauration en France.
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Vendredi, le tribunal de commerce d’Évry (Essonne) a jugé “mieux-disante” l’offre de Buffalo Grill, tant au plan social – avec “la reprise de 2 208 salariés” sur les 2 477 employés par l’enseigne à fin août – que financier – avec “un prix de cession de 17 millions d’euros” pour la reprise de 145 restaurants Courtepaille.
Placée en redressement judiciaire le 29 juillet, l’enseigne de restaurants souvent implantés au bord des autoroutes, à la clientèle familiale et à l’image un peu vieillissante, compte 187 restaurants détenus en propre et 91 franchisés.
Au total, cela représentait quelque 4 000 emplois en début d’année, à savoir un millier chez les franchisés et 3 000 au sein des établissements du groupe. Mais ce dernier chiffre a chuté en raison de départs survenus depuis le 24 août, a précisé à l’AFP Buffalo Grill.
“Le choix de notre projet permet de préserver un maximum d’emplois”, soit “89 %” et “d’envisager pour Courtepaille, marque emblématique de la restauration française, une nouvelle dynamique et un avenir serein”, a affirmé Jocelyn Olive, le directeur général de Buffalo Grill, dans une déclaration à l’AFP.
L’enseigne steakhouse au toit rouge, qui a fêté ses 40 ans cette année et affichait avant la crise sanitaire un chiffre d’affaires annuel de 600 millions d’euros, s’appuiera sur “l’expérience qui [lui] a permis de réussir la transformation et le développement de Buffalo Grill depuis plusieurs années”, selon M. Olive.
Le repreneur choisi “et son management présentent également un savoir-faire” reconnu dans le secteur a de fait estimé le tribunal, saluant une offre au “business plan plus ambitieux, à la fois dans son périmètre et dans ses objectifs de retour à la rentabilité”, indique le jugement, que s’est procuré l’AFP.
L’actionnaire de Buffalo Grill, le fonds TDR, a en outre “su consentir des efforts financiers déterminants dans un passé récent” et ainsi démontré “qu’il était capable de fournir un effort significatif” pour soutenir l’enseigne durement affectée, comme tout le secteur de la restauration commerciale, par la crise sanitaire.
Cette reprise était “saluée” vendredi soir dans un communiqué par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et la ministre déléguée à l’Industrie Agnès Pannier-Runacher, qui “souhaitent désormais plein succès à la nouvelle entité et veilleront au respect des engagements pris devant le tribunal de commerce, dans l’intérêt des emplois, de l’activité économique et des filières agroalimentaires”.
Propriété du fonds britannique ICG depuis 2011, Courtepaille avait été placé en redressement judiciaire le 29 juillet par le tribunal de commerce d’Évry-Courcouronnes (Essonne), après une chute d’activité due au Covid-19 et le refus d’un prêt garanti par l’État. L’enseigne de restaurants familiaux née en 1961 a vu son chiffre d’affaires, de 190 millions d’euros en 2019, chuter de 40 % depuis le début de l’année.
L’offre concurrente, formulée par Groupe Bertrand, le numéro deux de la restauration en France avec un millier d’établissements (Burger King, Hippopotamus…) avait à la fois les faveurs de la direction de Courtepaille, qui estimait “plus forte sa capacité à créer et préserver les emplois”, et celles du comité social et économique (CSE), qui la jugeait “plus solide et plus sécurisante, bien qu’inférieure en nombre de salariés repris”, selon le jugement.
Groupe Bertrand proposait de débourser 10,5 millions d’euros pour reprendre 140 restaurants et 1 981 emplois, tandis que deux autres offres, émanant du fonds d’investissement Butler et de la société Boulangerie Ange, étaient nettement moins-disantes.
Vendredi, les syndicats approuvaient la décision du tribunal : “La CGT est complètement satisfaite de ce jugement. Il y aura moins de licenciements. Buffalo était notre candidat préféré. Pour nous, le critère premier a toujours été l’emploi”, a ainsi déclaré à l’AFP Pascal Zoublir, délégué CGT de l’entreprise.
“Buffalo Grill est solide, il avait un très bon dossier. C’est une enseigne en pleine croissance, malgré le Covid. Ils veulent la poursuite du développement de Courtepaille, ça nous convient”, a renchéri Hicham Fimoud, délégué CFDT.
Konbini avec AFP