Beep boop : ce robot très cool est capable de préparer sa fondue tout seul

Beep boop : ce robot très cool est capable de préparer sa fondue tout seul

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© Jean-Guy Python/AFP

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Par Konbini Food

Publié le

Bouébot, qui tient son nom des bouébos, ces adolescents qui servaient de petites mains dans les alpages, est prêt pour la révolution.

En Suisse, on ne plaisante pas avec la fondue, le plat national de fromages fondus, et Bouébot le robot fait les choses dans les règles de l’art et aussi du spectacle. Au siège de Workshop 4.0, ses créateurs s’empressent de faire les derniers réglages avant le départ de leur machine pour l’une des plus importantes foires agricoles du monde, le Salon international de l’agriculture à Paris.

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Dans l’atelier, qui est installé à Sierre au pied de la très renommée station de ski de Crans-Montana dans le canton du Valais, les serveurs ronronnent et l’air est lourd du fumet de fromage fondu. Bouébot – qui dérive son nom des bouébos, ces adolescents qui servaient de petites mains dans les alpages – se met en marche. Le bras-robot, articulé autour de six axes, verse la bonne quantité de vin blanc dans le caquelon, le récipient traditionnel, et le place sous la râpe à fromage…

Le plat iconique, qui s’est fait connaître et aimer dans le monde entier lors de l’Exposition universelle de New York en 1939-1940, reste au cœur de la convivialité helvétique. Workshop 4.0 avait inventé Roboclette ou l’intelligence artificielle et robotique au service d’un autre plat traditionnel du Valais : la raclette. “Nous, on avait la volonté de faire une deuxième fois un projet qui mêlait innovation et tradition suisse, et puis la fondue était toute trouvée”, explique Nicolas Fontaine, 36 ans et codirecteur de Workshop 4.0.

“La fondue pour les Suisses, c’est emblématique. C’est quelque chose de très émotionnel, aussi parce que ça fait partie de notre identité, notre savoir-faire”, rappelle le jeune entrepreneur, casquette de baseball noire vissée sur la tête. “Je pense qu’en termes d’interaction, on va avoir beaucoup du monde” durant les démonstrations, estime M. Fontaine. “C’est une chouette opportunité d’attirer les gens pour discuter la robotique et son utilisation”, selon lui.

Pâte molle, pâte dure

Si, pour un humain, préparer une fondue et la déguster ne présente pas de difficulté particulière à part trouver les bons ingrédients, il en va tout autrement pour un robot. Un mélange classique de fondue s’appelle moitié-moitié et, comme son nom l’indique, implique moitié vacherin, un fromage à pâte molle, et moitié gruyère, un fromage à pâte dure. Pour Ludovic Aymon, responsable technique, le plus grand défi, c’est d’arriver à “apprendre” à un robot de précision à gérer les imperfections d’un produit organique : la consistance différente, l’épaisseur qui varie et les aspérités.

“C’est une matière vivante […] je ne peux pas juste me baser sur une simulation 3D comme on peut le faire avec beaucoup de processus industriels. Je suis obligé d’avoir des tests réels pour valider mes processus”, explique M. Aymon. Évidemment, hors de question de changer les fromages si on veut rester en vie, plaisante l’ingénieur.

Bouébot continue vaillamment. Il coupe la croûte, met le caquelon sous le grattoir avant de râper le fromage.
Il touille ensuite vigoureusement et rigoureusement avec de grands huit la mixture qui peu à peu fond et se mélange. Le robot n’oublie pas d’essuyer l’excès de fromage sur la cuillère sur le rebord du pot avant d’ajouter un peu de poivre.

Exécute et répète

La séquence a été répétée un nombre incalculable de fois, selon M. Aymon, pour continuer à l’affiner. Une fois la consistance voulue atteinte, Bouébot plante une pique à fondue dans un bout de pain, le plonge dans le caquelon, fait une pirouette, et c’est prêt à déguster. Le spectacle – Bouébot est un robot de démonstration – peut enthousiasmer sur les possibilités ouvertes par la machine ou inquiéter.

“L’effet que je trouve le plus intéressant, c’est l’effet peur”, celle d’être remplacée par quelque chose de plus puissant, de plus précis, dit Ludovic Aymon, qui “le fait pour le spectacle”.“Pour moi, la robotique en général, elle ne doit pas être au détriment de l’humain. Elle doit aider l’humain”, ajoute-t-il. Le projet – réalisé avec l’aide de l’interprofession du vacherin et du gruyère – a coûté entre 250 000 et 300 000 francs suisses (235 000 à 285 000 euros), sans compter le coût du travail.
Et quand la fondue est faite, il faut la manger.

“Marre de la fondue ? Je pense que j’en aurai jamais marre, mais il y a quelques périodes où je ne pouvais plus sentir l’odeur du fromage ici”, admet M. Aymon.

Konbini food avec AFP