Alors que l’épidémie de Covid-19 continue son chemin, en Amérique comme ailleurs, les habitudes alimentaires des uns et des autres sont en pleine mutation. À tel point qu’aux États-Unis, les gourmets sont de plus en plus nombreux à rester discrets sur leurs sorties au restaurant par crainte d’être jugés et critiqués sur les réseaux sociaux.
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Dans un long article pour le magazine Eater, la journaliste Saya Saxena s’est penchée sur cette “honte de sortir au restaurant” en temps de pandémie, suffisamment importante pour empêcher les clients de poster publiquement des stories de leurs assiettes, mais pas assez pour les éloigner complètement des restaurants.
Si Saya Saxena a vécu, et vit encore, ce dilemme au quotidien en tant que journaliste gastronomique habituée des dîners à l’extérieur, elle a recueilli le témoignage de plusieurs autres personnes gênées aux entournures dès lors qu’il est question d’assumer, ou non, une sortie en extérieur. “Mon mari et moi sommes allés dîner samedi dernier pour la première fois depuis mars et j’ai fait le choix conscient de ne pas en faire mention sur les réseaux sociaux”, confie Charlotte, vivant en Nouvelle-Orléans, qui a choisi de témoigner anonymement.
“J’ai arrêté d’utiliser Instagram”
Un sentiment qui fait écho à d’autres témoignages similaires, comme celui de Maria, originaire d’Arizona et habituée à partager sur ses réseaux sociaux ses aventures culinaires quotidiennes. Depuis qu’il est possible de retourner au restaurant, elle ne s’est jamais vraiment retenue de sortir au restaurant avec son mari. “Je me suis sentie extrêmement coupable et j’ai arrêté d’utiliser Instagram”, dit-elle.
Cette psychose nouvelle a insufflé une nouvelle dynamique dans la manière de partager – et de justifier – ses sorties au restaurant. Là où on allait vanter avec emphase le fait de se rendre à telle ou telle adresse, pour goûter tel ou tel nouveau plat, on vient désormais se trouver des excuses pour légitimer une réservation au restaurant.
“Il est difficile de ne pas être tenté de s’excuser par avance”, dit Maria. Auprès d’amis, de connaissances ou de followers, il s’agit alors d’assurer que le masque était bien porté, que les gestes barrières étaient bien respectés et que le pourboire à destination du personnel en première ligne face au virus n’a évidemment pas été oublié.
Mais, à bien y réfléchir, la “honte” de documenter sur les réseaux sociaux une sortie au restaurant ne concerne pas que l’univers de la restauration. Dans une enquête récente, le New York Times mettait la lumière sur un autre phénomène, tout aussi récent : le fait de ne pas parler sur les réseaux sociaux de ses vacances par peur d’être jugé par les autres.