Pour sa quatrième saison, la sitcom de Canal+ prend des faux airs de H et nous régale avec une relocalisation improbable dans le service des urgences.
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“On n’attend que ça nous, de faire des conneries, de se ridiculiser, d’être moches, de se prendre des pains dans la gueule.” La pétillante Alice Belaïdi ne mâche pas ses mots. Dans WorkinGirls, elle se glisse dans la peau d’une petite frappe experte dans le racket et autres arnaques de bas étage. La jeune actrice et ses collègues complètement barrées ne cessent de repousser les limites de la comédie française, bien trop souvent gentillette et prévisible. Pas de ça ici. Aux antipodes des shortcoms rassurantes à la Scènes de ménages, la production signée Canal + ose et s’impose.
Après trois saisons dopées aux vannes lourdingues et délicieusement trash, les WorkinGirls passent la quatrième et déménagent pour l’occasion. Pour les moins familiers avec le programme, les premières fournées d’épisodes nous introduisaient aux facéties d’un groupe d’employées d’une PME. De fil en aiguille, elles ont passé un court séjour derrière les barreaux le temps d’un chapitre spécial Noël. Mais ça, c’était avant. Adios l’open space, place au service urgentiste d’un hôpital toujours plus déglingué. Les héroïnes du show troquent volontiers leurs tailleurs cintrés pour l’indémodable blouse blanche, prêtes à conquérir leur nouveau terrain de jeu.
En optant pour ce changement de décor aussi furtif qu’inexpliqué, l’équipe de la série fait un pari dangereux mais réfléchi. “On avait un peu l’impression de tourner en rond et là, ça nous permet de revenir aux bases des personnages”, estime le réalisateur Sylvain Fusée. La farfelue Scream Queens made in Ryan Murphy a elle aussi élu domicile dans un complexe hospitalier pour sa dernière saison en date. Coïncidence ? Quoi qu’il en soit, ce dépaysement bienvenu n’empêche pas les nanas de WorkinGirls de jurer fidélité à leur humour décapant.
Perchée sur ses escarpins (plus aiguilles, tu meurs), la tyrannique Karine Brontier est déterminée à étendre son règne de terreur jusqu’aux moindres recoins des urgences. Son escouade 100 % féminine est véritablement au taquet : Déborah, la nympho de service, s’adonne avec plaisir à la pratique du toucher rectal et fait frémir ses petits internes. Nathalie, mère de famille constamment au bout du rouleau, continue de se laisser piétiner impunément par sa boss tout en découvrant les joies du bistouri façon Grey’s Anatomy.
Exit la névrosée mais attachante Hélène (la faute au succès de l’hilarante Blanche Gardin sur les planches parisiennes), Eugénie est la nouvelle recrue de la saison, une agent d’accueil hypocondriaque. Les deux hyènes Sophie et Sophie conservent leur tandem ingénieusement diabolique, enchaînant les courses de brancards et planquant leur cannette de Coca dans les casiers de la morgue. Pour cette saison 4, c’est no limit.
Soudées devant comme derrière la caméra ? C’est ce que laisse suggérer Ève-Sophie Santerre, productrice de WorkinGirls :
“C’est vrai qu’on se connaît bien maintenant, donc on écrit à la fois pour les personnages mais aussi pour les filles. On les connaît et on sait qu’elles-mêmes n’ont pas de limites. Au contraire, elle ont toujours une volonté d’aller plus loin. Tant que c’est drôle, on y va !”
Avec un format spécial de 12x13min facilitant le binge-watching, la série enchaîne les gags et les punchlines à un rythme presque frénétique. Flirtant sans cesse avec l’humour noir, elle s’amuse avec les archétypes habituellement attribués aux femmes pour se les approprier et les détourner. On assiste à une transgression des codes sociaux à travers ces donzelles timbrées, passant au scalpel la notion restrictive de féminité pour en redéfinir le sens.
Loin d’être des princesses fragiles, Karine, Déb et toute la clique ne sont pas là pour vos beaux yeux. Pour elles, vulgarité et blagues bien grasses sont monnaie courante. Dégainez le défibrillateur, mourir de rire n’aura jamais autant été une possibilité.
WorkinGirls revient dès ce 5 décembre sur Canal+ à 22 h 50.