C’est la première fois que Stéphane De Groodt incarne un rôle principal dans une série, celui de Michel dans la saison 3 de Kaboul Kitchen. Tout semble réussir à l’acteur belge. Rencontre.
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Biiinge | Comment le projet de Kaboul Kitchen est-il arrivé jusqu’à vous ?
Stéphane De Groodt | J’ai vu de la lumière… [rires]. Je suis arrivé dessus après mon aventure Canal +. Mon agent m’a dit : “On te propose d’être le personnage principal de la suite de Kaboul Kitchen.” Je ne suis pas très séries, donc je ne connaissais pas spécialement, mais j’ai cru comprendre que c’était une série appréciée et très bien ficelée. Après avoir fait autant de télé avec Canal +, je n’étais pas super chaud pour continuer tout de suite. J’avais envie de faire du théâtre, du cinéma, d’écrire…
Mon agent a insisté et m’a dit : “C’est vraiment une super série et pas n’importe quel rôle.” J’ai vraiment attendu d’en savoir plus sur le personnage. Je ne voulais pas remplacer Gilbert Melki mais proposer autre chose. Quand j’ai finalement lu le personnage que l’on me proposait, je me suis dit que c’était un super cadeau. C’était riche, bien écrit, intéressant à développer… J’ai donc accepté.
Quand on découvre le personnage de Michel Caulaincourt, on se dit qu’il a été créé sur-mesure pour vous…
Ah, c’est qu’il a été effectivement écrit sur-mesure. C’est après mon accord qu’ils ont commencé à développer à fond le personnage. Ils étaient partis sur une première piste, mais finalement ils ont tout gommé pour repartir sur autre chose. Ce qui m’a plu aussi, c’est que ce n’était pas quelque chose de caricatural par rapport à ce que je peux faire habituellement.
“Je ne suis pas un Arsène Lupin. Et en même temps, quand je me suis glissé dans ce costume, il était à ma taille”
Je ne suis pas ce personnage vil et manipulateur. Je ne suis pas un Arsène Lupin. Et en même temps, quand je me suis glissé dans ce costume, il était à ma taille. J’ai senti comme une deuxième peau sur moi. Quand on incarne le personnage principal d’une série, on finit par le ramener à soi aussi. Il y a une partie du personnage qui vient de moi, et une autre qui est clairement composée pour le nourrir.
C’est la première fois qu’on vous voit dans un rôle de bad guy, qui sous ses airs de Pierrot La Lune, cache une certaine noirceur.
Oui, il est plus fourbe que Jacky [le personnage incarné par Gilbert Melki, ndlr]. On ne sait pas très bien qui il est et quelles sont ses intentions. Il n’est pas fondamentalement vil mais il n’est pas non plus fondamentalement bon, ce bonhomme. On le découvre assez tordu selon les situations.
C’est un branquignol qui peut aussi devenir un mec dangereux. On n’en sait rien et c’est ça qui est intéressant. Il y a une part de mystère chez ce mec. C’était riche à interpréter. Je me suis régalé avec ce personnage. Je ne savais pas si j’en étais capable avant de plonger. C’est l’occasion qui fait le larron [sourire].
Comment s’est déroulée votre arrivée au sein d’un groupe qui se connaît depuis plusieurs années ?
C’était particulier de débarquer là, dans ce magma de gens. J’ai été accueilli les bras ouverts, mais vraiment bien ouverts [rires]. C’est vachement cool d’être accueilli avec des sourires, de l’enthousiasme et la gourmandise. Je me suis senti bien tout de suite. J’ai eu l’impression de passer trois mois avec une bande de potes à Casablanca. Mes premières scènes ont été une vraie partie de plaisir. On se regardait, on s’écoutait, on jouait, c’était ludique.
On avait envie de créer quelque chose ensemble. Il n’y avait pas d’égo, de star-system ou de type plus important que l’autre. Avec Simon [Abkarian, qui incarne le colonel Amanullah, ndlr] par exemple, on a formé un duo. La vedette, c’est la série et ce qui est important, ce n’est pas mon personnage seul, c’est ce que j’incarne avec Simon. Mon personnage est davantage un trait d’union qui sert à relever l’importance des seconds rôles. La structure est vraiment chorale.
Et vous n’avez pas envié secrètement les répliques tordantes du colonel Amanullah, qui est quand même le roi du jeu de mots inconscient ?
Ah non, pas du tout ! Les jeux de mots, c’était dans mes chroniques. Quand je rêve, je rêve sans jeux de mots [rires]. Je préfère en fait que ce soit Simon qui ait eu les jeux de mots. Ça me permet de pouvoir l’observer et de proposer autre chose de mon côté. Notre duo a fonctionné dès les premières secondes de notre rencontre. Avant même qu’on tourne, j’étais content de donner la réplique à cet acteur. Tout le monde m’avait dit que c’était un type formidable.
Quand vous partez trois mois loin de tout pour tourner, il y a intérêt à ce que les gens soient effectivement chouettes. Ça peut carrément être l’enfer sinon. C’est comme au théâtre : si ça ne se passe pas bien, c’est la catastrophe car vous évoluez en huis clos. Là, on allait boire des coups tous les soirs ensemble. Tout le monde restait pour regarder les autres jouer. Ça a été une super aventure pour moi.
“Je me pince pour être sûr de ne pas rêver”
Une aventure que vous êtes prêt à réitérer ?
Pour le moment, j’ai signé pour les saisons 3 et 4. Donc je ferai la quatrième saison. Ensuite on verra en fonction des désirs des uns et des autres.
Ça pourrait me faire peur de m’engager longtemps, mais quand c’est un personnage que vous aimez particulièrement, au contraire, on prend plaisir à le retrouver. Comme Michel est un personnage assez multiple, il peut aller vers plein de directions différentes. Il pourrait devenir un type très bien comme une véritable ordure. Il y a plein d’histoires à créer autour de lui. C’est très excitant.
Ce personnage a semé pas mal de choses en saison 3 : il peut être très tendre, touchant, méchant, très surprenant, tout en restant assez cohérent. Il devient quelqu’un de différent en fonction des situations. Ça, on le comprend bien au fur et à mesure de la série. Il a un profil bien établi.
Vous avez touché au théâtre, à la télé, au ciné et même à la littérature. Que vous reste-t-il à accomplir ?
Je suis quand même vernis ces derniers temps ! J’ai une chouette série, une pièce de théâtre dont je suis fier et qui a un succès de dingue [Tout ce que vous voulez, avec Berenice Béjo, ndlr]. J’ai le film de Bruno Chiche avec Louise Bourgoin qui est sorti il y a quelques mois [L’un dans l’autre, ndlr] qui était super à faire. Mes bouquins fonctionnent aussi.
Là, j’écris mon premier long-métrage et je vais présenter mon deuxième court aux Talents Adami Cannes, en mai prochain. Très honnêtement, je me pince pour être sûr de ne pas rêver. Ça va bien là [rires] !
La saison 3 de Kaboul Kitchen a débuté le lundi 20 février sur Canal +.