#1. Hang the DJ
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Après “The Entire History of You” et “San Junipero”, Charlie Brooker nous prouve une nouvelle fois avec “Hang the DJ” qu’il sait écrire de très belles histoires d’amour, qu’elles soient douloureuses ou lumineuses. L’épisode met en scène deux tourtereaux malmenés par un système de dating plutôt cruel, qui les empêche d’être ensemble. On est dans un monde où “Le Système” gère votre vie amoureuse et vous promet après moult relations minutées de vous trouver votre âme sœur. Une sorte de Tinder flippant et institutionnalisé en somme. On pense aussi à l’épisode “Nosedive”, qui se penchait sur notre addiction aux smartphones.
L’épisode fonctionne sur le modèle d’une comédie romantique dysfonctionnelle. Le twist final, assez magistral, reprend une thématique bien flippante à la Matrix – et si nous vivions dans une simulation informatique ? – présente depuis les débuts de Black Mirror, mais particulièrement prégnante dans cette saison 4.
#2. USS Callister
Première incursion de Charlie Brooker dans l’univers du space opera, “USS Callister” est l’un des épisodes les plus audacieux de Black Mirror, toutes saisons confondues. La majorité de l’action ne se déroule pas dans un futur proche réaliste mais au sein d’un jeu en réalité virtuelle, appelé Infinity. Son créateur, loser dans la vie, tout-puissant quand il prend les commandes de son jeu, interroge sur le tyran qui sommeille en chacun de nous. En plaçant son action au sein d’une sorte de parodie de Star Trek, l’épisode s’attaque aussi à la figure du geek en mal de reconnaissance, si souvent dépeint, notamment dans les films des années 1980, comme un pauvre bougre qui n’arrive pas à embrasser l’héroïne.
Le désir de revanche sur la vie de Robert Daly – incarné par le toujours parfait Jesse Plemons – finit par en faire une personne très très antipathique. Au passage, l’épisode tacle le sexisme et la masculinité toxique de Star Trek, dont on met souvent en avant le meilleur (son message de tolérance) mais rarement les zones d’ombre. L’épisode aurait pu être magistral si la fin, d’une naïveté confondante, n’avait pas été bâclée.
#3. Metalhead
Voilà un épisode épuré, un véritable exercice de style comme on en a rarement vu dans Black Mirror. Réalisé par David Slade dans un beau noir et blanc, “Metalhead” emprunte ses effets au genre horrifique : la tentative désespérée de la survivante Bella (Maxine Peake) d’échapper aux robots est appuyée par des gros plans sur son visage terrifié mais aussi par une bande-son se réduisant au bruit de sa respiration. Les dialogues se font très rares et pour autant, on ne s’ennuie pas dans cet épisode, le plus court de toute la série. Les questions morales que posent habituellement Black Mirror sont en revanche reléguées au second plan tant ce combat inégal se résume à la machine vs l’humain.
#4. Crocodile
“Crocodile” possède un pitch assez classique pour l’univers de Black Mirror (une technologie permet de retranscrire les souvenirs d’une personne sur un écran, provoquant un changement dans la façon de gérer les litiges) qui fonctionne en grande partie grâce à l’interprétation magistrale d’Andrea Riseborough dans le rôle de Mia, une femme accomplie dans sa vie professionnelle et personnelle, qui va basculer dans une spirale de meurtres de plus en plus ignobles pour protéger un vieux secret.
Après l’antihéroïne de l’épisode “La Chasse”, Charlie Brooker confirme un talent certain pour l’écriture de personnages féminins moralement détestables. Les hommes passent au second plan dans ce polar où les rues sont aussi enneigées que les âmes ne sont sombres. L’épisode culmine par un face-à-face intense entre Mia et Shazia (Kiran Sonia Sawar) qui renverse au passage les clichés culturels auxquels la télé et le cinéma nous ont trop longtemps habitués.
#5. Black Museum
Le problème de Black Mirror, c’est qu’au fil des saisons, certains épisodes reprennent des mécaniques semblables. Si “White Christmas” n’avait pas eu lieu, on aurait certainement crié au génie face à “Black Museum”, dans lequel un homme aussi amoral que le personnage de Jon Hamm raconte trois terribles histoires qui se cachent derrière les artefacts d’un musée paumé au fin fond de l’Amérique. Sensation de déjà-vu au visionnage de ces histoires cruelles à vous faire perdre confiance en l’espèce humaine. La dernière histoire, la plus forte car elle convoque les pires démons des États-Unis, l’esclavage et le racisme, aurait mérité plus de temps au final. L’autre reproche que l’on peut faire à cet épisode au demeurant très plaisant, c’est que son twist reste plutôt prévisible.
#6. Arkangel
Jodie Foster, seule réalisatrice à avoir jamais signé un épisode de Black Mirror, met en scène cette poignante histoire entre une mère trop inquiète et sa fille. C’est évidemment une critique percutante de la fameuse fonction “contrôle parental”, qui permet aux parents de restreindre l’accès à Internet à leur progéniture. Charlie Brooker pousse le vice plus loin : grâce à une puce implantée dans le cerveau de Sara, sa maman peut contrôler sa vie, ce qu’elle peut voir ou non. Et comme d’habitude dans Black Mirror, la technologie, neutre, n’y est pour rien. Elle ne fait qu’accentuer les pires névroses de l’être humain. Notre intelligence nous a fait créer des technologies qui alimentent nos démons et finiront par causer notre perte.
Alors, nous demande Charlie Brooker, comment allons-nous finir ? Dans une simulation qui nous rend artificiellement heureux (et encore, on peut se poser la question de l’artificiel, les clones informatiques d'”USS Callister” ressentent véritablement des émotions, tout comme les amoureuses de “San Junipero”) ? Ou dans le monde post-apocalyptique de “Metalhead” ?