“Creepy Cassidy”
La question de l’immortalité
Preacher brasse des dizaines de thématiques dans son univers, dont la violence, l’autorité, la religion ou encore la spiritualité. Mais l’épisode “Holes” a principalement dépoussiéré le mythe du vampire ancré dans nos esprits. À la déprime rébarbative des êtres damnés à cause de leur vie éternelle, Cassidy répond par une nostalgie joyeuse. Il évoque notamment avec Tulip ses journées à la plage passées avec sa mère avant sa transformation. Et c’est dans ce comportement que le twist vampirique de Preacher survient.
L’éternel optimisme et la bonté de cœur qui le caractérisent en font un personnage plus humanisé que Jesse et Tulip, qui eux sont humains. L’un est habité par une entité démoniaque, qui le transforme petit à petit en monstre sans cœur. La seconde est une tueuse à gages hantée par la vengeance et la violence de ses actes. Au final, le seul acte déviant de Cassidy est son besoin de sang, besoin naturel et par définition nécessaire à sa survie.
De plus, la figure du vampire était traditionnellement présentée comme celle d’un être stigmatisé et déchu, rejeté par Dieu. Or, Cassidy tente symboliquement de modifier sa nature en poursuivant la quête du pasteur, à savoir retrouver le Tout-Puissant. C’est la véritable force de l’écriture de Sam Catlin, Seth Rogen et Evan Goldberg. Le trio s’amuse avec le mythe du vampire et la question de son immortalité, reprenant ces codes pour mieux les incorporer à l’univers décomplexé de Preacher et, au final, les twister. Ici, la vie éternelle n’est pas un simple aléa de la transformation en vampire, mais bien une raison de donner du sens à la vie de Cassidy. Il doit trouver Dieu pour métaphoriquement récupérer son humanité et se défaire de ce châtiment.
Cassidy, malgré ses vannes tordantes et ses mimiques adorables, est peut-être bien le personnage le plus complexe de Preacher. Et intelligemment, les créateurs de la série construisent petit à petit son background, pour mieux garder une forme de surprise et de mystère qui ne cesse d’accentuer l’intérêt des spectateurs pour ce personnage.
Tout ça pour dire qu’on ne peut pas reprocher à Preacher des longueurs ou un manque d’action ces derniers temps puisqu’elle ne fait qu’approfondir son univers et ses personnages. Elle ne fait que boucher les “trous” dont parlent l’épisode dans son titre avec inventivité et une certaine dose d’émotion. C’est une série qui prend son temps pour transposer un récit réputé inadaptable tout en prenant du recul sur certaines thématiques. Et incontestablement, cela fait de Preacher une série bien au-dessus du simple bouche-trou de la semaine en attendant Game of Thrones, Stranger Things ou The Walking Dead.
En France, la saison 2 de Preacher est diffusée sur OCS Choc.
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