Moins d’un an après son ajout au catalogue, la comédie romantique frenchie de Netflix est à nouveau là. Avec elle, six nouveaux épisodes, à la qualité tout aussi discutable que les précédents. Dans le sillage d’une saison inaugurale laborieuse, desservie par un souci de représentation en lien avec ses personnages racisés, Plan Cœur délivre une seconde salve qui, encore une fois, peine à totalement nous faire chavirer.
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En apprenant que ses meilleures potes Milou et Charlotte avaient payé un escort pour lui redonner confiance en elle, Elsa avait décidé de prendre ses distances avec elles. Faute d’idée plus ingénieuse, elle prétend être partie en voyage à Buenos Aires pendant plusieurs mois pour s’aérer l’esprit… sauf qu’elle n’a, en réalité, jamais quitté la ville lumière. Pis encore, elle n’a jamais fait de croix sur son idylle avec Jules et les deux semblent filer le parfait amour. Mais ça, c’était avant que les filles ne reprennent contact et que les complexes d’Elsa resurgissent.
(© Netflix)
Sans ironie aucune, il faut reconnaître que l’engouement autour de Plan Cœur suscite une étrange fascination. Quand on évoque la série lors de discussions près de la machine à café, les avis fusent. On entend des “ça passe” ou encore des “c’est pas ouf mais ça se laisse regarder”. Globalement, on peut dire avec plus ou moins de certitude que personne n’aura eu d’épiphanie devant les tribulations grotesques d’Elsa et ses copines. Personne ne crie au génie et, pour autant, les abonné·e·s qui ont regardé Plan Cœur seraient prêt·e·s à défendre la série bec et ongles.
Sans avoir détesté la première saison, celle-ci était loin de nous avoir transcendés. À bien des égards, cette seconde fournée d’épisodes ne relève pas le niveau, bien au contraire. Son plus gros défaut est très probablement son côté azimuté, comme si Plan Cœur ne savait pas où elle voulait nous mener. Cette indécision palpable transparaît par le personnage central d’Elsa, qui passe d’un extrême à l’autre sans aucune transition.
Une minute, elle feint de passer du bon temps avec Milou et Charlotte pour ensuite crier à qui veut l’entendre que leur amitié n’a plus de raison d’être. La suivante, elle se montre capable de remuer ciel et terre pour leur venir en aide. Entre ces deux états, zéro cheminement. Les décisions d’Elsa n’ont pas de sens pour le public et le personnage passe pour une girouette sans nom. Niveau humour, Plan Cœur capitalise sur le côté nunuche d’Elsa pour en faire une véritable initiatrice de moments gênants – mais on ne peut s’empêcher de penser que Zita Hanrot, excellente actrice par ailleurs, mérite mieux que la performance qu’elle nous sert ici.
(© Netflix)
Là où le bât blesse, c’est au niveau du comique de situation, forme humoristique sur laquelle la série se repose beaucoup, beaucoup trop. Ici, ça devient très vite redondant. Les lignes de dialogues n’aident pas, avec des répliques lourdingues comme “on n’est pas bien là, comme les quatre couilles de la main” lâchées en toute décontraction. Malaise. Les scénaristes espéraient-ils rendre leurs personnages féminins attachants et subversifs en leur faisant débiter des grossièretés, comme dans une volonté de miroir du masculin ? C’est raté. Plutôt que de rire, on soupire, enfin quand on ne se crispe pas.
Alors oui, il y a des choses à critiquer chez Plan Cœur. Mais ce qu’on lui reproche par-dessus tout, c’est de ne véhiculer absolument rien du tout. En saison 2 comme en saison 1, la série n’a rien à dire sur sa génération, sur son environnement. Elle a beau se dérouler dans notre chère capitale, elle ne dit absolument rien de la vie parisienne. C’est une coquille vide, une occasion manquée. Quand on voit les propositions Netflix issues d’autres pays européens (Sex Education au Royaume-Uni, Dark en Allemagne), on se dit qu’on est en droit d’exiger mieux d’une série française.
Les deux saisons de Plan Cœur sont disponibles en intégralité sur Netflix.