Dans The OA, il incarne le bouillant Steve, qui lutte pour gérer ses émotions et se retrouve embarqué dans l’histoire extraordinaire de Prairie. Biiinge a rencontré son interprète, l’acteur irlandais Patrick Gibson.
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C’est une des qualités de The OA : en mettant en scène une bande d’outsiders, la série chorale de Zal Batmanglij et Brit Marling a braqué les projecteurs sur de talentueux acteurs, de Ian Alexander à Patrick Gibson. Ce dernier, aperçu dans Les Tudors il y a quelques années, incarne Steve, un élève difficile, violent, incompris, que seule Prairie va réussir à toucher. On a rencontré le comédien, qui a des choses à nous dire sur son expérience unique.
Biiinge | Depuis la sortie de The OA, beaucoup de choses se sont passées. Comment avez-vous réagi à tous ces retours et à cette agitation autour du show ?
Patrick Gibson | Ça été une grosse surprise en fait ! Quand le show est sorti, ça a été un choc dans le bon sens du terme. C’était vraiment super de voir tout le monde réagir de façon si passionnée. Ça a créé des conversations bien après le visionnage de la série.
Revenons au moment de votre audition pour The OA. A-t-elle été traditionnelle ?
En fait, le processus d’audition a duré un moment. Je l’ai commencé en Grande-Bretagne alors que l’équipe était à New York. J’ai envoyé une vidéo puis j’ai eu quelques entretiens par Skype avec Zal [Batmanglij, ndlr] et Brit [Marling, ndlr]. Après ça, je suis parti à New York pour les rencontrer. Le rendez-vous a vraiment duré longtemps, j’ai eu l’impression que j’avais déjà eu le rôle. Cette audition m’a donné le sentiment que l’on travaillait déjà sur le personnage. J’ai joué une scène avec Brit et j’ai été bluffé par ce qu’elle faisait. C’était vraiment excitant.
Je n’ai pas eu de nouvelles pendant deux semaines environ. Puis finalement, j’ai reçu ce fameux coup de téléphone où ils m’ont dit : “On veut que tu le fasses.”
Étiez-vous familier avec le travail de Zal Batmanglij et Brit Marling, leurs deux films précédents Sound of My Voice et The East ?
Oui, absolument ! Je suis un grand fan de Sound of My Voice que j’ai vu plus jeune. J’étais un peu plus nerveux que la moyenne car je voulais vraiment travailler avec ces personnes. Je savais à peu près dans quoi je m’embarquais en termes d’ambiance.
Je me demandais justement comment vous aviez réagi à la lecture du script, mais si vous connaissez bien les deux créateurs, vous n’avez peut-être pas été si surpris…
Le script ne ressemblait à rien de ce qu’avais lu jusqu’ici, tout comme le rendu final. La série est assez unique en son genre. L’écriture de Brit et Zal est tellement évocatrice que vous comprenez dès le script ce qu’ils essaient de créer. C’est comme regarder le show en avant-première. Il y avait bien sûr toutes ces surprises. Et je me disais souvent : “Mince, qu’est-ce que j’ai manqué là ?! [rires]” J’avais beaucoup de questions !
“J’ai dû apprendre à lâcher prise”
Comment avez-vous travaillé sur ces fameux mouvements chorégraphiés si importants dans la série ?
Ryan Heffington a chorégraphié tous les mouvements. C’est un incroyable chorégraphe qui a bossé avec Shia LaBeouf sur le clip “Elastic Heart”. On se réunissait trois ou quatre fois par semaine avec Brendan [Meyer, qui incarne Jesse, ndlr], Brandon [Perea dans le rôle de French, ndlr] et Ian [Alexander, qui joue Buck, ndlr]. C’est marrant parce qu’on peut faire un parallèle avec le show.
C’est à ce moment-là qu’on a commencé à vraiment créer des liens entre nous, comme dans la série, où les mouvements rapprochent nos personnages. On se regardait, on s’aidait si l’un des gars n’avait pas compris un mouvement. On travaillait tous ensemble pour que le résultat soit le meilleur possible. Au final, notre corps devait acquérir des automatismes avant d’avoir à réfléchir, et ces mouvements devaient raconter une histoire par eux-mêmes. Je crois que Brit a une réplique que j’aime beaucoup où elle dit qu’on ne peut pas vraiment connaître quelque chose avant que le corps ne le sache.
Est-ce que l’apprentissage de ces mouvements a été votre plus grand défi sur ce tournage ?
Cela a certainement été un gros défi, mais j’ai vraiment apprécié cette expérience avec les mouvements. Je n’avais rien fait qui ressemble à ça dans le passé. Ça a été assez libérateur en fait de ne plus réfléchir avec son cerveau, mais de laisser son corps prendre le contrôle. J’ai tendance à trop réfléchir et à sur-analyser les choses, et là j’ai dû apprendre à lâcher prise.
L’une des scènes les plus marquantes du show, c’est cette fusillade en toute fin de saison. J’imagine que son tournage a été plutôt intense ?
Oui, ça a été intense. Nous avons passé plusieurs jours dans cette cafétéria scolaire à mettre en place cette séquence. Et c’était vraiment le plus gros défi de toute la série, en fait : réussir à faire en sorte que l’on croit à cette histoire. Sur cette scène, on ne savait pas du tout si les mouvements allaient fonctionner. Et il faut vraiment croire que ça peut fonctionner dans la vraie vie !
C’est le gars des effets spéciaux qui jouait le rôle du tireur. Il arrivait et on réalisait différentes versions des mouvements pour trouver la bonne. Tant qu’on n’avait pas trouvé la bonne combinaison, il faisait semblant de nous tirer dessus. Il fallait trouver un équilibre entre quelque chose d’improbable, qui sortait un peu de nulle part, mais qui propageait aussi de l’amour, et qui donnait envie de nous suivre corps et âme. Et au final, on a réussi à faire quelque chose [rires].
“The OA, c’est une question de foi”
Savez-vous d’ailleurs qui est le tueur dans l’histoire ?
Non, et je pense que ce n’est pas le but de l’histoire de savoir qui est ce tueur. Ce n’est pas nécessaire, il me semble, de le voir comme un personnage à part entière dans la série. Il représente en revanche pas mal de choses. Il est là notamment pour représenter la violence, et pour mettre en exergue notre opposition à cette violence. Il peut être n’importe qui en vérité.
Avez-vous traîné un peu sur Reddit, qui fourmille de théories en tout genre sur The OA ?
Je trouve ça génial toutes ces théories. Et effectivement, la série divise beaucoup en ce qui concerne le personnage de Brit Marling : dit-elle la vérité ou non ? The OA, c’est une question de foi. Comme la fameuse question des portes que nous devons laisser ouvertes. C’est métaphorique, c’est ce que nous devons faire pour ouvrir notre esprit à cette histoire, pour montrer si nous la croyons ou pas. C’est une façon pour elle de gagner notre confiance. Et la série dit tellement chose sur l’humanité qu’elle a touché beaucoup de gens.
La question qui tue : êtes-vous partant pour une saison 2 ?
Oh vous savez, le futur est incertain [rires]. J’aimerais beaucoup voir où va aller la série et je sais que Zal et Brit ont travaillé longtemps sur la construction de cette histoire. C’est vrai que j’ai l’impression que l’on a seulement vu la face émergée de l’iceberg. J’adorerais qu’il y ait une saison 2. Je serai frustré s’il n’y en avait pas. Je suis sûr qu’il y a plus à découvrir.
Vous allez aussi être à l’affiche en 2017 de la mini-série Guerrilla avec Idris Elba. Vous avez fini le tournage ?
Oui, je l’ai terminé en toute fin d’année dernière. Je suis vraiment fier de faire partie de ce projet. La série a été écrite par John Ridley [le scénariste de 12 Years a Slave, ndlr] et elle raconte une histoire très importante. Elle parle d’un mouvement de résistance qui lutte pour les droits des Noirs dans les années 1970 à Londres. J’ai partagé l’affiche avec des acteurs incroyablement talentueux, et travailler avec John a vraiment été spécial.
L’intégralité de la saison 1 de The OA est disponible sur Netflix