Entre des orgies de clebs sous méthamphétamine et des ébats sexuels entre un mec et sa voiture dernier cri, cette comédie vulgaire a de quoi sérieusement faire concurrence à South Park.
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Les séries d’animation destinées aux adultes, ça passe ou ça casse. Dans ce rayon-là, Netflix n’a pas trop à se plaindre, la majorité de ses fictions animées rencontrant un succès variable. Si certaines cartonnent et sont parvenues à amasser des fanbases dévouées, comme BoJack Horseman, d’autres plus confidentielles ont écopé de bons retours critiques, telles que F is for Family ou encore Castlevania. Où se situe Paradise Police, la dernière recrue de la plateforme, dans tout ça ? Dans le haut du panier, pour sûr, et on pèse nos mots.
Son titre nous met la puce à l’oreille. Paradise Police se penche sur les tribulations d’une escouade de flics qui n’est pas des plus efficaces sur le terrain. Kevin, fraîchement employé, est aux anges lorsqu’il intègre cette team de bras cassés, composée de personnages hauts en couleur. Il y a Gina, une policière qui passe son temps à harceler Dusty, un employé obèse à la voix fluette. Mais aussi Fitz, un Afro-Américain qui souffre de stress post-traumatique. C’est sans oublier son père, le chef de l’équipe, qui ne compte pas laisser passer la moindre de ses bavures.
Sur le papier, on est d’accord : Paradise Police pourrait être la réponse animée à Brooklyn Nine-Nine. Dieu merci, les deux œuvres n’ont que très peu de similitudes, le dernier produit made in Netflix optant pour un humour bien plus cru et provocateur. Un peu comme Big Mouth l’année précédente, elle ne lésine pas sur les jeux de mots salaces, les situations qui mettent mal à l’aise et une lourde récurrence de thématiques sexuelles. Pensez South Park mais avec moins de gratuité et toujours autant de grossièretés glissées çà et là pour nous offusquer.
Pour mieux illustrer la dimension no limit de la série, les exemples sont légion. On peut mentionner l’épisode où tous les cabots du quartier se retrouvent pour une scène orgiaque bien répugnante avant de tous crever d’une overdose. Ou bien, et c’est peut-être plus perturbant selon les sensibilités, le volet où l’un des flics noue une relation passionnée avec une voiture connectée et finit par coucher avec son véhicule façon bondage de l’extrême. Si la série peut s’avérer dérangeante, on arrive toujours à esquisser un sourire (même s’il se peut que ce soit de la gêne plus qu’autre chose), quand ce n’est pas une moue de dégoût.
Mais l’aspect le plus jouissif de Paradise Police, c’est sa capacité naturelle à glisser de sacrés tacles bien sentis à des figures de la pop culture. Kevin Spacey, Johnny Depp, Donald Trump… ces hommes-là, au cœur de maintes affaires médiatiques ostensiblement problématiques, doivent être dans le collimateur des scénaristes de la série animée, et ça se sent. Des burn en bonne et due forme leur sont destinés, et l’humour est assez bien amené pour avoir son petit effet. Car oui, derrière ses blagues très graphiques et ses gros mots à tire-larigot, Paradise Police conserve un propos et ne rechigne pas devant quelques prises de position progressistes.
Sans réinventer le game de la série d’animation, pas comme un Rick and Morty par exemple, Paradise Police se défend honnêtement avec une forme d’humour qui a su faire ses preuves au fil des années, que ce soit dans South Park aussi bien que dans l’excellente Big Mouth. Son visionnage – seulement 10 épisodes d’une demi-heure – passe à une vitesse folle tant on enchaîne les rires nerveux et les cris de révulsion dès qu’un personnage gerbe ses tripes. Et attention, ça arrive très, très souvent.
La première saison de Paradise Police est disponible depuis le 31 août 2018 sur Netflix à l’international.