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On a classé les 10 meilleures mini-séries HBO

On a classé les 10 meilleures mini-séries HBO

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Par Marion Olité

Publié le

"It's not TV, it's HBO."

S’il y a bien une chaîne qui est passée maîtresse dans l’art de la mini-série ou série limitée, c’est HBO. La chaîne câblée aux ambitions artistiques élevées s’est fait une spécialité de ce format, dont la spécificité est de raconter une histoire avec un nombre d’épisodes prédéterminés, entre deux et treize habituellement.

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Depuis la fin des années 1990 jusqu’à notre époque, HBO enchaîne les morceaux de bravoure, recrutant la crème de la crème en matière de casting (les stars de cinéma viennent volontiers dans ses productions qui ne les engagent pas sur plusieurs années), de showrunners et de réalisation. Avec souvent, à la clé, des succès public et critique, et des œuvres majeures de l’histoire de séries. On vous en a sélectionné 10, à voir et revoir, sans modération. 

#1. Angels in America (2003) 

C’est un des premiers grands coups de HBO en matière de mini-série, et l’une de ses premières. Il s’agit de l’adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Tony Kushner, acclamée aux États-Unis, où elle reçut le prix Pulitzer en 1991. Initialement diffusée en deux morceaux de trois heures par la chaîne câblée, avant d’être divisée en six épisodes (on se cherchait côté format à l’époque !), Angels in America raconte les trajectoires liées de six New-Yorkais·e·s et débute en 1985, alors que l’épidémie du sida fait des ravages et que Reagan occupe le siège de président. Au cœur de ce récit aussi épique qu’intime, un homme, Prior Walter (Justin Kirk), est quitté par son petit ami après lui avoir annoncé qu’il était atteint du sida. Malade et souffrant de solitude, il commence à avoir des hallucinations et est visité par un ange…

Au casting de cette grande mini-série sur les ravages du sida chez les hommes gays, on retrouve Al Pacino dans le rôle d’un homme puissant au placard, Meryl Streep et Emma Thompson dans ceux des anges, ou encore Mary-Louise Parker et Patrick Wilson qui incarnent un couple malheureux dans sa sexualité, lui étant un mormon et homosexuel refoulé. Ce récit à la fois poétique, universel et sociologique (la série revient sur les années Reagan, à travers les prismes de la classe, du genre et de la race*) a gardé toute sa puissance, presque vingt ans plus tard, et toute sa pertinence sociétale alors que le monde vit une crise sanitaire mondiale. (M.O.) 

#2. Band of Brothers (2001)

Si HBO pouvait être résumée en un mot, ce serait l’audace. Et depuis le nouveau millénaire, la chaîne câblée n’a cessé de redoubler d’efforts et de paris risqués pour séduire ses spectateurs. Même quand Steven Spielberg et Tom Hanks ont frappé à sa porte pour proposer une série de guerre ultra réaliste, avec un budget colossal et une distribution d’acteurs émergents, dont certains sont devenus aujourd’hui des stars hollywoodiennes, HBO n’a pas tremblé ni hésité une seconde pour leur donner les moyens de le faire.

En 2000, cette belle équipe créative a donc donné naissance à Band of Brothers, mini-série historique sur les unités aéroportées de l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. Dix épisodes spectaculaires et poignants plus tard, on découvrait que le tandem de producteurs avait créé le Il faut sauver le soldat Ryan du petit écran. Avec sa reconstitution exceptionnelle de la période historique, son budget complètement insensé pour l’époque (250 millions de dollars, autant qu’un film Avengers d’aujourd’hui) et une approche intimiste des soldats qui se sont sacrifiés pour la liberté de l’Europe, Band of Brothers est non seulement la meilleure série de guerre de l’histoire, mais aussi et surtout un devoir de préservation historique intemporel. (A.D.)

#3. Mildred Pierce (2011)

Adaptée du roman éponyme de James M. Cain sorti en 1941, Mildred Pierce met en scène une Kate Winslet de gala dans le rôle-titre, celui d’une mère courage et entrepreneuse durant la Grande Dépression. Séparée de son mari, elle ouvre son propre restaurant, va tomber amoureuse d’un nouvel homme (Guy Pearce) et entretenir une relation des plus malsaines avec sa fille narcissique (incarnée adulte par Rachel Evan Wood), qui la méprise et qu’elle a surprotégée.

On suit ainsi la trajectoire de Mildred sur plusieurs décennies. Superbement filmée par Todd Haynes – un grand spécialiste des fictions d’époque à qui l’on doit notamment le film Carol –, Mildred Piece raconte l’émancipation féminine de la classe moyenne blanche avec cette trajectoire de self-made woman au cœur des années 1950, mais aussi le fossé de générations qui peut exister, représenté par Vera, la fille ingrate et snob de Mildred. C’est beau, parfois terriblement cruel, et les performances de Kate Winslet et Rachel Evan Wood sont inoubliables. Cette relation mère-fille des plus toxiques annonce une future mini-série, qui proposera une autre variation sur ce thème : Sharp Objects. (M.O.)

#4. The Night Of (2016)

Le polar, ou crime drama aux États-Unis, est potentiellement le genre le plus exploité sur le petit écran. Mais entre les mains de HBO et des créateurs Steven Zaillian et Richard Price, il a été sublimé. Avec The Night Of, le tandem livre une œuvre noire et bouleversante sur les dérives du système judiciaire et carcéral américain, capable de pervertir le plus innocent des hommes et le transformer en… criminel.

Si The Night Of captive avec son atmosphère blafarde et ses dialogues saisissants, elle doit beaucoup à ses deux interprètes principaux et à leur alchimie. D’un côté, le jeune Riz Ahmed et ses yeux d’ébène à vous faire fondre, de l’autre, l’expérience et le talent de John Turturro, avec son charisme électrisant. On pensait qu’avec la saison 1 de True Detective, HBO avait proposé la série policière ultime, mais The Night Of, avec son introspection sur la perversion humaine bluffante, mérite au moins les mêmes louanges. (A.D.)

#5. Chernobyl (2019)

Inconsciemment, on connaît tous le récit glaçant de la catastrophe de Tchernobyl. Que ce soit par nos parents, de vieux articles de journaux ou des documentaires sur la tragédie industrielle du XXe siècle, impossible d’avoir la sensation d’être passés à côté. Et pourtant, Chernobyl, ce biopic saisissant sur les hommes de l’ombre qui ont participé ou tenté d’entraver la progression de ce nuage nucléaire et mortel, a donné une nouvelle perspective fascinante sur l’explosion des réacteurs de la centrale Lénine et ses conséquences désastreuses pour l’humanité.

La mini-série de Craig Mazin a bouleversé voire profondément choqué ses spectateurs pour deux raisons. D’abord, sa reconstitution terrifiante, parfois heure par heure, de cet effet boule de neige inarrêtable, ou comment une erreur humaine a failli coûter la vie d’une partie de l’humanité, puis pour ses images inoubliables, parfois écœurantes et insoutenables à regarder, mais nécessaires pour comprendre pleinement les enjeux humains et politiques d’une telle catastrophe. Chernobyl propose aussi ce qui est très certainement la séquence sérielle la plus intense et terrifiante de la décennie, le balayage du graphite sur le toit du réacteur. (A.D.)

#6. Watchmen (2019)

Damon Lindelof : un nom qui fait vibrer les fans de Lost et pleurer les fans de The Leftovers (même si l’inverse fonctionne aussi). Le showrunner passé expert dans les séries chorales, profondément humaines et souvent métaphysiques voire philosophiques, s’est lancé un nouveau défi avec l’adaptation de Watchmen, le monolithe en cases d’Alan Moore, Dave Gibbons et John Higgins. Chapeau l’artiste, puisqu’il s’agit très certainement de son chef-d’œuvre ultime.

Au-delà de proposer une histoire de super-héros hors du commun et très personnelle, la série Watchmen a eu une vraie résonance aux États-Unis. D’abord pour son histoire, et plus particulièrement celle de la communauté noire et afro-américaine, avec la mise en lumière du massacre de Tulsa. Ensuite, pour sa critique du gouvernement de Trump et notamment de l’alt-right suprémasciste, à travers le personnage de Rorschach. Damon Lindelof a accouché d’une œuvre woke, poignante et esthétiquement sublime, qui a modernisé les thématiques déjà passionnantes du roman graphique original. Du grand art, tout simplement. (A.D.)

#7. I May Destroy You (2020)

Depuis sa première série, Chewing Gum, on savait que Michaela Coel était une autrice à suivre. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’elle allait nous mettre une claque monumentale en sortant fin 2020 I May Destroy You, une série semi-autobiographique, en partie basée sur le viol qu’elle a subi. Son alter ego de fiction, Arabella, est une écrivaine milléniale qui a du mal à tenir ses deadlines : elle doit rendre son deuxième roman à son éditeur. Elle décide de faire une pause et sort avec des amis à Londres. Le lendemain, elle comprend qu’elle a été droguée comprend petit à petit qu’elle a subi un viol. Coproduite par la BBC et HBO, la série, composée de 12 épisodes, suit la façon dont cet événement traumatique va changer sa vie, lui faire reconsidérer ou consolider ses amitiés, et influer sur son art. La transformer, à tout jamais.

S’il existe de très bonnes séries sur la question des violences sexuelles – Unbelievable ou The Handmaid’s Tale en tête –, on n’avait encore jamais vu une œuvre aussi personnelle que celle de la brillante Michaela Coel, qui met en scène un cast majoritairement noir (les femmes noires et racisées sont rarement les protagonistes et le sujet des violences sexuelles qu’elles subissent quasiment inexistant sur le petit écran), et s’empare de la mémoire traumatique à la première personne. Arabella est une personne multidimensionnelle, drôle, bouleversante, complexe. I May Destroy You est à la fois douloureuse, thérapeutique et inspirante. Un chef-d’œuvre contemporain. (M.O)

#8. The Plot Against America (2020)

David Simon affectionne le format des mini-séries : après The Corner (2000), prémisse à son chef-d’œuvre The Wire, et Show Me a Hero (2015), le showrunner, qui est sur HBO comme à la maison, adapte (chose assez rare chez lui) un roman, celui de Philip Roth, Le Complot contre l’Amérique, sorti en 2004. Dans cette uchronie prenant place au cœur des années 1940 aux États-Unis, le romancier imagine que le pilote ultra-populaire Charles Lindbergh, aux amitiés nazies, devient président à la place de Roosevelt. Le climat antisémite s’installe alors lentement au sein de la société américaine. La transposition sur écran par David Simon et Ed Burns est une démonstration magistrale du glissement vers l’intolérance. On suit le quotidien des Levin, famille juive de Newark dans le New Jersey, incarnée par Winona Ryder, Anthony Boyle et Zoe Kazan. John Turturro y incarne un rabbin qui pense pouvoir collaborer avec Lindbergh. L’escalade de la violence envers les populations juives, glaçante, atteint son apogée dans le dernier épisode.

Diffusée quelques mois avant les nouvelles élections présidentielles, extrêmement tendues, qui ont vu Donald Trump quitter finalement ses fonctions après de très sérieuses alertes (l’invasion du Capitole par ses supporters), The Plot Against America est un rappel cinglant de la fragilité de nos démocraties. (M.O.)

#9. Sharp Objects (2018)

Avec le mouvement #MeToo et l’affaire Weinstein, les œuvres dédiées aux femmes et plus précisément sur la violence faite aux femmes se sont multipliées sur le petit écran. Fort du succès de Big Little Lies, et accompagné par le talent de la showrunneuse féministe Marti Noxon (Buffy, UnREAL), le réalisateur Jean-Marc Vallée a apporté sa pierre à l’édifice avec Sharp Objects. Une histoire bouleversante, réaliste et intimiste sur le meurtre de deux petites filles, qui invite à la réflexion sur l’émancipation féminine et le deuil.

Sharp Objects est parsemée de fulgurances d’interprétation, avec un duel au sommet entre Amy Adams et Patricia Clarkson, la première délicate et impressionnante, la seconde cruelle et terrifiante. Leur confrontation s’accompagne d’une mise en scène poétique, envolée, et parfois très sombre, si bien que la mini-série se regarde avec des yeux avertis et de préférence en journée plutôt que de nuit. Car le cauchemar de Camille Preaker, l’héroïne tourmentée de Sharp Objects, pourrait bien devenir le vôtre tant la violence de l’intrigue devient viscérale et transcendante. (A.D.)

#10. We Are Who We Are (2021)

L’arrivée d’un cinéaste dans le game des séries, c’est toujours quitte ou double. Dans le cas de Luca Guadagnino, le réalisateur acclamé de Call Me by Your Name, ce coup d’essai s’avère être un coup de maître. Pour sa première série, il s’attaque à un genre pour le moins balisé, le teen drama, pour le faire sien. Sa caméra fluide, naturaliste et poétique suit la trajectoire d’une bande d’ados coincés dans une base militaire, où bossent leurs parents. Dans cette atmosphère délétère et cet environnement a priori fermé, deux ados, Frasier et Caitlin, vont explorer leurs orientations sexuelles et identités de genre avec une liberté qu’on leur envie.

En posant sa caméra au plus près de ses jeunes interprètes, qui irradient de sincérité (Jack Dylan Grazer et Jordan Kristine Seamón en tête), Luca Guadagnino capte de façon singulière le danger, les possibilités (en particulier dans le monde d’aujourd’hui, plus queer que celui d’hier) et l’intensité de l’état adolescent. Sa fiction ne veut pas expliquer les choses, elle veut nous les faire vivre, quitte à ne pas avoir toutes les réponses. L’important, c’est de ressentir. (M.O.)

*Le terme race est utilisé dans le sens sociologique de catégories raciales qui organisent notre perception de la réalité. Il ne revêt aucune réalité biologique.

Si vous souhaitez avoir une vision complète de toutes les mini-séries diffusées sur HBO, cet article de Vulture, mis à jour régulièrement, vous éclairera. Excepté We Are Who We Are, diffusée sur StarzPlay chez nous, toutes les autres mini-séries mentionnées sont diffusées sur OCS en France, partenaire de HBO depuis de longues années.