Avec Mayans M.C., Kurt Sutter introduit les dignes héritiers de Sons of Anarchy

Avec Mayans M.C., Kurt Sutter introduit les dignes héritiers de Sons of Anarchy

On the road again.

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Une décennie après les débuts de Sons of Anarchy sur le petit écran, son créateur Kurt Sutter reprend la route avec les durs à cuire de Mayans M.C., spin-off centré sur un nouveau gang de bikers au grand cœur mais aux activités plutôt illégales. On les avait croisés au temps du Samcro à travers le personnage de Marcus Álvarez, leader du clan et antagoniste de Jax & co avant de devenir moins hostile.

Exit Charming. On enfourche sa moto, direction plus au sud de la Californie pour aller à Santa Padre, à la frontière entre la Californie et le Mexique, pour faire plus ample connaissance avec les Mayans. Et cette fois, notre point d’entrée est un “prospect”, c’est-à-dire un postulant au club latino, qui répond au nom d’Ezekiel (J. D. Pardo).

En attendant d’entrer dans le gang pour de bon, le jeune homme doit se taper tout le sale boulot qu’on lui refile, qui va de faire de l’essence à se débarrasser d’un corps encombrant. On ne sait pas trop comment il en est arrivé là, mais des flash-back huit ans plus tôt nous apprennent que l’homme était destiné à aller étudier à Stanford plutôt qu’à trafiquer de la drogue dans un gang de bikers.

On apprendra bien assez tôt ce qui est arrivé, mais toujours est-il qu’après un séjour en prison, Ez tente d’intégrer le club des Mayans, et ce n’est pas seulement pour rejoindre son grand frère, Angel Reyes (Clayton Cardenas). Une sombre histoire de revanche se cache là-dessous.

En attendant de pouvoir l’exercer, le biker découvre vite qu’il est tombé dans un nid de guêpes. D’un côté, le clan doit des comptes au cartel de Galindo (Danny Pino), un homme aussi propre sur lui que sans aucune pitié, après une livraison de drogue qui s’est mal déroulée.

De l’autre, Ez se rend compte qu’une lutte interne ne va pas tarder à exploser chez les Mayans. Certains d’entre eux sympathisent en effet avec la cause des Olvidados (“Les Oubliés”), une bande de jeunes dont les parents et les proches ont été massacrés par le cartel Galindo, et qui fomentent leur vengeance. N’oublions pas non plus les Samoans, un gang rival impliqué dans l’imbroglio, que l’on reverra sûrement dans les prochains épisodes.

Longue vie aux Mayans

Si cette nouvelle série a semblé mettre une éternité à voir le jour, c’est que Kurt Sutter ne voulait pas faire n’importe quoi. En témoigne l’implication d’Elgin James, cocréateur des Mayans M.C. et personnalité américaine racisée au passé trouble (il a fait de la prison et a appartenu à un groupe classé comme un gang par le FBI), qui a apporté une dose d’authenticité à ce nouveau show.

Et puis l’intrigue, touffue dès son pilote plutôt convaincant, s’inscrit de manière (un peu trop) évidente dans les traces de SoA. La filiation est totalement assumée, en témoignent plusieurs easter eggs qui indiquent aux fans du Samcro qu’ils sont au bon endroit pour embarquer dans un nouveau road trip télévisuel.

Dans sa scène d’intro, Mayans M.C. filme un corbeau mort en train de se faire bouffer par un chien. Ce corbeau, on imagine sans peine qu’il s’agit d’un des deux de la scène finale de Sons of Anarchy, qui voyait Jax se sacrifier pour son club façon Jésus. Ezekiel arrive alors sur son bolide, et l’écrase une nouvelle fois. Bye bye Jax, il est temps de laisser place aux vivants. L’intrigue des Mayans se déroule d’ailleurs un peu plus de deux ans après le suicide du rebelle blond.

Plus tard dans l’épisode, c’est Gemma (Katey Sagal) qu’on a la surprise de retrouver lors d’un flash-back où Ez voit sa petite amie alors qu’il est en prison. La mère de Jax assiste à une scène plutôt intense entre les deux et balance un “assholes” (“crétins”) retentissant avant de disparaître de l’écran. Puis les Mayans échafaudent un plan pour choper le leader des Samoans, avec l’aide surprise du Samcro californien, qui a survécu aux Teller, gang dirigé par Les Packer, incarné par Robert Patrick, que l’on avait vu dans deux épisodes de SoA.

Vaya con dios

Chaque épisode nous réservera-t-il sa dose de fan service ? On en doute, l’idée étant plutôt ici de montrer que l’univers est commun, mais que les deux séries vont emprunter des chemins différents. Encore heureux : qui a envie de revoir la même histoire ? Certaines valeurs restent communes aux deux séries, comme l’importance de la famille, la fidélité aux membres du club, ou encore la façon dont il fonctionne (sous forme de vote, avec des “prospects”). Des arcs narratifs comme les luttes intestines au gang sont inévitables.

Si le pilote de Mayans M.C. pose les jalons d’une série solide, en multipliant les enjeux, on est en droit de se demander si on ne va pas assister à un bis repetita des motifs shakespeariens appliqués aux gangs des bikers que nous proposait déjà Sutter avec SoA.

Les relations père-fils seront une nouvelle fois sur le devant de la scène, le père d’Ez étant incarné par l’intense Edward James Olmos, ici un boucher et travailleur qui ne veut pas voir son fils impliqué dans des affaires criminelles (too bad). Ça sent le roussi aussi côté love, le premier épisode mettant l’accent sur l’amour de jeunesse perdu (Emily, incarnée par Sarah Bolger) de notre nouvel antihéros, qui va forcément tenter de la reconquérir et de corriger ses anciennes conneries. Sounds familiar ?

Comme sa grande sœur, Mayans M.C. donne aussi dans la violence sans concession. Dès son pilote, on assiste à une scène de démembrement pas franchement ragoûtante, et à une ou deux fusillades. Du côté des personnages, difficile de savoir si nous pourrons nous y attacher aussi fortement qu’à ceux de SoA. Ils sont en tout cas solidement campés, peut-être un poil caricaturaux du côté du cartel. Et pour le moment, J. D. Pardo donne dans la sobriété. La vraie nouveauté, c’est que ce spin-off promet de nous plonger dans la culture latino-américaine, les membres du Mayans ayant tous du sang mexicain dans les veines.

Pour le moment, à part à travers le décor et des choix musicaux toujours pertinents, la culture latino n’est pas mise en valeur plus que ça. On imagine qu’elle sera davantage explorée dans les épisodes suivants. Le générique nous donne des indices en mettant en scène sur un son rock dont Sutter a le secret, “Nunca” de David Hidalgo & Los Refugio Tiernos, des symboles de la culture mexicaine et une statue de la vierge. Le créateur lui-même promet aussi d’aborder des sujets contemporains brûlants, comme l’immigration mexicaine, le rapport de la communauté à la religion et à la politique. Le tout sur du bon son, avec pour toile de fond l’éternelle Amérique, ses routes désertiques et son soleil qui crame tout.

La première saison de Mayans M.C., composée de dix épisodes, est diffusée aux États-Unis sur FX depuis le 4 septembre, et à l’heure US sur Canal + Séries à partir du 5 septembre, et tous les mercredis à 22 h 25.