L’anthologie horrifique et mensuelle d’Hulu débute avec “The Body”, un épisode d’Halloween fun mais pas franchement flippant ni palpitant.
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La tendance sérielle de cette cuvée 2018-2019 est sans conteste le genre horrifique. En parallèle du retour de l’immanquable American Horror Story, les chaînes et plateformes américaines sortent toutes leurs productions flippantes en cette rentrée : The Haunting of Hill House, Ghoul et Les Nouvelles Aventures de Sabrina pour Netflix, The Purge chez USA Network, Folklore du côté de HBO Asie, la saison 4 de Channel Zero pour Syfy… Mais un distributeur en particulier tire son épingle du jeu ces derniers mois : Hulu.
La “petite” plateforme de streaming a commencé dès cet été avec Castle Rock, la rencontre très attendue entre l’univers de Stephen King et le talent de J.J. Abrams. En octobre, elle revient avec deux séries d’horreur dont une anthologie au concept original. Into the Dark, nouvelle production signée Jason Blum (Paranormal Activity, Insidious, American Nightmare…), prend le pari de sortir un épisode par mois pendant une année entière. L’objectif : s’inspirer des fêtes du calendrier (Noël, la Saint-Valentin, Pâques, etc.) pour raconter des contes noirs et macabres.
Mois d’octobre oblige, c’est Halloween qui est à l’honneur dans le premier épisode d’Into the Dark. Au programme, le parcours d’un tueur à gages (Tom Bateman, vu dans Le Crime de l’Orient-Express) pendant la nuit des morts, qui a quatre heures devant lui pour remettre un cadavre à son client. Ironie du sort, une bande de jeunes fêtards va le prendre pour un inconnu au costume plus vrai que nature et l’inviter à une soirée privée où sa véritable identité risque d’être révélée au grand jour.
Plus de rires que de peur
À notre grande surprise, le premier épisode d’Into the Dark est davantage une parodie d’horreur qu’un vrai moment d’épouvante. Tout y est exagéré : le jeu des acteurs, les réactions des personnages, qui fantasment devant le tueur à gages et son vrai faux cadavre avant de paniquer complètement en apprenant son véritable dessein, la violence et ces explosions de sang couleur ketchup… Si on ne sursaute pas durant le visionnage de “The Body”, on est également loin d’être pliés devant cette situation invraisemblable, qui frise parfois le ridicule.
L’épisode rassemble pourtant deux genres totalement opposés, la comédie d’horreur et le film d’action “viril”, comme si Jason Statham époque Le Transporteur était allé faire un tour chez les Américains outranciers de Scary Movie. Avec ce mauvais goût qui se dégage de l’écran, Into the Dark s’inscrit comme une véritable série B, où tout est trop gros pour y croire. On pense à Ryan Murphy et son esprit névrosé, mais la réflexion sociologique en moins, puisque tout est gratuit et extravagant dans “The Body”. Si de prime abord l’histoire est intrigante, la mise en scène, trop impersonnelle, ne suit pas. Les acteurs, très fades ou en surjeu tout du long, n’aident pas non plus à éprouver de l’empathie pour leurs personnages.
L’autre problème majeur de “The Body”, c’est sa manie de faire sans cesse référence à des films emblématiques du genre : les clins d’œil à Vendredi 13, Scream ou encore Halloween sont loin d’être subtils voire carrément lourdingues. Si on apprécie l’autodérision de Blumhouse, qui se moque par exemple d’American Nightmare et son festival de masques over-the-top, la série manque vraiment de style et d’authenticité. Elle caractérise bien la recette miracle de Jason Blum : un petit budget et de vraies bonnes idées qui perdent toute leur originalité lors de l’exécution.
Cela dit, l’humour noir pourra aussi faire sourire les spectateurs moins exigeants. Le duo entre Tom Bateman et Rebecca Rittenhouse est assez décapant par son absurdité. Wilkes est un tueur de sang-froid répugné par l’humanité, tandis que Maggie est une adolescente bourgeoise fascinée par le meurtre. Elle le suit comme une personne atteinte du syndrome de Stockholm jusqu’à la révélation finale, assez prévisible mais non mais délectable, et symbolique de l’ère #MeToo.
Toutefois, l’épisode d’une durée de 1 h 20 accuse quelques longueurs, entre réflexions philosophiques de comptoir servies par des dialogues caricaturaux et catalogue de clichés d’une adolescence dévergondée. On préfère largement les 20 dernières minutes, où “The Body” embrasse pleinement son aspect slasher dans un festival de scènes aussi sanglantes et gentiment débiles que la franchise Destination finale a pu nous en offrir.
En réalité, ce pilote d’Into the Dark ne sait pas vraiment sur quel pied danser, jongle entre différents sous-genres de l’horreur sans jamais plonger suffisamment profond dans son sujet pour nous faire glousser ou hurler. Le deuxième épisode, baptisé “Flesh & Blood”, vendu comme un huis clos angoissant façon Panic Room et se déroulant pendant la période de Thanksgiving, pourra peut-être relever le niveau – ou l’année de l’horreur vendue par Hulu ne comptera que 60 jours.
En France, la première saison d’Into the Dark reste inédite.