Le reboot de Gossip Girl est aussi bling-bling que l’original, mais manque de mordant

Le reboot de Gossip Girl est aussi bling-bling que l’original, mais manque de mordant

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Par Marion Olité

Publié le

Avec une tentative de touche de wokeness en plus.

C’est l’événement sériel attendu de ce début d’été : annoncé depuis plusieurs mois et retardé par la pandémie, le reboot de Gossip Girl a finalement atterri sur HBO Max aux États-Unis avec la diffusion de son pilote le 8 juillet dernier. Le challenge était de taille : ère post-#MeToo et Black Lives Matter oblige, il était inconcevable de refaire la même série que celle qui a vu Blair et Serena s’écharper durant six saisons. Comment, alors, reproduire la recette attrayante qui a fait le succès de GG en enlevant le privilège blanc et les comportements toxiques de ses protagonistes ? Être fun, sexy sans être offensante et en étant inclusive, c’est la tâche qui attend ce Gossip Girl (2021).

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Showrunné par Joshua Safran, avec Josh Schwartz et Stephanie Savage en producteurs exécutifs (le trio de la série originale), ce premier épisode repose les bases de l’univers et inscrit la nouvelle série dans la continuité de l’originale (une adaptation des romans de Cecily von Ziegesar pour rappel) avec de nouveaux personnages. Le show est donc généreux en références aux ancien·ne·s étudiant·e·s qui ont foulé les couloirs de l’école privée Constance Billard. Un petit côté méta très actuel ravira les fans. D’autant qu’il n’est pas exclu de voir débarquer en mode guest un·e ancien·ne de la série mère.

C’est par le prisme des professeur·e·s, terrorisé·e·s par leurs élèves, que l’on a droit à un petit récap pas désagréable des événements qui ont pris place une décennie plus tôt. Et voilà venir le twist principal de ce reboot : cette fois, l’identité de la nouvelle Gossip Girl, qui poste les indiscrétions sur les vies perso des ados de l’Upper East Side façon paparazzi à la langue bien pendue, ne sera pas teasée tout au long de la série, comme ce fut le cas sur l’originale.

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La série le dévoile dès le début : ce sont les profs, en particulier Kate Keller (incarnée par Tavi Gevinson), décidée à ne pas vivre dans la terreur de se faire virer par les parents de ses élèves tout-puissants, qui prennent le relais de Dan Humphrey et ressuscitent le personnage de Gossip Girl sur Instagram, dans le but de tenir tout ce monde dans le rang. Un twist risqué (des séries comme Pretty Little Liars doivent une grosse partie de leur succès à la question “qui est A ?”, qui persécute la bande d’ados aux multiples secrets), mais qui peut payer et donner lieu à une guerre ouverte divertissante entre le corps enseignant et les ados.

Côté personnages, difficile, parmi les huit principaux, d’en sortir du lot tant leur caractérisation reste trop superficielle pour le moment. La nouvelle Serena, Julien Calloway (Jordan Alexander), a beau être charismatique, pour le moment, son obsession à être l’influenceuse parfaite la rend creuse au possible. Seul un dialogue, dans lequel elle explique à sa demi-sœur Zoya Lott (Whitney Peak) qu’elle a dû en faire dix fois plus que les autres pour en arriver là, fait référence au fait qu’elle appartient à une minorité.

Julien et Zoya sont donc destinées à devenir les Serena et Blair de cette nouvelle génération d’Upper East Siders, plus accro que jamais aux réseaux sociaux et à leur image. Le personnal branding semble être au cœur de la série, et on a déjà envie de lever les yeux au ciel. Côté relations sulfureuses, le personnage de Max Wolfe (Thomas Doherty), amalgame de Nate et Chuck, promet de briser bien des cœurs. Dès ce premier épisode, le jeune homme pansexuel fait tourner des têtes, en particulier celles de ses deux amis en couple, Audrey (Emily Alyn Lind) et Aki (Evan Mock). Vous l’aurez compris : la formation d’un trouple est imminente. Mais la série sera-t-elle à la hauteur d’un Elite, qui a comblé l’absence de teen drama soapesque pendant les longues vacances (une décennie) de Gossip Girl ?

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Un peu long, un peu bancal, ce reboot de Gossip Girl peine à récupérer sa couronne de teen drama qui assume sa silliness et son côté sassy. Un peu comme si les scénaristes avaient peur de rendre leurs personnages issus de la diversité et de minorités trop bitchy. C’est pourtant tout ce qui fait le sel d’un bon soap, queer ou non. Et la culture LGBTQ+ s’y connaît en la matière ! Mais pour le moment, la série n’assume pas complètement son positionnement et perd au passage le mordant de l’originale. On sait qu’elle n’est pas là pour marcher sur les plates-bandes de Generation ou Euphoria et que, pour le réalisme social, on repassera.

Il va donc falloir qu’elle mise sur ses atouts, et pas seulement esthétiques, et se décoince un peu pour attirer notre attention. Car regarder des ados riches et privilégiés mater leurs portables à longueur de journée ou se rendre à un défilé de mode over the top ne va pas nous passionner si ce n’est pas saupoudré d’une bonne dose de drama. On veut bien lui donner le bénéfice du doute. La suite posera peut-être davantage les personnalités de chacun et chacune. Pour le moment, si ce “Gossip Girl 2.0” a trouvé sa bande-son – pop à souhait, de Frank Ocean à Ariana Grande en passant par Billie Eilish –, elle n’a pas encore trouvé son ton.

En France, Gossip Girl (2021) sera diffusée sur Warner TV.