Good Girls Revolt, une révolution féministe qui doit faire ses preuves

Good Girls Revolt, une révolution féministe qui doit faire ses preuves

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© Amazon

Entre sexisme ambiant et jupes taille haute, Good Girls Revolt plonge dans le quotidien peu enviable de chercheuses dans une rédaction des années 1960.

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À l’heure où les femmes du XXIe siècle continuent de se battre pour l’égalité salariale, il est important de se rafraîchir la mémoire et de retourner aux sources de cette révolte sociétale. Good Girls Revolt, la dernière production du service de VOD Amazon Prime, témoigne en tout cas de cette volonté et essaie de démontrer maladroitement que le sexisme n’est pas né avec Donald Trump.

Le bruit acharné des taille-crayons électriques, les sonneries typiques provenant de téléphones à cadran, les chignons crêpés façon Brigitte Bardot… Bienvenue dans les sixties, au cœur de la rédaction constamment en effervescence de News of the Week, journal hebdomadaire américain. À cette époque, les femmes sont reléguées au second plan, occupant le poste de chercheuses. Concrètement, elles se tapent le sale boulot en accomplissant tout le travail de fond pour leurs collègues masculins, lesquels obtiennent tous les mérites. Injustice, quand tu nous tiens !

C’est sans compter sur l’arrivée de Nora Ephron, interprétée avec justesse par Grace Gummer, qui n’est autre que la fille de Meryl Streep. Avec sa chevelure dangereusement volumineuse, Nora s’impose rapidement au sein de la rédaction comme une bouffée d’air frais, à contre-courant du système patriarcal jusqu’ici omniprésent. Si sa place au sein du journal est vite compromise, il n’y a pas de doute quant à la visée du personnage. Nora est là pour faire réaliser à ses homologues qu’il existe une alternative, une lueur d’espoir qu’elles n’avaient jamais pensé à chercher.

Lors d’une scène particulièrement intéressante, deux jeunes employées se disputent le traitement d’un papier, afin de chacune s’octroyer la gratitude des hommes de la rédaction. Arrive alors Nora, déclarant d’un air mi-lassé mi-tranchant : “It’s like you guys are fighting about the lower bunk bed in jail” (“C’est comme si vous vous battiez pour avoir le lit du bas en prison”). Une réplique qui fait mouche, mais surtout une métaphore indubitablement justifiée. Il est difficile pour ces femmes des années 1960 d’envisager autre chose que ce qu’elles ont toujours connu.

Au-delà de son côté romancé, inhérent à son format de fiction, Good Girls Revolt est inspirée d’une histoire vraie, telle qu’elle est contée dans l’ouvrage éponyme de Lynn Povich. Cette dernière, journaliste multi-récompensée, a fait partie en 1970 des 46 femmes ayant poursuivi en justice leur employeur Newsweek pour discrimination sexiste. Une période charnière pour l’émancipation féminine, dont ce pilote en demi-teinte semble poser les bases.

S’étalant sur une cinquantaine de minutes, cet épisode de lancement est desservi par un cruel souci de rythme. Des pics de tension, en particulier une scène de confrontation presque jouissive, parviennent cela dit à capter notre attention. Les actrices principales sont convaincantes juste ce qu’il faut, avec une mention spéciale pour la méconnue Erin Darke. Celle-ci prête ses traits à Cindy, l’ingénue malheureuse dans son couple et avide de changement. Son jeu tout en nuance vient contrebalancer le personnage de Patti, pour le moment confiné dans le stéréotype de l’héroïne effrontée.

La presse US s’est fait un malin plaisir de qualifier la série d’un fac-similé de Mad Men. Il est certain que les working women du News of the Week font pâle figure face à Don Draper et son paquet de Marlboro. Seulement, si l’on parvient à abandonner tout esprit de comparaison, ce nouveau show s’en tire avec les honneurs. D’ailleurs, on note davantage de points communs avec la regrettée Pan Am, une série très sixties sur des hôtesses de l’air qui a fait connaître une certaine Margot Robbie.

N’est pas Mad Men qui veut, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien à garder. Ce pilote est une peinture édulcorée du sexisme dans les années 1960. Il met en scène des femmes qui bouillonnent, parfois au bord de l’implosion. Même s’il y a une volonté d’oser et de sortir du lot, Good Girls Revolt est au bout du compte cette rébellion divertissante, à défaut d’être elle-même révolutionnaire.