La mini-série choc Chernobyl en 5 moments cultes

La mini-série choc Chernobyl en 5 moments cultes

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Par Adrien Delage

Publié le , modifié le

On vous donne cinq raisons de (re)voir absolument la mini-série bluffante et pédagogique de HBO.

#1. L’accident du 26 avril 1986

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Le premier épisode de Chernobyl est une reconstitution quasiment heure par heure des conséquences directes de l’explosion du réacteur de la centrale Lénine. On assiste à l’impuissance des secouristes, pompiers et mêmes ingénieurs soviétiques, face à une catastrophe dont ils ignorent encore la dangerosité et sa longévité. Deux facteurs qui mèneront plus tard à la création de la zone d’exclusion, un no man’s land où la terre et tout ce qui l’entoure sont hautement contaminés par les radiations. Mais sur le moment, les habitants de Prypiat et Tchernobyl pensent simplement avoir affaire à un feu industriel, sans conséquence réelle sur leur quotidien ou même leur espérance de vie.

L’ignorance du peuple soviétique à l’égard de cette explosion nucléaire est exprimée dans une scène sublime mais glaçante de l’épisode : le pont de Prypiat. On y voit les familles et leurs enfants assister avec béatitude au spectacle de la colonne de flamme qui s’élève de la centrale Lénine, pourtant grandement irradiée et en train de les contaminer avec des retombées radioactives. Ces fines particules, qu’ils confondent avec de la neige, auront pourtant raison de ces innocents spectateurs aujourd’hui tous morts. En Ukraine, cet endroit est devenu une légende et porte désormais le nom tristement célèbre de “pont de la mort”.

#2. Les plongeurs

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La catastrophe de Tchernobyl est particulièrement terrifiante par son effet boule de neige : après avoir réglé une urgence sanitaire ou biologique, dix autres venaient s’ajouter à la liste. Aussi, après avoir stoppé l’incendie, Legassov et les scientifiques soviétiques ont été confrontés à l’éventualité d’une explosion thermonucléaire capable de raser une partie de l’Europe de l’Est et la rendre inhabitable pendant des milliers d’années. Pour stopper ce cataclysme, Legassov, Chtcherbina et le gouvernement soviétique prennent la décision de sacrifier trois hommes dans un acte désespéré afin de vider l’eau du réacteur.

La séquence, qui survient dans les épisodes 2 et 3, est très oppressante. Elle convoque le talent du réalisateur Johan Renck et du compositeur Hildur Guðnadóttir. Le premier met en scène la progression angoissante des trois plongeurs à la façon d’un film d’horreur, où l’ennemi est invisible mais bien présent. Les équipes de sound design ont fait un travail minutieux pour qu’on entende la respiration haletante des trois hommes, combinée à la pression du danger qui monte au fil de leur progression via les grésillements stridents de leur dosimètre.

Le fameux noir de Tchernobyl, raconté dans les témoignages des victimes avec la disparition de l’électricité et le désespoir après la catastrophe, est parfaitement retransmis à l’écran. Un coup de maître pour raconter le périple de ces trois héros de l’ombre, qui ont finalement survécu grâce à… l’eau contaminée, qui a servi d’aimant à radiations et leur a évité d’en recevoir des doses mortelles sur le moment.

#3. Le nettoyage du toit

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Pour beaucoup de spectateurs, c’est la scène clé, bouleversante, emblématique de Chernobyl. Dans l’épisode 4, alors que la décontamination de la zone d’exclusion a commencé, Legassov doit encore affronter un défi de taille pour espérer construire le sarcophage autour du cœur du réacteur : les débris de graphite, hautement irradiés, qui sont allés se loger sur les toits de la centrale avec l’explosion et font de ces trois zones les plus mortelles de la planète. Plus de 3 500 liquidateurs vont alors se relayer pendant plusieurs jours afin de balayer Masha et ses millions de doses concentrées, qui viennent même à bout des machines lunaires et autres robots allemands à la pointe de la technologie.

Pour tourner cette scène, le réalisateur Johan Renck joue la carte de l’ultraréalisme avec un plan-séquence mémorable : les liquidateurs ont exactement 90 secondes pour entrer sur le toit, ramasser les bouts de graphite qu’ils peuvent et les jeter dans le cœur du réacteur en fusion. Il filme donc précisément pendant 1 minute et 30 secondes la course contre-la-montre de ces nettoyeurs courageux, “les 90 secondes les plus importantes de leur vie” comme le souligne leur superviseur. Avec sa lumière aveuglante et sa musique crispante, le plan-séquence est encore une fois une prouesse de mise en scène, une fulgurance de plus dans cette mini-série décidément essentielle mais aussi artistiquement exemplaire et bluffante.

#4. Les liquidateurs

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Il n’y a pas eu que des rôles glorieux pour stopper la propagation des radiations, et l’épisode 4 de Chernobyl le résume avec beaucoup d’émotions. Certains liquidateurs dépêchés dans la zone d’exclusion portaient tristement bien leur nom quand il a fallu tuer et enterrer tous les animaux, sauvages ou domestiques, potentiellement contaminés par les retombées radioactives. Ces scènes très dures à regarder, mais qui évitent de tomber dans une violence gratuite, sont symboliques des sacrifices nécessaires pour protéger la population à l’échelle européenne.

Comme expliqué dans les dialogues des chasseurs, ils sont envoyés pour faire une guerre à un ennemi invisible. C’est pourquoi ils considèrent leur battue comme un acte criminel, qui reviendrait à tuer un être humain. Les Soviétiques étaient très proches de leurs animaux domestiques, comme vient aussi nous le rappeler la scène de la vieille dame et sa vache. Après les guerres staliniennes, les nazis et les famines tragiques des décennies précédentes, certains habitants refusaient d’abdiquer ou d’abandonner encore une fois leur maison malgré le danger encouru. Ainsi, quelques historiens ont souligné le travail de mémoire exemplaire de Chernobyl, dont la chasse aux chiens qui fut longtemps un sujet tabou en Europe de l’Est.

#5. Le procès

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Le procès final contre Diatlov, Fomin et Bryukhanov est l’une des scènes les plus controversées de Chernobyl pour une raison simple. Elle est partiellement fictive, car Legassov n’y a en réalité jamais participé. Toutefois, l’URSS a bien organisé un faux procès pour préserver leur secret industriel et offrir le nom de trois coupables au reste du monde. Par ailleurs, les flash-back et le témoignage de Legassov n’ont pas une portée historique dans la mini-série, mais bien pédagogique, afin d’expliquer aux spectateurs à travers une vulgarisation scientifique comment un réacteur RBMK a pu exploser et conduire à la catastrophe de Tchernobyl.

Les scènes en question, extrêmement bien écrites, mettent en évidence les défaillances à la fois humaines et mécaniques du gouvernement soviétique. Le devoir de vérité que Legassov choisit finalement de poursuivre, malgré les risques encourus contre sa carrière et sa vie, est vrai puisqu’une partie des scientifiques présents pour gérer la catastrophe nucléaire ont été emprisonnés ou placés sous silence par le KGB. Le personnage fictif d’Ulana Khomyuk, incarné par Emily Watson et créé spécialement pour le show, leur rend d’ailleurs hommage pour souligner leur combat contre les “mensonges” évoqués par Legassov à la fin du procès et qui, plus qu’une explosion nucléaire, ont bien failli réduire à néant la vie sur le Vieux Continent.

À l’occasion des 35 ans de la catastrophe nucléaire, la mini-série Chernobyl est rediffusée sur M6 les jeudis 27 mai et 3 juin. Les épisodes seront suivis des documentaires La Bataille de Tchernobyl de Thomas Johnson et Retour à Tchernobyl de Ben Fogle. En France, la mini-série est également disponible en intégralité sur OCS à la demande.