Une pluie de météorites, de la télékinésie et un long coma. Sans prendre trop de risques, Beyond a un petit goût de déjà-vu et rappelle un certain monsieur sans nombril.
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Que se passe-t-il dans la tête d’un individu plongé dans un coma longue durée ? Voilà sans doute la question que se pose la dernière série en date de Freeform, la chaîne à qui l’on doit Pretty Little Liars et Shadowhunters, entre autres. Comment ça, ce n’est pas un gage de qualité ? Avec son côté surnaturel tout ce qu’il y a de plus mystérieux, Beyond espère probablement marcher dans les pas du carton estival de 2016, j’ai nommé l’incontournable Stranger Things. Un pari audacieux, qui sent tout de même légèrement le pétard mouillé.
Après un incident carrément étrange (impliquant des objets qui lévitent et des flashs de lumière façon invasion alien) dans la forêt, un sale gosse se réveille d’un coma… ayant duré douze ans. Holden, c’est son prénom, va donc devoir rattraper le temps perdu. À commencer par prendre conscience qu’un Apple Store n’est pas un magasin spécialisé dans la vente de pommes, par exemple. Tandis qu’il est en pleine session shopping avec son bro, Holden va faire la rencontre d’une belle inconnue qui le met en garde : “Tu es en danger, ne fais confiance à personne.” Weird.
Plus tard, alors qu’il sort d’un bar avec son meilleur ami d’enfance, Holden tombe nez à nez avec des hommes tout de noir vêtus qui ne semblent pas lui vouloir beaucoup de bien. De fil en aiguille, un des types pointe son flingue sur la tempe de son BFF, tandis qu’un autre (ressemblant étrangement à Nicolas Cage, croyez-le ou non) veut pousser notre héros à utiliser ses pouvoirs. Tant de pression va mettre notre héros en rage, à tel point qu’une onde sonique (si on peut appeler ça ainsi) envoie valser tous ses potentiels ennemis.
Alors que ces derniers sont prêts à contre-attaquer, Holden est secouru par Willa, la donzelle du H&M rencontrée un peu plus tôt. Ni une ni deux, il grimpe dans sa bagnole et prend la fuite (laissant derrière lui son meilleur pote, prouvant que la loyauté amicale a bel et bien ses limites). Willa lui fait alors comprendre qu’ils se connaissent très bien, étant donné qu’ils se sont fréquentés pendant ses longues années de coma. Say what, girl ?
À l’issue de cet épisode introductif, on n’en sait pas davantage. On peut au moins accorder à Beyond sa volonté d’instiller suffisamment de mystère pour donner envie de revenir en deuxième semaine. Malgré tout, la dernière fiction fantastique de Freeform pèche sur d’autres points : le traitement des personnages en haut de la liste. Holden est un protagoniste déconcertant de mollesse, dont les expressions faciales peuvent s’apparenter à celles de Kristen Stewart dans Twilight (pour donner une petite idée).
Alors oui, il a passé une douzaine d’années dans un sommeil profond, donc on peut concevoir qu’un retour à la normale aussi abrupt puisse être déstabilisant. Le jeune homme pourrait tout de même s’estimer heureux d’être sorti de son coma et de pouvoir enfin vivre. Peut-être qu’il s’ouvrira davantage par la suite, who knows. Néanmoins, on peut envier l’innocence d’Holden sur bien des aspects. Après tout, grâce à son coma prolongé, il aura évité le Harlem shake, “Gangnam Style” et les photos gênantes des Skyblogs. Résultat des courses, il ne s’en tire pas plus mal que ça, le bougre.
Les multiples personnages qui l’entourent sont pour le moment trop unidimensionnels et manquent cruellement de profondeur. Sur le plan du casting, pas de doute, on est bien sur la même chaîne que Pretty Little Liars. Les gens sont beaux, bien sapés et ont les pores parfaits pour une pub Neutrogena. Le nouveau venu Burkely Duffield, qui campe ici le héros du show, semble tout droit sorti d’une couverture de GQ. Car oui, dans son coma, Holden a vraisemblablement eu le temps d’aller pousser de la fonte et a conservé une forme olympique, biceps dessinés à l’appui.
Surfant sur une vague nostalgique en prenant des airs de Super 8 et Stranger Things, Beyond apparaît comme un Dead Zone version ado. Adapté d’un roman de SF estampillé Stephen King, cette vieille série de la trilogie du samedi sur M6 utilisait le même postulat de base. Beyond reprend certains poncifs du genre et y ajoute une innocence qui rappelle irrémédiablement une autre série des années 2000, Kyle XY. Somme toute, rien de nouveau sous le soleil.
Avec l’arrêt imminent de son seul véritable hit (les petites cachottières de PLL), Freeform ne touchera sans doute pas le pactole avec Beyond. Cependant, ce pilote n’est pas exempt de qualités. En dépit d’un usage excessif du slow motion, les scènes d’action sont bien réalisées et paraissent dignes d’un blockbuster estival d’un point de vue qualitatif. On compte également une flopée de plans travaillés et une esthétique louable, particulièrement lors des premières scènes de l’épisode. Beyond a beau être une série prudente qui ne bousculera probablement pas le genre, elle reste plaisante et, avec seulement dix épisodes, parfaite pour un dimanche de binge-watching.