Les mains pour voir, l’émouvant projet de Yoshiko Murakami sur les personnes aveugles

Les mains pour voir, l’émouvant projet de Yoshiko Murakami sur les personnes aveugles

L’artiste Yoshiko Murakami s’est intéressée à la perception du réel par les personnes malvoyantes. Des images fortes et pleines de sensibilité. 

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À l’occasion de la Journée internationale du braille, nous avons voulu mettre en avant le travail de Yoshiko Murakami, auteure d’une série touchante qui aborde la thématique de la cécité. Peu souvent explorée dans le domaine de la photographie, la perception des personnes malvoyantes est pourtant un sujet passionnant, comme en témoigne l’ouvrage The Blind Photographer sorti récemment.

À travers sa série intitulée Les mains pour voirYoshiko Murakami nous plonge au cœur d’un monde où la vue n’existe plus. Dans les années 1990, l’artiste, encore étudiante à l’ENSAD, a suivi plusieurs aveugles en Île-de-France grâce à l’association Les Tréteaux volants. Elle a tenté de capturer la découverte de la nature par des personnes malvoyantes durant une promenade. Une manière de s’intéresser à l’autre et de découvrir son mode de vie, son quotidien et son rapport à ce qui l’entoure. L’artiste témoigne alors :

“Sans la vue, il est nécessaire de faire appel à tous les autres sens pour connaître les limites de son environnement : toucher, sentir, écouter… Et je suis convaincue que le toucher remplace davantage la vue. Dans le monde non visuel, le noir n’est pas synonyme de néant, mais c’est une existence en volume. Ainsi, les aveugles voient autrement.

Ils ont leur propre vision de la perception qui ne dépend pas de la vue… mais quelle vision ? Là, il reste toujours un mystère pour les voyants. Cependant le monde non visuel existe en même temps et dans le même espace que celui du visuel. Deux mondes sont superposés, mais ils ne se croisent pas. Ils sont toujours en parallèle.”

Des images particulièrement esthétiques, aux cadrages audacieux et à la lumière savamment maîtrisée, qui ont permis à l’artiste de décrocher le prestigieux prix HSBC en 1999. Une série chaleureuse empreinte de pudeur et de sensibilité, qui donne à voir l’humain dans toute sa splendeur.