En 1948, Walter Chandoha a 28 ans. En plus de son amour grandissant pour la photo qui occupe tout son temps libre, le jeune homme vient de reprendre des études de marketing à la New York University. Un soir d’hiver, alors qu’il rentre de cours, sa passion pour l’image va connaître un tournant décisif grâce à une rencontre inattendue avec “un chaton qui grelottait dans la neige”, tel que le rapporte le photographe dans un livre dédié à sa carrière longue de 75 ans, Cats.
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Après avoir recueilli et adopté le chaton, le jeune homme a commencé à le photographier sous toutes ses coutures. Son épouse, Maria Chandoha, et lui furent tellement satisfaits du résultat qu’ils cherchèrent toujours plus de chats à photographier dans des refuges, dans les rues ou même dans les expos félines.
Une séance photo entre le photographe et son sujet dans le studio maison à Long Island, en 1955. (© Walter Chandoha/Taschen)
Un artiste à “l’instinct animal”
Fasciné par ces animaux domestiques, le couple n’a alors plus cessé de vivre et de travailler avec eux. Jusqu’à la mort de Walter, au début de l’année 2019, les Chandoha ont vécu avec des douzaines de chats et immortalisé des centaines d’entre eux.
Susan Michals, autrice d’un récit à l’intérieur de l’ouvrage publié aux éditions Taschen, s’épanche sur l’“instinct animal” du photographe qui lui permet de capter des moments plus farfelus les uns que les autres. Cet instinct facilitant les images prises sur le vif ne porte cependant pas préjudice à l’aspect technique de la photographie, qu’il chérit autant que les chats.
Le fougueux Loco — un chat de gouttière “bleu russe” que Walter Chandoha a trouvé dans une rue enneigée de New York – a lancé la carrière du photographe. Astoria, New York, 1951. (© Walter Chandoha/Taschen)
Si ses images sont si connues, c’est aussi pour leur lumière, savamment conçue grâce à six projecteurs différents, “deux en arrière-plan pour avoir des couleurs brillantes ; deux derrière pour éclairer le bord des têtes, des oreilles et des côtés des chats ; et deux lumières, très importantes, sur le devant : une principale, et une autre, plus naturelle, permettant de réduire les ombres”, permettant d’ajouter une dimension dramatique à ses portraits de chats.
Plus d’un demi-siècle avant l’assaut des #CatsOfInstagram, le photographe américain mettait déjà en scène les modèles préférés des internautes, les prenant sur le vif, en couleur ou en noir et blanc, seuls, en groupe ou aux côtés d’humains. S’il est parfois tentant de voir Walter Chandoha comme l’équivalent, pro-félin, d’une Anne Geddes, ses images ont tout de même pu inspirer les plus grands, à l’instar d’Andy Warhol qui aurait puisé dans certaines de ses images pour son livre d’illustration de chats.
Des passants observent la vitrine de l’animalerie “Les Félins fabuleux”, à New York, en 1961. (© Walter Chandoha/Taschen)
Ce groupe de chats à l’air inquiétant est un des travaux les plus connus du photographe, justement appelé “La Mafia”. New Jersey, 1961. (© Walter Chandoha/Taschen)
“Ma fille Paula et le chaton ont tous les deux ‘souri’ à l’appareil au même moment… mais le chat ne sourit pas réellement, il miaule”, Walter Chandoha. “Paula et le chaton” (1955) est un des clichés les plus reconnus de Walter Chandoha, et sans doute une de ses photos au timing le plus parfait. (© Walter Chandoha/Taschen)
Il n’était pas rare de croiser de nombreux chats dans les rues new-yorkaises ; les tranches de vie candides de Chandoha immortalisent parfaitement les nuances de ces petites créatures qui coexistent avec l’histoire de cette vie urbaine. New York, 1950. (© Walter Chandoha/Taschen)
Couverture de “Cats” de Walter Chandoha, publié aux éditions Taschen.