“Utérus doigt d’honneur” et “vagin ailé” : les œuvres intrigantes d’Annette Messager

“Utérus doigt d’honneur” et “vagin ailé” : les œuvres intrigantes d’Annette Messager

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© Annette Messager/Atelier Annette Messager/Courtesy Marian Goodman Gallery/Adagp, Paris, 2022

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le , modifié le

Annette Messager réalise des installations monumentales qui brouillent les frontières entre réalité et fiction.

Une vaste exposition consacrée au travail de la plasticienne Annette Messager est visible jusqu’au 21 août 2022 au LaM de Villeneuve-d’Ascq, avec plusieurs dessins et installations inédits où l’artiste brouille les frontières entre réalité et fiction. Sur le mur qui ouvre l’exposition, intitulée “Comme si” et organisée comme une “chorégraphie”, les mots écrits en fils noirs “tragédie-comédie”, “tentation” cohabitent avec “ghost” et “apparition”. La voix de l’artiste répète en boucle “comme si…”.

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Plus loin, l’installation Daily fait basculer le public dans un monde imaginaire, avec d’énormes objets du quotidien – cintre, ciseaux, peigne, etc. – suspendus aux côtés de fragments de corps humains. “Le fantastique est dans le quotidien”, commente la commissaire de l’exposition, Marie-Amélie Senot, qui y voit aussi l’attachement “trop grand” à des objets “qui finissent par nous posséder”.

Un espace similaire à un “cabinet de curiosités” a été recouvert d’un papier peint composé d’utérus multicolores ; il a été créé à l’origine pour l’atelier Balthus en 2017, lors d’une exposition à la villa Médicis à Rome. Dans ce cabinet, figure un abécédaire d’injures à destination de la gent masculine : “brute”, “débile”, “idiot”…

Avec Faire des Cartes de France – œuvre emblématique de la collection du LaM –, notre pays est représenté par des fragments de peluches d’enfants et des yeux d’animaux pour les grandes villes du pays. L’installation a été complétée avec un grand dessin formant la phrase “ne me touchez pas”, qui évoque les mesures de distanciation physique liées au Covid-19.

Dans une autre salle dédiée aux moyens de lutter contre la mort, on tombe sur sa série Tête à Tête, composée de 77 dessins à l’acrylique positionnés en damier et réalisée après une intervention chirurgicale liée à un cancer du sein. Ici, l’artiste transforme crânes et squelettes : ils s’embrassent, s’accouplent, ils accouchent… comme un pied de nez à la mort.

En fin de parcours d’exposition, l’installation La Revanche des animaux montre une ville calcinée en carton et en mousse recouverte d’un papier noir mat, mais “avec de l’espoir” représenté “par ces têtes de peluches colorées qui dominent” la cité.

Konbini arts avec AFP.