Il n’y a pas si longtemps, dans le village slovène de Sela pri Kamniku, on pouvait se retrouver nez à nez avec une statue à l’apparence familière. Officieuse et boisée, la figure érigée partageait de nombreux points communs avec Donald Trump et faisait écho à une étrange œuvre à l’effigie de sa femme, Melania Trump, érigée à Sevnica, le village qui l’a vue naître.
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Cette statue politique, appelée ironiquement Statue of Liberty par son créateur, qui s’oppose au rapprochement avec Trump, n’est plus. Le 9 janvier, avant que le jour se lève, des vandales ont mis le feu à la structure en bois de 7 mètres de haut, la réduisant partiellement en cendres. Deux jours plus tard, une autre tentative a échoué. Depuis décembre 2019, la statue avait été déplacée “en lieu sûr” dans le village voisin de Moravče, par le maire Milan Balažic.
Ce dernier a juré que les malfaiteurs ne s’en sortiraient pas comme ça. Il a déclaré qu’elle serait remplacée par une œuvre en pierre, pour éviter de futurs débordements pyromanes et prôner un message de tolérance indéfectible envers l’art. Balažic a confié au média slovène MMC, lors d’une conférence de presse :
“L’auteur de la sculpture a répété de nombreuses fois que cette ‘Statue of Liberty’ était un symbole de paix et de liberté. L’attaque d’aujourd’hui par des pyromanes est une manifestation de la culture politique slovène et de l’intolérance envers les projets artistiques dans notre société. […] Au Moyen Âge, on brûlait les sorcières, les nazis brûlaient des livres, mais aujourd’hui, nous sommes allés si loin que certains se mettent à brûler des statues.”
Cette sculpture était l’œuvre d’un certain Tomaž Schlegl, un artiste local, et n’avait pas fait l’unanimité lors de son installation en août 2019. Dès sa mise en place, un villageois avait tenté de la détruire avec un tracteur. La statue controversée représentait un homme blond levant son bras droit avec fermeté, vers le ciel, comme la statue de la Liberté. À défaut de tenir une torche, il levait un poing serré. L’installation était cinétique et pouvait créer deux expressions (en colère ou neutre) afin de rendre compte des “deux seules réactions des politicien·ne·s populistes”.
Derrière la création de cette œuvre folklorique pour le moins menaçante, l’envie de Schlegl était de créer une attraction touristique dans son village, et d’animer un débat autour des grand·e·s politicien·ne·s de notre monde qui pensaient être en droit de s’exprimer au nom de tou·te·s. Ses cheveux, sa corpulence, son expression faciale et la couleur de sa peau ont fait que, très rapidement, la sculpture a été renommée officieusement “la statue de Donald Trump” par les habitant·e·s du village. À Artnet News, l’auteur de la sculpture insiste : ce n’est pas Donald Trump, même si cela y ressemble.
“C’est la ‘Statue of Liberty’. Si c’est gens l’interprètent comme étant Donald Trump, s’ils le voient, c’est leur choix. Trump est la personnification de la liberté totale car il a montré qu’il pouvait faire et dire ce qu’il voulait en toute impunité.”
En tout cas, peu importe les interprétations qu’on en fait, il semble plus évident que les pyromanes en avaient après Trump et ne voulaient plus voir une statue lui ressemblant dans leur village.