Une marque fait scandale pour son shooting dans un mémorial de la Shoah

Une marque fait scandale pour son shooting dans un mémorial de la Shoah

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© Max Letek via Unsplash

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Une affaire loin d’être un cas isolé au sein des lieux de mémoire.

En 2017, un monument commémorant les six millions de personnes juives tuées lors de la Seconde Guerre mondiale était inauguré à Ottawa. Le lieu de mémoire en béton représente une “version abstraite de l’étoile de David”, décrit PetaPixel, et ameute depuis cinq ans des touristes qui semblent parfois plus attiré·e·s par son style épuré que par sa nature mémorielle.

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S’il n’existe aucune interdiction tacite quant à la prise de photos au sein du mémorial, il semble que certaines captures d’images souvenirs virent au photoshoot quasi pro et dépassent parfois les limites de la bienséance. Sur Instagram, en plus de clichés souvenirs, on retrouve des photos plus ou moins artistiques jouant avec l’architecture et les jeux d’ombre qui la frappent, ainsi que des personnes posant comme devant une plage paradisiaque ou un bar à la mode.

“Une erreur honnête et immature”

Récemment, c’est une marque de vêtements qui a décidé de délocaliser sa campagne de maillots de bain au sein du mémorial. Les photos n’ont pas vraiment plu à la Fédération juive d’Ottawa, qui a regretté la “désacralisation” du lieu par la campagne. La marque en question, V Kentay, a rapidement supprimé sa campagne. Phoebe Genus, la cofondatrice la marque, a écrit :

“D’un point de vue créatif, la qualité artistique du lieu semblait coller parfaitement à ce que mon équipe et moi-même cherchions pour cette campagne. J’ai omis de prendre en considération les implications politiques ou émotionnelles que cette décision pouvait causer. J’offre mes excuses les plus sincères et je regrette vivement ce choix. J’ai fait une erreur honnête et immature en tant que jeune entrepreneuse.”

Un cas loin d’être isolé

Ce genre de polémiques n’est pas isolé. Pour preuve, l’existence de Yolocaust, un projet qui dénonce ce genre d’attitudes déplacées sur les lieux de mémoire. L’artiste Shahak Shapira réalise des photomontages qui transportent les touristes les plus désinvoltes à l’époque de la Shoah, afin de remettre en lumière la gravité du lieu visité.

La solution pour remédier à cela, pointe une survivante de la Shoah et habitante d’Ottawa à PetaPixel, résiderait dans le partage d’informations sur la Seconde Guerre mondiale et ses victimes, plutôt que dans le durcissement des règles de bienséance dans les lieux de mémoire. Un cours d’histoire plutôt qu’un cours d’Instagram, en somme.