Le Musée de l’Orangerie propose un volet insolite et peu connu de l’œuvre de René Magritte pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque le peintre belge a délaissé le surréalisme pour s’inspirer des sujets peints par Pierre-Auguste Renoir, au risque d’un certain kitsch.
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De 1941 à 1946, Magritte a connu sa “période Renoir” : une cinquantaine de tableaux, autant de gouaches et un nombre considérable de dessins, célébrant l’hédonisme et la sensualité retrouvée. L’exposition de l’Orangerie, “Le surréalisme en plein soleil”, met en regard une partie de ses toiles avec des chefs-d’œuvre du très populaire impressionniste : charmantes certes mais pas à leur niveau.
René Magritte, “La Préméditation”, 1943, huile sur toile, collection privée. (© Photothèque R. Magritte/ADAGP Images, Paris, 2021)
“Magritte respecte-t-il Renoir ou le détourne-t-il ?”, interroge le commissaire Didier Ottinger, qui voit une inspiration “pop” annonçant Andy Warhol ou Jeff Koons, et un degré d’ironie, comme dans son nu féminin multicolore de La Moisson reprenant un nu couché de Renoir.
Magritte, activiste de la cause antifasciste, se voit en prophète du bonheur quand le nazisme sera vaincu : “Le beau côté de la vie serait le domaine que j’explorerais. J’entends par là tout l’attirail traditionnel des choses charmantes, les femmes, les fleurs, les oiseaux, les arbres, l’atmosphère de bonheur. C’est un charme assez puissant qui remplace maintenant dans mes tableaux la poésie inquiétante que je m’étais évertué jadis à atteindre”, écrira Magritte à Paul Éluard en 1941.
René Magritte, “Alice au pays des merveilles”, 1946, huile sur toile, collection particulière. (© ADAGP, Paris, 2021)
Magritte juge même que sa “période Renoir” peut amener à une réforme du Surréalisme. Il adressera en 1946 son Manifeste pour un Surréalisme en plein soleil à André Breton, qui lui opposera une fin de non-recevoir.
“C’est la transgression absolue, car le surréalisme a toujours détesté l’impressionnisme”, souligne le commissaire Ottinger, spécialiste de la peinture moderne. Ce qui conduira Magritte à “liquider” la “période Renoir” avec une nouvelle inspiration provocatrice et cynique dès 1947, celle de sa “période vache”.
René Magritte, “La Leçon d’anatomie”, 1943, huile sur toile, collection privée. (© Photothèque R. Magritte/ADAGP Images, Paris, 2021)
René Magritte, “La Magie noire”, 1943, huile sur toile, collection privée. (© Vincent Everarts/ADAGP, Paris, 2021)
René Magritte, “La Moisson”, 1943, huile sur toile, collection privée. (© J. Geleyns – Art Photography/Musée Magritte, Bruxelles/ADAGP, Paris, 2021)
René Magritte, “Le Premier jour”, 1943, huile sur toile signée en haut à gauche “Magritte”, collection privée. (© Photothèque R. Magritte/ADAGP Images, Paris, 2021)
René Magritte, “Le Somnambule”, 1946, huile sur toile, collection privée. (© Photothèque R. Magritte/ADAGP Images, Paris, 2021)
“Le surréalisme en plein soleil”, une exposition à visiter au Musée de l’Orangerie à Paris, jusqu’au 19 juillet 2021.
Avec AFP.